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Myanmar

Myanmar : un rapport de l’ONU montre la voie à suivre pour concrétiser les aspirations à la paix, à l’intégration et à la démocratie

26 mai 2025

GENÈVE – Face à des années de souffrance et d’abus, la grande majorité du peuple du Myanmar est unie pour défier l’autoritarisme militaire et la violence, selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), qui appelle la communauté internationale à renouveler sa détermination à mettre fin au contrôle du pouvoir par l’armée et à soutenir les aspirations démocratiques du peuple du Myanmar.

« Depuis que l’armée a interrompu le processus démocratique au Myanmar en 2021, le pays a connu une crise des droits humains de plus en plus catastrophique, marquée par une violence et des atrocités incessantes qui ont affecté tous les aspects de la vie », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

« Ces derniers mois, le HCDH s’est entretenu avec des habitants du Myanmar de toutes les communautés ethniques, de tous les secteurs et de toutes les catégories démographiques, et a été particulièrement à l’écoute des jeunes et de leur vision de l’avenir », a déclaré le Haut-Commissaire. « Ils sont unis par un même message : ils ne veulent pas être gouvernés par les armes ; ils aspirent à une société pacifique, inclusive et démocratique. »

Le rapport, qui doit être présenté au Conseil des droits de l’homme le 1er juillet 2025, souligne l’importance de s’attaquer aux causes profondes de la crise, notamment le pouvoir politique et économique qui échappe à tout contrôle aux mains de l’armée, l’impunité généralisée, l’instrumentalisation des lois et des institutions au service des intérêts militaires, et un système global de gouvernance fondé sur la discrimination raciale structurelle, l’exclusion et les divisions.

Ce rapport identifie quatre domaines principaux pour faire avancer les choses : la responsabilité, la bonne gouvernance, le développement durable et les actions des acteurs internationaux et régionaux.

Il identifie également les « acteurs du changement », à savoir les femmes, les jeunes, les organisations de la société civile et les réseaux locaux, les partisans de la démocratie et les médias. Les voix qui s’expriment dans le rapport appellent au démantèlement des institutions et des structures économiques contrôlées par l’armée, soulignant en particulier la domination et l’exploitation de l’économie et des ressources naturelles par les militaires à des fins d’enrichissement personnel.

Les anciens prisonniers politiques ont souligné le rôle du système judiciaire instrumentalisé et complice des violations des droits humains : les juges sont considérés comme étant systématiquement incapables d’exercer une autorité indépendante, condamnant des individus sans véritable preuve de leur culpabilité et envoyant des milliers de personnes en prison. Plusieurs avocats ont souligné que le système judiciaire est devenu entièrement subordonné à l’armée et qu’il faudrait le réformer complètement pour regagner la confiance de la population.

Les violations des droits humains et atteintes à ces droits commises par le passé, notamment contre les minorités et autres communautés marginalisées comme les Rohingya, sont de plus en plus reconnues. Les auteurs de ces crimes, quels qu’ils soient, doivent être traduits en justice, dans le respect des normes internationales. Le rapport souligne l’importance de la responsabilité pénale, que ce soit par le biais de systèmes juridiques nationaux, internationaux ou hybrides, dans le cadre d’un ensemble plus large de mesures de justice transitionnelle. La libération de tous les prisonniers politiques, dont Aung San Suu Kyi, a été constamment indiquée dans le rapport comme étant également nécessaire.

Notant les résultats obtenus par les communautés dans la mise en place d’institutions et de formes de gouvernance locales, le rapport souligne que de nombreuses régions du pays ont commencé à mettre en place des structures démocratiques ascendantes, souvent avec une participation accrue des femmes.

Il montre également que les personnes ayant fui leur domicile ont indiqué à la quasi-unanimité leur volonté de rentrer chez elles, dès qu’il sera possible de le faire en toute sécurité, et de contribuer à l’instauration d’une société juste et démocratique. Dans l’intervalle, plusieurs moyens concrets peuvent être adoptés pour aider ces personnes, y compris leur accorder un statut juridique officiel à plus long terme dans les pays où elles ont trouvé refuge et protection, avec la possibilité d’accéder aux soins de santé, à l’éducation et à un emploi. Cela s’applique particulièrement aux Rohingya pour lesquels les conditions préalables de sécurité, de citoyenneté et de droits nécessaires à tout retour durable n’existent toujours pas.

Selon le document, en raison de l’aggravation de l’insécurité alimentaire dans l’État rakhine et des réductions drastiques de l’aide humanitaire au Bangladesh, il est impératif de maintenir et d’accroître l’aide fournie. Le groupe d’États de l’ASEAN et les autres parties prenantes doivent étudier les possibilités d’assistance transfrontalière pour alléger les souffrances des Rohingya.

Le peuple du Myanmar, ajoute-t-il, appelle à une approche plus efficace et plus décisive de la part de la communauté internationale dans son ensemble, notamment par des sanctions ciblées et appropriées, ainsi que par un engagement politique avec les forces démocratiques et les structures de gouvernance émergentes.

« Ce rapport souligne l’importance de planifier « l’après », lorsque les droits humains seront au cœur du nouveau Myanmar », a déclaré M. Türk. « Des individus et des groupes forts, ingénieux et respectueux des principes sont en train de s’unir et de créer les conditions propices à un avenir inclusif et démocratique. Ils sont l’exemple même de l’espoir d’un avenir pacifique. »