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Mauritania

Mauritanie : Rapport d'évaluation rapide de la sécurité alimentaire nutritionnelle suite aux inondations de Tintane

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Résumé

Des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le sud-est du pays les 6 et 8 août 2007 ont occasionné l'inondation de la ville de Tintane. Cette inondation a causé la mort de deux personnes et endommagé toutes les infrastructures publiques et privées. Les habitations des petits villages voisins ont été également touchées. La zone inondée représente près des 3/4 de la superficie habitée par les populations. 2 500 familles, soit environ 12 500 personnes seraient affectées par cette catastrophe, même si l'opération de recensement se poursuit en vue de déterminer le nombre de familles effectivement sinistrées.

Selon les informations reçues des autorités administratives locales, les 2/3 de la population sinistrée dépendent du commerce et des petits métiers (artisanat), tandis que le 1/3 est constitué d'agropasteurs.

Tout le commerce de la ville a été englouti par les eaux, de même que les superficies cultivables, occasionnant pour ces ménages des pertes des réserves alimentaires et des animaux d'élevage, avec pour conséquence la réduction des disponibilités alimentaires au niveau de la ville. Une pénurie alimentaire a été observée après le choc, suivie du renchérissement des prix des denrées de première nécessité.

La destruction des entrepôts commerciaux a considérablement réduit les capacités de stockage des commerçants, limitant ainsi les importations des produits alimentaires.

En absence de statistiques sur le niveau du stock avant la crise, les commerçants (non affectés par la catastrophe) ont confirmé avoir considérablement réduit leurs importations, à cause de la faiblesse de la demande et de la faible capacité de stockage entraînées par le choc.

Le problème de la disponibilité alimentaire se posera avec beaucoup plus d'acuité pour la population surtout agricole à partir du mois de novembre, étant entendu que les semis ont été engloutis par les eaux et qu'ils ne pourront rien récolter pendant cette campagne.

Cette inondation a entraîné des pertes d'emplois aussi bien pour les petits commerçants, les artisans que pour toutes les autres personnes qui vivent des petits métiers du secteur tertiaire. Ainsi, même s'il existe une disponibilité (relativement faible) au niveau de la ville (approvisionnement du marché local à partir de Kiffa situé à 150 km et Nouakchott), les ménages sinistrés ne disposant plus d'aucun moyen de subsistance, ne pourront pas avoir accès en toute sécurité à une nourriture suffisante, à la suite de cette catastrophe.

Avec la destruction du bétail de case et la paralysie du commerce, ces ménages ne disposent plus de pouvoir d'achat, ni d'autres sources de revenu ou de biens contribuant aux moyens de subsistance, et sont très limités dans leurs stratégies de résilience. Sur le plan de l'utilisation de la nourriture, avec la perte des équipements de cuisine, l'on note une impossibilité temporaire de préparer et de cuisiner les aliments.

Dans le domaine de nutrition et de la santé, même si les dispositions en place (approvisionnement en eau potable, construction de latrines, installation des postes de santé, etc.) ont permis de maîtriser le risque d'épidémies de diarrhée et autres maladies véhiculées par l'eau, les risques induits d'un accroissement de la malnutrition ne sont pas à écarter.

En tout état de cause, le choc subi par les familles sinistrées a créé un grand écart entre leurs besoins de consommation alimentaire et ceux que ces familles sont en mesure de se procurer sans avoir recours à des stratégies de détresse.

D'importants lots de matériels (tentes, couvertures, médicaments, produits de désinfection, etc.) reçus par le gouvernement à travers les aides bilatérales et mis à la disposition du Bureau de Coordination du Commissariat Chargé de la Protection Sociale et de la Sécurité Alimentaire (CCPSSA) pour être distribués aux sinistrés, pourront couvrir les besoins matériels de ces familles. Mais les 260 tm de vivres distribués par le gouvernement et autres
organisations humanitaires (Croissant Rouge des Emirats Arabes Unis, Croissant Rouge Koweitien) ne couvriront qu'environ un mois de ration aux 2 500 familles sinistrées. En absence d'une aide alimentaire supplémentaire, la situation alimentaire et nutritionnelle des familles sinistrées risque de se détériorer.

C'est pourquoi une aide alimentaire est immédiatement requise pour couvrir les besoins des 12 500 personnes sinistrées durant une période de trois mois. La mise en oeuvre de cette opération nécessitera 685 tonnes de vivres.

Cependant, une évaluation plus approfondie serait souhaitable pour une analyse plus poussée de l'impact de cette inondation sur la sécurité alimentaire de ces familles sinistrées.