Mauritanie: l'Etat et ses partenaires n'ont toujours pas mobilisé les aides nécessaires aux nombreux ménages menacés de famine
La période de soudure est devenue dans la majeure partie des zones affectées par les intempéries de janvier, une période de famine. L'appel lancé par le Gouvernement le 1er septembre 2002 n'a suscité que de timides réactions pratiques de la part des traditionnels partenaires de développement. Les programmes d'aides alimentaires apportées par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont des difficultés à démarrer et sont, en tout état de cause, trop insuffisantes pour résoudre la crise alimentaire qui affecte les ménages d'agriculteurs dans l'Aftout, la vallée du fleuve Sénégal et dans le plateau central des deux Hodh.

La plupart des ménages, des zones citées, sont sans réserves de céréales depuis plusieurs années et ont perdu, avec les intempéries de janvier de l'an dernier, tout le petit cheptel autour duquel ils avaient l'habitude de développer leurs traditionnelles stratégies de vie et de survie. Sur les marchés, on ne trouve plus de céréales traditionnelles et la constante hausse des prix des denrées alimentaires importées limite les capacités de ces ménages à accéder à ces produits. La faiblesse du recours à l'écologie locale est telle que seuls les envois des immigrés entretiennent ceux qui sont restés au terroir. La famine, jusque là cantonné dans l'Aftout, s'est maintenant étendue à la vallée du fleuve et au plateau central des deux Hodh, où en plus des agriculteurs elle touche les éleveurs sédentarisés. Les perspectives des bas-fonds et du walo étant médiocres, les importations céréalières du Mali encore faibles et celles avec le Sénégal quasiment nulles, le salut ne peut venir que des solidarités nationale et internationale. Si la première fonctionne à plein régime la seconde se fait attendre.
La situation des éleveurs de petits ruminants du Trarza, du Brakna et dans l'ouest du Gorgol, jusque là considérée comme satisfaisante, a été brusquement fragilisée par la rapide dégradation des pâturages du fait de l'arrivée massive des troupeaux des régions du nord.
Nature et étendue du problème
En misant sur les prévisions de production des bas-fonds et du walo publiées par la Direction des Politiques, du Suivi et de l'Evaluation (DPSE) du Ministère du développement rural et de l'environnement (MDRE) et sur le niveau habituel des importations commerciales (presque exclusivement du blé), FEWS NET avait estimé que les populations les plus favorisées arriveraient à couvrir 5 mois de leurs besoins alimentaires. Dans un contexte normal, les ménages ruraux du pays pouvaient, en s'appuyant sur leur capital pastoral (les petits ruminants essentiellement) et sur le recours aux apports écologiques (tels que produits de cueillette, vente de bois et de charbon etc.), gérer ce déficit de 7 mois, en vivant une période de soudure difficile mais sans tomber dans la famine. Aujourd'hui, au regard du mauvais développement de ces cultures de décrue (bas-fonds et walo) et de l'état d'appauvrissement généralisé de ces populations, il est illusoire de croire qu'elles arriveront à se tenir sans aides extérieures. De nombreux ménages sont sans ressources pérennes et vivent au jour le jour, au gré de la solidarité locale et des hypothétiques envois des émigrés.
On se souvient cependant que des intempéries (pluies et froid) du 9 au 11 janvier de l'an dernier avaient causé la mort de près de 120.000 bovins, moutons et chèvres, fait pourrir les pâturages déjà desséchés, détruit environ 25 pour cent des cultures déjà récoltées et causé la perte de biens et de vies humaines dans les zones affectées.
La mission organisée par PAM en janvier 2002 avait conclu que 250.000 personnes étaient en état d'insécurité alimentaire dans les régions de Hodh El Chargui, Hodh El Gharbi, Assaba, Gorgol, Brakna, Trarza et Tagant. En juin le Commissariat à la sécurité alimentaire du gouvernement (CSA/OSA), le Programme Alimentaire Mondial (PAM)/Mauritanie et FEWS NET/Mauritanie considéraient que 1 million d'habitants (sur 2,7 millions) était, à divers degrés, en situation d'insécurité alimentaire.
