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Mauritania

Mauritanie : L'Union africaine rassurée, les nouvelles autorités installent un nouveau gouvernement

NOUAKCHOTT, le 10 août (IRIN) - A l'issue de l'entrevue qu'elle a eu avec les nouveaux dirigeants militaires mauritaniens, la délégation de l'Union africaine (UA) a déclaré qu'elle était à présent rassurée, mais que l'organisation panafricaine maintenait sa décision d'exclure la Mauritanie de ses rangs jusqu'à la tenue d'élections libres et justes.
"L'UA ne dit pas qu'elle est prête à coopérer avec le gouvernement mauritanien », a déclaré le ministre nigérian des Affaires étrangères, M. Oluyemi Adeniji, qui conduisait la délégation dépêchée en Mauritanie après le coup d'Etat des officiers supérieurs mauritanien qui a entraîné la chute du président Maaouya Ould Taya, la semaine dernière.

"Après avoir rencontré tous les partis politiques, nous comprenons maintenant les raisons de ce changement, car pour certains leaders, ce changement s'imposait », a déclaré à la presse le diplomate nigérian.

"Il y a une sorte de consensus national...mais il est clair que la Mauritanie ne retrouvera sa place au sein de l'UA qu'après des élections et l'instauration d'un système démocratique », a ajouté M. Adeniji, en exhortant la junte militaire à tenir ses engagements.

Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie, qui a mis fin à 21 ans de régime autoritaire en s'emparant du pouvoir, mercredi dernier, en l'absence de M. Ould Taya, s'était engagé à organiser un référendum constitutionnel dans un an, suivi immédiatement d'élections législatives.

Des élections présidentielles auront lieu dans deux ans, mais aucun membre de la junte militaire, ni aucun ministre du gouvernement de transition ne se présentera à ce scrutin.

Hors d'Afrique, les Etats-Unis, alliés stratégiques de la Mauritanie, ont adopté la même ligne de conduite que l'UA, contrairement à leur première réaction qui exigeait le rétablissement dans ses fonctions de M. Ould Taya, le président déchu.

« Les hommes qui dirigent le pays actuellement sont désormais nos interlocuteurs », a déclaré le porte-parole adjoint du Département d'Etat, M. Adam Ereli, lors d'un point de presse mardi à Washington. "Nous discutons avec nos nouveaux interlocuteurs afin de préconiser des changements dans la bonne direction ».

Sous le régime de M. Ould Taya, la Mauritanie s'était désolidarisée de l'Irak. Elle était l'un des trois Etats de la Ligue Arabe à entretenir des relations diplomatiques avec Israël et était considérée comme un fidèle allié des Etats-Unis en Afrique de l'ouest.

Des instructeurs américains avaient formé l'armée mauritanienne pour combattre des militants islamistes radicaux actifs dans le désert du Sahara. De plus, Washington ne cache plus son intérêt pour l'Afrique de l'ouest puisqu'il recherche d'autres sources d'approvisionnement en pétrole que celles du Moyen-Orient. En effet, l'année prochaine, la Mauritanie commencera à produire 75 000 barils de pétrole par jour à partir des gisements de pétrole offshore de Chinguetti.

Après avoir rassuré la communauté internationale et reçu la délégation de l'UA, les nouveaux maîtres de la Mauritanie ont consolidé leur pouvoir en annonçant mercredi la composition du nouveau gouvernement, qui comprend des fonctionnaires de l'Etat, des politiciens et des hommes d'affaires.

Le nouveau gouvernement

Aucun membre du gouvernement, en place lors du coup d'Etat du 3 août, ne fait partie de la nouvelle équipe ministérielle. Les responsables de l'opposition, qui avaient apporté leur soutien aux putschistes, ont toutefois fait remarquer que beaucoup de nouveaux ministres étaient issus du parti de M. Ould Taya et qu'aucun portefeuille ministériel n'a été attribué à l'opposition.

"Ca ressemble à un cabinet trouvé dans un tiroir du président déchu », a commenté Messaoud Ould Boulkheir, leader d'un des principaux partis de l'opposition, l'Alliance populaire progressiste.

"Notre réaction est une réaction de déception et de scepticisme extrême. Je pensais que la transition voulait dire des nouveaux hommes, mais à une ou deux exceptions près, ce sont tous des hommes d'Ould Taya », a-t-il ajouté. « Pour moi, je ne vois pas de rupture avec l'ancien régime ».

La réaction des autres leaders politiques a été plus positive. Selon eux, le gouvernement jouera de toute façon un rôle plutôt technique, mais le vrai pouvoir de décision sera en grande partie détenu par le Conseil militaire.

"Nous considérons plus les objectifs et le calendrier pour la démocratie qui ont été annoncés que les moyens pour y parvenir », a déclaré Ahmed Ould Daddhah, président du Rassemblement des forces démocratiques.

La seule personnalité du gouvernement à avoir déjà occupé des fonctions de ministre sous M. Ould Taya est l'actuel ministre des Affaires étrangères. Il occupait les mêmes fonctions lorsque la Mauritanie avait rétabli ses relations diplomatiques avec Israël, en 1999.

Le ministère de l'Energie, un poste stratégique dans un pays qui compte s'enrichir en exploitant dès l'année prochaine ses gisements de pétrole, a été confié à M. Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed, l'ancien directeur de la compagnie nationale d'électricité.

Le seul ministre à s'être publiquement opposé à M. Ould Taya est le nouveau ministre de la Justice, M. Mahfoud Ould Bettah. Il avait été rayé du barreau mauritanien, il y a deux ans, pour avoir dénoncé les pratiques illicites du barreau tendant à favoriser un membre du parti de M. Ould Taya.

Il n'existe pas de portefeuille de la Défense dans le nouveau gouvernement, et trois ministériels ont été attribués à des

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