Malgré les récoltes attendues en octobre, l’insécurité alimentaire restera élevée pour de nombreux ménages pauvres et déplacés dans les zones de conflits.
Messages clés
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L’intensification des pluies à la deuxième décade de juillet a permis la généralisation des semis en zones Sahéliennes, le développement des cultures pour les semis déjà réalisés, la régénération des pâturages et une meilleure disponibilité des points d’eau d’abreuvement. Les fortes pluies de la mi-juillet ont occasionné des inondations au Niger et au Nigéria avec des dégâts importants sur les moyens d’existence, les infrastructures et entrainé des pertes en vies humaines. Le cumul saisonnier indique en juillet des précipitations supérieures à la moyenne sur une grande partie de la région, à l'exception de l’ouest du Sahel, du sud et du centre du Mali, et du sud et du sud-est du Nigeria. Les pluies modérées à fortes en fin juillet et dans la première décade d’Août devraient permettre le développement des cultures mais l’excès d'humidité pourrait ralentir les sarclages ou déclencher de nouvelles inondations dans les zones déjà saturées
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L’insécurité et les conflits armés dans le bassin du Lac Tchad, le nord-ouest et centre-nord du Nigéria, la région du Tibesti au Tchad et les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun et leur intensification dans la région du Liptako-Gourma, continuent d’entrainer des déplacements de populations. A la date du 30 Juin 2022, 2 641 477 personnes déplacées sont enregistrées dans le Sahel central et le Liptako-Gourma dont 73 pour cent au Burkina Faso et 5,595,800 autres dans le bassin du Lac Tchad dont 75 pour cent au Nigéria (IOM, juin 2022). Les moyens d’existence typiques, les activités en lien avec les marchés et le commerce, la transhumance ainsi que l’accès aux services sociaux de base et la délivrance de l’assistance humanitaires y sont fortement perturbées.
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Les prix des aliments de base sont restés nettement supérieurs à la moyenne en général dans un contexte de hausse des cours mondiaux des denrées et du carburant. Au Sahel, ces niveaux de prix sont d’abord dus à un épuisement précoce des stocks, suite à la chute de la production lors de la dernière campagne, aux besoins de reconstitution plus accrus, aux diverses restrictions nationales de sorties de céréales et à l’insécurité persistante, notamment dans le bassin du Lac Tchad et dans la région du Liptako-Gourma. Dans les pays Côtiers du Golfe de Guinée, les prix sont poussés principalement par la forte demande industrielle et à l’exportation, la dépréciation des monnaies nationales et la forte hausse des coûts d’importation. Les prix devraient ainsi rester supérieurs à la moyenne pendant toute la période de soudure.
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Avec les récoltes à partir d’octobre, la majorité des zones restera en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en janvier 2023 et Stress (Phase 2 de l’IPC) pour certaines. Toutefois, dans les régions de Diffa, le sud de Maradi au Niger et la région du Lac au Tchad affectées par l’insécurité civile, le Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) demeurera jusqu’en janvier 2023 grâce aux assistances alimentaires. La Crise (Phase 3 de l’IPC) qui affecte actuellement les provines du Yagha et du Séno au Burkina Faso, le Nord et l’ouest des régions de Tahoua at Tillabéri au Niger, les états de Borno, Yobé, Adamawa, Sokoto, Zamfara, Katsina, Niger et Kaduna au Nigéria, et le nord et l’ouest des régions du Nord-ouest et Sud-ouest au Cameroun persistera jusqu’en janvier 2023 et concernera à partir de novembre toutes les deux régions du Cameroun précédemment citées.
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Dans plusieurs zones dont les provinces du Bam, Sanmatenga, Namentenga, Gnagna, Komondjari, Gourma, Yatenga, Lorum , Kossi et sourou au Burkina Faso, Les régions de Kanem, Bar el Gazel, Wadi Fira, l’ouest de Hadjer Lamis et l’Est de Batha au Tchad, le Nord et l’ouest de la région de l’Extrême Nord au Cameroun, l’Est de la région de Mopti et le sud de Tombouctou au Mali et localement dans des états du Nord du Nigéria qui sont également affectées par la Crise (Phase 3 de l’IPC), la situation alimentaire connaitra une légère amélioration à partir d’octobre grâce aux nouvelles récoltes, permettant aux ménages d’évoluer en Stress (Phase 2 de l’IPC. Dans les provinces du Soum (région du Sahel), de l’Oudalan et le nord des régions du Nord et Centre Nord au Burkina, le nord et l’ouest de Borno au Nigeria, l’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) qui est en cours du fait des conflits armés persistera jusqu’en janvier 2023 avec toutefois une baisse de la sévérité à la Crise (Phase 3 de l’IPC) dans l’ouest et une partie du nord de Borno.