Aujourd'hui il est clair que ces chiffres sont largement dépassés du fait de la dégradation des conditions pastorales dans la majeure partie des zones agropastorales. De nombreux agriculteurs du sud est et de l'est du pays et un nombre de plus en plus élevés d'éleveurs sédentaires jusque là en situation d'extrême insécurité alimentaire, sont maintenant menacés de famine. La mauvaise évolution de dieri (cultures pluviale), du walo (culture de décrue), de l'irrigué villageois, l'absence de tout recours à l'écologie, la hausse continue des prix des denrées alimentaires et la modification des rapports commerciaux locaux (disparition des prêts sur hypothèque des prochaines cultures) continuent d'accroître les niveaux de l'insécurité alimentaire dans les espaces déjà en situation d'insécurité alimentaire extrême depuis septembre. La famine est maintenant là et il faut agir au plus vite si on veut éviter la catastrophe.
La menace de l'insécurité alimentaire pèse essentiellement sur les agriculteurs
Le bilan céréalier prévisionnel (Tableau I) établi par le Comité technique sur la base des estimations de récoltes publiées par la DPSE et approuvée par la mission FAO/CILSS/PAM, dégage un déficit global de 160,000 T.
Dans un contexte normal, ce déficit, qui correspond, au plus, à 4 mois de besoins céréaliers pour les 2.172.000 mauritaniens, s'inscrit dans le cadre de la période de soudure. Ce qui fait la différence maintenant c'est que :
1. La crise est localisée et elle touche essentiellement des zones de production. Au lieu d'un déficit de 4 mois les populations de l'Aftout, de la vallée du fleuve Sénégal et du plateau des deux Hodh doivent rechercher les moyens de couvrir 9 à 10 mois de leurs besoins alimentaires.
2. Privées de leurs traditionnels moyens de gestion des crises alimentaires, la population en situation d'extrême insécurité alimentaire est incapable de gérer la crise sans appuis extérieurs.
Si l'on doit toujours considérer que les trois zones identifiées en septembre demeurent extrêmement vulnérables, il faut maintenant, en plus des agriculteurs, compter les éleveurs sédentaires.
Dans la Vallée du Fleuve Sénégal (une partie des régions de Trarza, Brakna, Gorgol et Guidimakha) la production agricole est nulle, dans toutes les typologies traditionnelles (dieri, walo), car la pluie a été irrégulière et insuffisante et la crue du fleuve, qui en temps normal s'étalait sur 3 à 4 mois n'a duré que 12 jours. Les agriculteurs n'ont pas pu rattraper leur déficit en s'investissant dans la culture irriguée (absence de crédit pour la réparation des pompes et pour l'achat des intrants). En 2001-02 la production agricole avait au moins couvert deux mois de consommation et certains ménages n'avaient survécu que grâce à leurs migrants à Nouakchott ou à l'étranger. Cette année la situation est encore plus dure. En l'absence du petit bétail perdu depuis janvier, des produits de cueillette inexistants faute d'eau, les agriculteurs de la vallée n'ont que l'exode.

Fort heureusement, pendant les mois et de septembre, les substantielles aides alimentaires (100 à 200 kg de riz par ménage) distribuées aux ménages sénégalais riverains ont eu des effets modérateurs sur l'évolution de l'insécurité alimentaire sur la partie mauritanienne. De part et d'autre du fleuve la solidarité familiale a fonctionné. Le FEWS NET a constaté, pendant ses missions d'octobre et de décembre à janvier 2003, une inquiétante croissance des indices de malnutrition.
Dans l'Aftout, l'enclave d'extrême pauvreté du centre sud du pays, pauvre en ressources est à cheval sur les régions de Brakna, du Gorgol, de l'Assaba et du Tagant, les ménages agricoles vivent, après six mauvaises récoltes successives, une nouvelle année de mauvaises perspectives de récoltes. Les cultures de dieri les plus avancées y sont réduites aux lits des oueds et sont à des stades si tardifs pour la saison (tallage et montaison) que certains ont déjà commencé à les couper pour les vendre aux éleveurs. Il n' y aura donc pas de récoltes de dieri dans l'Aftout. La crise alimentaire y sera d'autant plus difficile à résoudre que les ménages ont de grandes difficultés à se procurer de l'eau. Les ânes qui assuraient le transport de l'eau, souvent sur plusieurs dizaines de kilomètres, sont morts en grand nombre et la faiblesse des pluies locales a fait que les nappes n'ont pas été réalimentées.
