NUMÉRO 16 | FÉVRIER 2016
David Zounmenou et Cheikh Dieng
Résumé
Les élections générales du 21 février représentent une étape importante vers la consolidation de la démocratie au Niger. Si celles de 2011 n’ont pas fait l’objet de tensions à grande échelle, les échéances de 2016 sont porteuses de plusieurs risques. Ceux-ci sont liés au contexte national fragilisé par des tensions entre les acteurs politiques sur les grands enjeux de ces élections et une recrudescence de la violence menée par le groupe terroriste Boko Haram. L’organisation d’élections apaisées et sécurisées dont les résultats seront acceptés par tous demeure ainsi le principal défi auquel les autorités de ce pays sont confrontées.
LE 21 FÉVRIER 2016, les Nigériens iront aux urnes pour élire le président de la République et renouveler leur Assemblée nationale. Ce processus intervient dans un contexte marqué par des tensions entre les acteurs politiques sur les grands enjeux de ces élections et une recrudescence de la violence menée par le groupe terroriste Boko Haram.
Depuis l’avènement de la démocratie au début des années 1990 avec notamment l’instauration du multipartisme et l’affirmation des libertés publiques, le paysage politique nigérien a connu des tensions politiques qui ont parfois conduit à des interruptions du processus démocratique. À titre d’illustration, la crise née de la première cohabitation entre le président Mahamane Ousmane et son Premier ministre Hama Amadou en 1994 a favorisé le premier coup de force de l’ère démocratique en 1996. En 2007, l’insistance du président Mamadou Tandja à vouloir prolonger son règne à la fin de son second et dernier mandat à la tête de l’État a replongé le Niger dans une crise politique qui a débouché sur une deuxième intervention de l’armée.
Si le coup d’État de 2009 ainsi que la transition et les élections de 2010 qui ont suivi ont permis de relancer le processus de démocratisation, de grands défis subsistent quant à la consolidation des acquis.
Les élections de 2016 représentent donc une importante étape vers la consolidation de la démocratie. Elles sont aussi porteuses de risques au regard de la configuration du paysage politique national actuel et du contexte régional particulièrement fragile et volatile.
Le présent rapport propose une analyse des enjeux des élections de 2016. Basé sur des entretiens et des recherches de terrain menés à Niamey du 7 au 16 novembre 2015, il s’articule autour des points suivants : l’analyse des dynamiques politiques et des rapports de force à l’approche de la présidentielle couplée aux législatives ; l’état des lieux des dispositions normatives et institutionnelles mises en place ; les enjeux électoraux immédiats ainsi que les questions de sécurité et l’influence de l’armée au Niger ; enfin, tout en s’interrogeant sur le rôle des acteurs internationaux, les différents scénarios relatifs aux élections de février 2016