PERSPECTIVES PAR PAYS
Burkina Faso
- La persistance des attaques, des menaces et le contrôle des axes d’approvisionnement par les groupes armés militants affectent négativement les avoirs des ménages et leur accès alimentaire dans les zones plus touchées par l’insécurité. Dans la province de l’Oudalan en particulier, l’enquête réalisée par FEWS NET courant mai-juin, révèle que l’adoption de stratégies extrêmes sur les moyens d’existence touche 60 pour cent et 75 pour cent des ménages hôtes et des PDIs respectivement, les exposant ainsi à l’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Il est probable qu’une situation similaire ou pire soit observée dans la province du Soum, sous blocus depuis le mois de février.
- Dans les autres provinces de la moitié nord du pays, l’insécurité continue d’augmenter le nombre de PDI fortement présents dans les centres urbains, de limiter les opportunités de revenu et d’entraver l’approvisionnement des marchés avec pour conséquence des niveaux atypiquement élevés des prix des denrées de base. Les ménages hôtes pauvres et les PDIs ont des écarts importants de consommation et sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).
- L’augmentation atypique des prix des denrées affecte l’ensemble du pays en raison de l’offre nettement en-dessous de la moyenne, d’une demande plus forte, des effets additionnels de la crise russo-ukrainienne sur les prix du blé et dérivé, de l’huile et des engrais et aussi des effets inflationnistes amplifiés par l’augmentation des prix dans les hydrocarbures et le transport. L’indice harmonisé des prix à la consommation a atteint un niveau record de 24, 5 pour cent en mai (INSD, IHPC) et les variations quinquennales des prix des céréales de base au mois de mai sont de 70 à 80 pour cent avec des niveaux doubles dans les zones sous blocus.
- Bien que les perspectives de prévision pluviométrique soient favorables dans le pays, l’augmentation continue du nombre de PDIs et l’accès réduit des ménages à leurs champs vont entrainer une baisse des superficies emblavées. De même, l’accès réduit des producteurs aux intrants en raison de la baisse dans les volumes subventionnés et des prix 40 à 50 pour cent plus élevés pourrait affecter négativement les rendements. Dans l’ensemble les productions attendues seraient en-dessous de la moyenne. Dans ce contexte associé aux effets persistants de la crise internationale, il est probable que les prix des denrées se maintiennent au-dessus de leurs moyennes saisonnières jusqu’en janvier 2023.
Cameroun
- Les perspectives économiques du Cameroun pour 2022 sont positives après avoir connu des améliorations économiques à partir de 2021 alors que le pays se remettait progressivement de l'impact socio-économique du COVID-19 en 2020. Cependant, la guerre russo-ukrainienne présente un revers à cette reprise en augmentant encore le niveau mondial déjà élevé prix des matières premières et de l'énergie. Dans l'ensemble, les prix des denrées alimentaires dans tout le pays ont augmenté de manière atypique depuis 2020 (figure 1) et étaient bien supérieurs à la moyenne quinquennale en juin 2022.
- Les ménages pauvres des régions de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont déjà vulnérables aux hausses de prix en raison du choc des conflits et de l'insécurité. La hausse supplémentaire des prix des produits alimentaires et non alimentaires de première nécessité diminue encore le pouvoir d'achat de ces ménages, dont la plupart dépendent actuellement des achats alimentaires sur le marché. Ces conditions, associées à des revenus inférieurs à la moyenne, produisent d'importants déficits de consommation alimentaire et obligent la plupart des ménages pauvres à augmenter les stratégies d'adaptation jusqu'aux niveaux et à la gravité de la crise (Phase 3 de l’IPC).