L'Aftout a faim. L'Aftout a soif. L'Aftout est incapable de développer des stratégies de survie fiables du fait qu'il a perdu les principales bases de celles-ci. En effet, avec les intempéries de janvier 2002, agriculteurs et éleveurs de cet espace ont perdu leur petit bétail et en raison de la succession des mauvaises récoltes les commerçants locaux sont de moins en moins enclins à leur concéder des prêts.
L'Aftout souffre aussi de son isolement. C'est par la voiture hebdomadaire que les « émigrés du terroir » perfusent l'Aftout. Si la voiture tarde à venir c'est l'inquiétude. Les aides distribuées ont été, jusqu'ici, si dérisoires que les villageois ne comptent même pas avec elles. Comme dans la vallée, les niveaux de la malnutrition sont partout en hausse dans l'Aftout.
Dans le sud du Hodh El Chargui et du Hodh El Gharbi, les villageois Haratins, extrêmement pauvres, sont dans une situation semblable à celle qui prévaut sans l'Aftout. Les perspectives de récoltes pluviales sont médiocres et la faiblesse des superficies en bas-fonds ne leur permet pas d'espérer des récoltes substantielles avant le prochain hivernage. L'exode de la force active (masculine et féminine).
Dans ces trois espaces, la situation des éleveurs sédentaires s'est fortement détériorée. Certes elle était déjà fragilisée par les intempéries de janvier de l'an passé mais la hausse du prix des petits ruminants (du fait de la baisse de l'offre et de l'amélioration de leur état physique) leur offrait de leurs capacités d'accès aux marchés. Actuellement, en raison de la disparition des pâturages les éleveurs, incapables de recourir systématiquement à l'aliment bétail, sont obligés de se rendre au Mali pour sauver l'essentiel. Ainsi privés de leur unique source alimentaire, les ménages éleveurs sédentarisés sont tombés dans une situation de haute insécurité alimentaire. A moins d'une intervention externe, ils seront, dans les prochains mois, en situation d'extrême insécurité alimentaire.
Menace de Famine en Chiffres
Globalement la situation alimentaire est, au niveau national, entrain de se dégrader.
Une analyse synthèse de l'évolution de la sécurité alimentaire présentée par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire en collaboration avec le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales (MSAS), à la réunion du 19 décembre 2002 montre qu'à l'échelle nationale, entre octobre 2001 et octobre 2002, le pourcentage des communes en situation d'insécurité alimentaire extrême serait passé de 2 % à 27 % ; celui des communes en situation alimentaire haute de 12 % à 40 % et celles en situation d'insécurité alimentaire modérée serait tombée de 19 % à 12 %. Ne sont aujourd'hui considérées en situation de sécurité alimentaire que 21 % des communes contre 67 % en octobre 2001.
L'Aftout, la vallée du fleuve Sénégal et les Adwaba des plateaux centraux des deux Hodh demeurent toujours en situation d'insécurité alimentaire extrême. Une récente information (en date du 19 décembre 2002) fournie par le CSA révèle qu'une séries d'enquêtes nutritionnelles complétées par les informations fournies par le MSAS montrent que les taux de malnutrition sont partout en hausse. Dans certaines zones (Aftout, centre Tagant, sud du Guidimakha, sud de l'Assaba, Vallée du fleuve, les signes de malnutrition sont de plus en plus nombreux. Les taux (supérieurs à 20 % de malnutrition globale) recommandent des actions d'urgence. Malheureusement les programmes d'urgence du PAM destinées à l'Aftout et aux zones appelées « Hors Aftout » n'ont pas encore commencé (selon les dernières informations recueillies auprès du PAM ils vont commencer dans la semaine).
Pour les agriculteurs des Adwaba de Moughataa de Kankossa et de Barkéol (en Assaba), de Kobenni et Aïoun El Atrouss (au Hodh El Gharbi) et de Djiguenni, Amourj et de l'ouest de Bassikounou (Hodh El Chargui) qui passe d'une insécurité extrême à une situation d'insécurité alimentaire haute en novembre, l'accalmie a été, conformément à nos prévisions d'alors, de très courte durée puisque selon la même source les enquêtes révèlent une forte croissance de la malnutrition surtout chez les enfants et adolescents. Aujourd'hui elles sont jugées en situation d'insécurité alimentaire extrême.
Dans les deux Hodh, les 16.000 agriculteurs identifiés en septembre demeurent toujours en situation d'insécurité alimentaire.
