Suite à l'installation tardive et l'arrêt précoce des pluies, la campagne agricole a enregistré des résultats globalement médiocres. Entre 20 et 30 pourcent des villages agricoles dans les zones agropastorales et pastorales des départements de Diffa, Tanout et Mirriah (le grenier à mil de Zinder), et Gouré n'ont rien récolté (Figure 1). Dans certains de ces villages plus de 30 pourcent des ménages entiers ont quitté en octobre en direction des centres urbains et des zones de cultures de décrue à la recherche de travail. La hausse de l'offre de main d'oeuvre a fait baisser le salaire journalier des ouvriers urbains. Sans assistance alimentaire dans les zones d'origine, un déplacement vers les zones urbaines s'intensifiera à partir de mars, contribuant ainsi à la dégradation de la sécurité alimentaire urbaine. L'assistance alimentaire en dessus du normal sera nécessaire afin de mitiger l'insécurité alimentaire dans ces zones.
Dans les villages de production nulle, la proportion des aliments achetés dans le régime alimentaire devrait s'accroître par plus de 50 pourcent, pendant que les prix du mil et du niébé, les denrées de base en céréale et légumineux, sont au dessus de la moyenne quinquennale et anormalement en hausse. Les trois sources principales de revenus des pauvres dans cette zone (la main d'oeuvre locale, la vente des cultures de rente, et la migration des bras valides vers les zones de surplus de production ou à l'étranger pour le travail/l'exode) sont fortement limitées cette année. La perte de production a fortement réduit la demande de main d'oeuvre locale dont dépendent les pauvres. La production des cultures de rente de décrue (niébé, maïs, riz) aussi bien qu'irriguées (poivron, ail, oignon, manioc) sera fortement en baisse dans ces zones par rapport à une année normale à cause d'un retrait précoce des eaux du Lac Tchad et de la Rivière Komadougou.
Plusieurs ménages pauvres de ces villages, prévoyant l'insuffisance de l'intensification de l'exode à résoudre la brèche alimentaire, ont quitté leurs zones d'origine pour les centres urbains pour se mettre en compétition avec les ménages urbains de la périphérie pour l'accès aux petits emplois. Comme résultat, le salaire journalier de la main d'oeuvre est en baisse. Depuis 2008 la valeur moyenne par jour de la main d'oeuvre était de 1000 FCFA, mais à partir d'octobre elle varie entre 750 et 850 FCFA pour les travaux de construction et la vente d'eau de robinet, les travaux les plus communs pour les pauvres en milieu urbain.
Dans la région de Diffa en particulier, presque 90 pour cent des villages ont perdu plus de 50 pourcent de leur production de mil et du sorgho. Les ménages pauvres restants intensifient le ramassage systématique des résidus agricoles, de la paille, et de bois de chauffe. Suite à la mauvaise saison, l'offre de ces produits est en baisse par rapport à la normale, et la demande est en hausse. Les prix, alors, sont généralement au moins le double de ceux de l'année passé à la même période. Ainsi, les revenus sont actuellement suffisants pour remplir les besoins alimentaires, mais seront fortement en baisse à partir de janvier/février lorsque la matière sera épuisée. L'exploitation intense de l'environnement favorise aussi la création des dunes de sable et la dégradation des terres cultivables à la longue terme.
L'enquête de vulnérabilité menée par le Système d'Alerte Précoce et ses partenaires en décembre améliorera l'identification et la quantification des personnes en insécurité alimentaire à partir de janvier 2010. Les besoins d'assistance alimentaire et non?alimentaire sont alors importants et urgents pour améliorer la sécurité alimentaire des zones de départ jusqu'aux prochaines récoltes en septembre 2010 et dans les zones d'accueil jusqu'à leur retour en mai/juin 2010.