- Les résultats de la plupart des ménages pauvres à travers le pays devraient s'améliorer à mesure qu'ils consomment leur propre production, et gagnent revenus des ventes de récoltes et de la main-d'œuvre agricole à partir de juillet. Des prix élevés atypiques, de faibles revenus provenant de la vente de cultures et de bétail et des opportunités de travail réduites continueront probablement de limiter l'accès aux besoins alimentaires et non alimentaires pour les ménages pauvres dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest produisant des résultats de Stress (Phase 2 de l'IPC) de juillet à octobre. Les résultats de la crise (Phase 3 de l'IPC) devraient réapparaître à partir de novembre 2022 pour l'ensemble des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à mesure que les stocks alimentaires des ménages s'épuisent et que la dépendance au marché augmente dans un contexte de prix de base supérieurs à la moyenne et de faibles revenus. Pour les départements du Logone et Chari, du Mayo Sava et du Mayo Tsanaga touchés par l'insurrection, le niveau de zone en Stress (Phase 2 de l'IPC) émergera probablement en octobre 2022 et persistera jusqu'en janvier 2023.
Mali
- La campagne agricole 2022 à 2023 a démarré grâce à des pluies à la première décade de juin au Sud du pays. En dépit des prévisions des pluies normales à excédentaires selon NOAA, IRI, et PRESSAS, les difficultés d’accès aux intrants agricoles (engrais, semences) et l’insécurité entraineront probablement des récoltes en dessous de la moyenne. Les activités agricoles en cours constituent des opportunités moyennes de revenus et de nourritures pour les ménages pauvres en dehors des zones d’insécurité.
- L’impact des sanctions économiques de la CEDEAO et de la crise Ukrainienne continue d’affecter négativement l’économie globale du pays à travers la baisse du niveau des activités économiques, des flux commerciaux, et engendre une inflation sur les denrées alimentaire et non alimentaire. L’accès des ménages pauvres aux marchés est difficile en cette période de soudure à cause du niveau des prix très élevés par rapport à la moyenne quinquennale et des termes de l’échange bétail et céréales défavorables aux éleveurs dans un contexte de baisse globale de revenu liée aux séquelles des sanctions de la CEDEAO et de la crise Ukrainienne.
- La situation sécuritaire reste volatile et se détériore dans les régions de Ménaka et de Mopti avec la multiplication des incidents engendrant le déplacement des populations. La détérioration des moyens d´existences (perte d’emplois, vols/pillage de biens, etc.) qui en découlent accroit davantage l’exposition des ménages pauvres à l’insécurité alimentaire.
- L’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) en cours pour les ménages pauvres des zones d’insécurité du Nord, de la zone du Liptako Gourma, et beaucoup plus marquée dans la région de Ménaka à cause des difficultés d’accès aux vivres se poursuivra jusqu’en septembre 2022. Quant aux ménages pauvres des centres urbains, du Sahel Occidental et de la vallée du fleuve Niger, l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) en cours se poursuivra jusqu’en septembre 2022 à cause de la soudure précoce liée à l’épuisement prématuré des stocks et de la flambée des prix des denrées alimentaires qui limitent leur accès à l´alimentation.
Niger
- L’accès alimentaire reste un grand défi pour les ménages pauvres du pays à cause non seulement de l’insécurité civile qui perturbe fortement les moyens d’existence et aussi de la hausse de prix des produits alimentaires qui réduit le pourvoir d’achat des ménages.
- La campagne agricole de 2022/23 s’installe progressivement dans tout le pays et les semis sont déjà réalisés dans 51 pour cent des villages agricoles du pays au 20 juin 2022 contre 26 pour cent à la même période en 2021. Ce début de la campagne agricole offre des opportunités d’emplois locaux et de revenus moyens pour les ménages pauvres. Toutefois, les quantités de pluies enregistrées dans la zone pastorale du pays sont très faibles et ne permettent pas une amélioration des conditions des pâturages.
- La dépendance des ménages sur les marchés est précoce et s’accentue dans un contexte de réduction
de la disponibilité et de hausse significative des prix des denrées alimentaires. La dépendance précoce des marches fait suite à l’épuisement de stocks des ménages issues de la production agricole de l’année passée qui était inferieure à la moyenne. Aussi, les flux commerciaux sont inférieurs à la moyenne due aux mesures restrictives prises par certains pays et aux crises sécuritaires dans la sous-région et aggravée par la crise en Ukraine, ayant perturbé la chaîne d’approvisionnement des produits manufacturés et importés. - Malgré les besoins d’assistance alimentaire plus élevés que la moyenne, les plans de réponse restent faiblement exécutés à cause non seulement des restrictions sécuritaires limitant l’espace humanitaire mais aussi des préoccupations liées à la crise ukrainienne qui focalise l’attention des partenaires humanitaires.