Dans la vallée du fleuve et dans l'Aftout la situation alimentaire des agriculteurs (36.000 environ) continuent de se dégrader. Malgré les subsides envoyés par les migrants la famine s'installe car les retombées des phénomènes exogènes (transhumance pour l'Aftout et effets des urgences au Sénégal dans la vallée mauritanienne) se sont estompées et les transferts de céréales traditionnelles sont quasiment nuls. Les cas de morts se multiplient tout comme on voit des résurgences de maladies certainement liées à l'affaiblissement des organismes pour cause d'insuffisance alimentaire. Il y'a cependant chez les populations un culte de fatalisme qui voile la cause réelle de ces morts; même ici tout le sait que la famine s'est installée.
Les niveaux de l'insécurité alimentaire des 8.000 éleveurs de l'Aftout et de la vallée qui avaient baissé ont commencé à remonter depuis la fin de décembre du fait de la dégradation des conditions pastorales. Ils sont maintenant comme les éleveurs de bovins du Trarza et du Brakna en situation de haute insécurité alimentaire.
Les ménages urbains de Nouakchott, qui ont accueilli des parents sans emploi venus des zones rurales, éprouvent maintenant des difficultés de plus en plus grandes à pourvoir aux besoins des migrants toujours plus nombreux. La hausse des prix des denrées alimentaires et des services sociaux les place dans une situation d'insécurité alimentaire extrême.
Perspectives et pronostics à court terme
Il se confirme que la production céréalière annuelle sera la plus basse depuis 1984, année de crise alimentaire sévère. Pour de nombreux ménages ruraux il n'est plus question de soudure mais bien de famine. La stratégie de survie est maintenant urbaine car les populations ne survivent que grâce aux des membres de la famille partis en exode. Sur les marchés locaux, on ne trouve plus de céréales traditionnelles; les modifications des habitudes alimentaires entreprises par les ménages (consommant de blé et de riz à la place du sorgho et du mil) sont de plus en plus difficiles à réaliser du fait de la hausse constante de leurs prix et de la faiblesse de leur pouvoir d'achat. Les traditionnels systèmes d'échanges ou de transferts qui fonctionnaient entre la Mauritanie et ses voisins (Mali et Sénégal) sont grippés du fait des mauvaises productions dans les zones frontalières.
Les réponses: sont-elles suffisantes ?
Les récentes réunions organisées, en Décembre, par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour informer et sensibiliser les Donateurs sur les risques de famine qui menaçaient les zones à risque (l'Aftout, la vallée du fleuve et le plateau central des deux Hodh), montrent l'insuffisance des mesures prises jusqu'à ce jour. D'ailleurs, aucun ministère ou agence n'a encore repris ses enquêtes pourtant si indispensables pour comprendre l'évolution du phénomène et ses conséquences.
Les besoins déclarés dans l'appel du 1 septembre lancé par le Gouvernement, n'ont été que partiellement insatisfaits. Il s'agissait de :
37.000 tonnes de céréales et 14.000 tonnes d'autres produits alimentaires pour des distributions d'urgence afin de répondre aux besoins des populations dans les zones les plus affectées pendant trois mois;
18.000 tonnes de céréales pour vendre à des prix subventionnés pour ceux qui ont un pouvoir d'achat minimum; et
20.000 tonnes d'aliments bétail et de soutien vétérinaire.
Les déclarations d'aide arrivées au PAM (Allemagne 1 166 T de blé, Espagne 874 T de blé, Suède 3 696 T de blé, Finlande 479 T de blé, Italie 652 T de blé, les Pays Bas 115 T et les USA 3 000 T) sont encore insuffisantes.
Le PAM continue l'exécution de son programme d'urgence (16 231 tonnes de blé, riz et huile végétale dans sept régions pour couvrir les besoins de 246.500 personnes pendant 9 mois, jusqu'à la fin de l'année 2002). Plusieurs des annonces citées ci-dessus sont des aides relatives au programme d'urgence de 2002 qui n'arrivent que maintenant.
Pour l'Aftout les principales difficultés (logistique) viennent d'être surmontées et les distributions de l'aide alimentaire sont en cours. La distribution aux zones « Hors Aftout » pourrait commencer avant la fin de janvier.
