Préface
Le Niger fait face à des besoins humanitaires grandissants, avec une situation sécuritaire qui se dégrade et entraine de plus en plus de déplacements forcés, la crise des prix alimentaires, des chocs climatiques récurrents, une dégradation rapide des terres agro-pastorales et une importante pression démographique. En 2022, 4,4 millions de personnes, soit près de 20% de la population, étaient en insécurité alimentaire sévère pendant la période de soudure – une situation sans précédent au Niger.
Malgré cela, le Niger continue à ouvrir ses portes avec générosité aux peuples des pays voisins qui viennent y chercher refuge ; et les populations autochtones vulnérables continuent d’accueillir les personnes déplacées – qu’il s’agisse des Nigériens déplacés internes ou de réfugiés/ demandeurs d’asile venus des pays voisins – partageant avec eux les ressources naturelles et les services sociaux, et les accueillant même souvent sous leur toit.
Ce rapport se veut être un point de départ pour une réflexion collective afin d’arriver à des solutions durables pour mieux assister les populations déplacées, mais aussi les communautés hôtes qui les accueillent, dans un contexte où les ressources humanitaires et de développement et la solidarité communautaire sont de plus en plus insuffisants face aux besoins grandissants.
C’est pourquoi l’analyse présentée ici porte non seulement sur les réfugiés/ demandeurs d’asile et les déplacés internes, mais aussi sur les communautés hôtes qui les accueillent. Cette analyse est la plus récente et la plus exhaustive sur les conditions de vie et la sécurité alimentaire des populations vivant dans les zones de déplacement au Niger notamment les régions de Tillabéri, Tahoua, Maradi et Diffa qui comptent un grand nombre de personnes déplacées.
Nous souhaitons en premier lieu remercier les plus de 4 700 ménages enquêtés à travers l’enquête de ménages et les 500 membres des communautés et informateurs clés interrogés lors des discussions de groupes et entretiens, dédiant ainsi leur temps précieux pour faire part de leurs préoccupations, leurs aspirations mais aussi leur détresse, à nos équipes. Nous remercions également les équipes de collecte de données, le personnel du PAM et du UNHCR, le gouvernement et tous les partenaires consultés au niveau central et déconcentré pour leur travail – souvent effectué dans des conditions difficiles.
Nous avons beaucoup apprécié l’étroite collaboration entre le PAM et UNHCR et l’équipe du Joint UNHCR-WFP Hub qui a fourni un soutien précieux à la coordination de la JAM, la collecte et l’analyse des données.
Nous espérons que ce rapport permettra d’aider le gouvernement du Niger et la communauté internationale à mieux comprendre les vulnérabilités et besoins des populations dans les zones touchées par les déplacements forcés.
Le rapport explique également comment les informations collectées à travers cette JAM ont permis de revoir le ciblage des ménages et la ration de l’assistance alimentaire d’urgence du PAM dans les zones de déplacement – afin de transitionner pleinement vers une assistance plus rigoureusement basée sur la vulnérabilité et les besoins et non sur le statut de déplacement. Enfin, le rapport propose des recommandations programmatiques, non seulement pour le UNHCR et le PAM mais aussi pour le Gouvernement du Niger et les autres acteurs humanitaires et de développement pour adresser ces besoins pressants. Ce rapport sera suivi d’un plan d’action conjoint PAM-UNHCR.
Emmanuel GIGNAC
Représentant Pays UNHCR Niger
Jean-Noël GENTILE
Directeur et Représentant Pays PAM Niger