Nigeria
- Les besoins d'assistance humanitaire au Nigéria devraient être anormalement élevés pendant la période de soudure de juin à septembre 2022, avec la plus forte concentration de besoins d'assistance dans le nord-est et le nord-ouest. Ces besoins élevés sont principalement dus à des conflits persistants, principalement dans le nord du Nigéria, et à des conditions macroéconomiques toujours médiocres. Des résultats d'urgence (phase 4 de l'IPC) sont attendus dans les zones inaccessibles du nord-est, et des résultats de crise généralisés (phase 3 de l'IPC) et de stress (phase 2 de l'IPC) dans une grande partie du nord jusqu'en septembre au moins. Alors que l'insécurité alimentaire aiguë devrait s'améliorer avec les récoltes d'octobre, des résultats de Crise (Phase 3 de l'IPC) sont attendus dans certaines des zones du nord les plus touchées par le conflit, où des besoins d'assistance exceptionnellement élevés sont probables.
- Dans l'ensemble, un nombre relativement inférieur d'événements de conflit ont été signalés dans le Nord-Est à la mi-2022. Alors que les niveaux inférieurs de conflit ont permis aux ménages déplacés de retourner dans leur région d'origine, ces ménages, ainsi que ceux qui continuent d'être déplacés, ont de faibles actifs et des difficultés à s'engager dans des activités de subsistance typiques en raison de la nature prolongée du conflit. De nombreux ménages s'engagent dans la saison agricole en cours, et même si l'engagement dans la saison devrait être supérieur à la moyenne, les ménages auront probablement encore des difficultés à semer à des niveaux d'avant le conflit en raison de la faiblesse des revenus et de l'érosion des actifs. En conséquence, une crise (Phase 3 de l'IPC) ou des résultats pires sont attendus dans ces régions du nord-est jusqu'en janvier 2023 au moins.
- Dans les États du Nord-Ouest et du Centre-Nord, le banditisme, les enlèvements et l'insécurité persistent à des niveaux élevés. Les ménages agricoles paient des droits pour accéder à leurs fermes, et ceux qui possèdent du bétail continuent de se faire piller. De plus, il y a des vols réguliers commis sur des communautés et des commerçants. Ces incidents limitent les activités économiques et agricoles dans les États de Sokoto, Zamfara, Kaduna, Katsina, Benue et Niger. Le coût élevé des intrants agricoles limite davantage la main-d'œuvre et l'engagement dans la saison agricole en cours. Dans les zones les plus touchées par le conflit, les résultats de la Crise (Phase 3 de l'IPC) sont probables jusqu'en janvier 2023 au moins en raison de la faible production agricole et du pouvoir d'achat.
- Les prix des denrées alimentaires restent nettement supérieurs à la moyenne et à l'année dernière en raison de mauvaises conditions macroéconomiques, des coûts élevés du carburant, d'une demande du marché supérieure à la moyenne et des prix alimentaires mondiaux élevés. L'inflation annuelle reste élevée, à 17,71 % en mai, tandis que le NGN continue de se déprécier. De plus, les pénuries de carburant et les coûts élevés du carburant font grimper les coûts de transport. Les prix des denrées alimentaires devraient continuer d'augmenter jusqu'au début des récoltes en septembre. Au début de la récolte, les prix des denrées alimentaires devraient quelque peu baisser à mesure que la demande du marché diminue ; cependant, en raison des mauvaises conditions macroéconomiques et des prix mondiaux élevés du carburant et des denrées alimentaires, les prix des denrées alimentaires au Nigeria devraient rester bien au-dessus de la moyenne.
Tchad
- L’installation de la saison en avril a été suivie de séquences sèches, ainsi que d’une apparition des chenilles légionnaires. Les perspectives pour une bonne pluviométrie rassurent d’une production autour de la moyenne pour la principale campagne.
- Après des conflits au Tibesti fin mai, de nouveaux foyers de tensions sont signalés en zone soudanienne opposant agriculteurs et éleveurs, ce qui retarde la remontée des transhumants vers les zones d’attache au Sahel. Les pasteurs profitent de la disponibilité des pâturages pour compenser les pertes d’embonpoint dues à la soudure pastorale atypique de mars à juin.
- L’offre en produits alimentaires est inférieure à une année normale à cause de la baisse de production 2021/22, les baisses de volumes des flux. L’épuisements précoces de stocks des ménages et la faible offre en produits importés ont provoqué une pression atypique sur les marchés céréaliers. Les prix du mil et du maïs affichent des hausses allant de 46 à 68 pour cent comparées à la moyenne quinquennale.
- En plus de la hausse atypique des prix, les faibles revenus des ménages du BEG et du Kanem limitent leurs accès aux marchés, entrainant les ménages dans des déficits de consommation. Ils sont en Crise (Phase 3 de l’IPC). Malgré les baisses de l’assistance alimentaire, les déplacées et ménages hôtes du Lac sont en Stress ! (Phase 2! de l’IPC) ainsi que les ménages des autre province, à l’exception du Sila, Salamat et une partie de la zone soudanienne qui seraient en insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC).
Pays suivis à distance[1]
Mauritanie
- Le faible pouvoir d’achat couplé à une hausse atypique des prix des denrées alimentaires de base rendent difficile l’accès à une alimentation adéquate des ménages pauvres et très pauvres. Les ménages pauvres et très pauvres seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) de juin jusqu’en septembre 2022. Dans les zones agropastorales, pluviales et de la vallée du fleuve Sénégal, l'installation normale à précoce de la saison des pluies en juin, va régénérer les pâturages et remplit les points d'eau au cours des prochains mois. D'octobre à janvier, les produits locaux (agricoles et fourragers), ainsi que le lait et la viande seront disponibles et reconstitueront les stocks alimentaires, cependant avec une inflation alimentaire continuelle et la faiblesse du pouvoir d’achat, les ménages pauvres et très pauvres de ces zones feront probablement face à une insécurité alimentaire Stress (Phase 2 de l'IPC).
- Les marchés, sources principales de nourritures pour les ménages en cette période de soudure, restent suffisamment approvisionnés avec une accessibilité difficile pour les ménages pauvres et très pauvres à cause de la hausse atypique des prix des aliments de base, particulièrement ceux importés par rapport à l’année dernière et à la moyenne quinquennale.
- Les précipitations pour la saison de juin à septembre devraient être supérieures à la moyenne. Les activités de préparation des sols pour les prochains semis sont en cours dans les zones dépressionnaires de la vallée du fleuve et les zones de cultures pluviales, et constituent des opportunités de travaux journaliers pour les ménages pauvres et très pauvres. Les faibles niveaux de pâturages observés pendant les trois derniers mois dans la grande partie du pays ont conduit à une transhumance transfrontalière précoce vers le Mali et le Sénégal et à un recours massif à l’aliment de bétail qui coûte plus cher.
République Centrafricaine
- La situation sécuritaire reste toujours volatile en raison de la persistance des attaques et exactions qui perturbent fortement le fonctionnement et l’accès aux marchés, et les moyens d’existence dans les zones de l’ouest, du nord-ouest, du nord-est et du centre du pays.
- Les approvisionnements des marchés en produits alimentaires de base restent faibles dans les zones d’insécurité et sous occupation armée des groupes rebelles à cause des menaces croissantes d'engins explosifs sur les axes routiers en plus de leur mauvais état, impactant ainsi la disponibilité et les prix. Les prix des denrées locales (maïs et manioc) en mai étaient globalement stables par rapport à la même période l’année dernière ; mais ceux des produits importés (riz, haricot blanc, huile végétale et viande de bœuf) continuent d’augmenter et demeurent supérieurs à leurs niveaux de l’année dernière à la même période sur l’ensemble des marchés.
- Dans les localités des préfectures du nord, du nord-ouest, du sud-est et du centre, les ménages pauvres et très pauvres ainsi que les PDI qui font face à l’insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de l’IPC) pourraient basculer en Crise (Phase 3 de l’IPC) durant cette période de soudure débuté en avril/mai jusqu’à septembre du fait de l’épuisement précoce des stocks et des faibles niveaux de revenus. De septembre jusqu’en janvier 2023 en raison de la disponibilité des récoltes et des opportunités de travaux journaliers (agricole et ouvrière), ces ménages devront voir une amélioration dans l’accès à la nourriture et le revenu et feront probablement face à une l’insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de l’IPC).
- Les PDI et les ménages hôtes resteront exposés à la Crise (Phase 3 de l’IPC) durant la période de soudure jusqu’en janvier 2023 dans les zones plus affectées par l’insécurité, et aussi pour les populations pauvres et très pauvres dans les zones d’accès limités. La situation alimentaire et nutritionnelle déjà précaire devra perdurer compte tenu de la faiblesse des revenus et de leur dépendance du marché pour leur alimentation.