Le PAM vient de signer un programme d'urgence sous régional de 55,000 T destiné à la Mauritanie (environ 43,000T) du Sénégal, du Cap Vert et de la Gambie. Il reste à trouver les fonds de ce programme. Pour l'instant il s'est lancé dans un vaste programme de sensibilisation en s'appuyant sur la presse audiovisuelle. La France aurait confirmé une aide de 2 000 T de blé destinée au Hodh El Chargui.
Les actions coordonnées de la Fédération luthérienne mondiale, de CARITAS et de l'UNICEF continuent. Elles sont axées sur l'ouverture de quelques 67 centres d'alimentation communautaires (CAC) des boutiques d'alimentation et des banques de céréales. Ces CAC n'arrivent plus à contenir le flot des enfants malnutris et des femmes enceintes ou allaitantes qui ont besoin d'aide. Les Pays Bas pourraient financer l'ouverture de 27 CAC dans les Hodh, dans les espaces agricoles peuplés de Kobonni, Djiguenni, Adel Bagrou, et Fassala Néré.
Recommandations pour des actions futures
Il apparaît indispensable de modifier à la hausse les volumes proposées en novembre car le nombre des vulnérables s'est accru dans les zones agricoles, pastorales et urbaines et leur capacité à couvrir leurs besoins alimentaires s'est considérablement réduite.
Du côté disponibilité des produits alimentaires (offre) :
- Soutenir les demandes du Gouvernement de la Mauritanie pour des semences, des engrais et des pesticides et autres intrants de production, et veiller à ce que les fournitures soient faites à temps pour les cultures maraîchères et le riz de contre-saison. Ces cultures maraîchères doivent être étendues aux zones continentales (oueds et oasis) où les conditions d'accès à l'eau sont faciles pendant les périodes post hivernages. En l'absence des échanges céréaliers entre ces zones et les espaces de production (qui n'ont plus la capacité de soutenir ces échanges) il est indispensable d'aider les populations à produire pour consommer.
- Répondre à la demande du Gouvernement de la Mauritanie pour un appui logistique au Commissariat à la sécurité alimentaire, pour lui permettre de planifier les opérations nécessaires et de les exécuter efficacement.
- Oublier (ou passer aux pertes et profits) les fortes dettes des coopératives d'irrigation par suite des pertes de production dues aux inondations de 1999, de façon que les agriculteurs puissent à nouveau gagner leur vie et reprendre les activités productrices dans les périmètres irrigués.
- Entreprendre des actions de lutte anti-aviaire en concertation avec les gouvernements des pays voisins, le Mali et le Sénégal.
Du côté accès aux produits alimentaires (demande) :
- Soutenir les appels du PAM et du Gouvernement de la Mauritanie pour l'aide alimentaire, en accordant la priorité la plus élevée aux groupes en état d'insécurité alimentaire extrême, ainsi qu'à la fourniture d'aliments du bétail pour protéger les moyens de vie les éleveurs et les agropasteurs.
- Faire une évaluation de l'accès des ménages à la nourriture pour ajuster les estimations des besoins d'aide alimentaire d'urgence, sous les auspices du CSA, du PREGEC, du PAM, du FEWS NET et d'autres agences d'assistance.
- Préparer maintenant des plans en cas d'imprévus par secteur ou groupe d'occupation, parce que la crise actuelle se prolongera vraisemblablement pendant douze mois (jusqu'à la récolte de dieri de 2003), voire pendant 12 mois (jusqu'à la récolte de décembre 2003), la date la plus proche à laquelle certains groupes pourront se redresser. Pour les 52.000 agriculteurs en état d'insécurité alimentaire extrême, et de moins en moins capables de développer des stratégies de survie, il faut agir vite car la famine est là. Elle pourrait atteindre les personnes en état d'insécurité alimentaire modérée à élevée (1 million environ d'agriculteurs et d'éleveurs de gros ruminants) dont les conditions d'exploitation se sont fortement dégradées.
Indicateurs clés à suivre
La synthèse des enquêtes menées par PAM/Mauritanie, des informations fournies par les ONG actives dans les zones à risque et les résultats des missions de terrain organisées par la Croix Rouge Française, FEWS NET a permis d'arriver aux constatations suivantes:
- L'inexistence des stocks céréaliers paysans.
- La faiblesse de l'offre en céréales traditionnelles et en produits agricoles (niébé, pastèques, arachides etc.) dans les marchés ruraux.
- La forte hausse des prix des denrées alimentaires commercialisées. FEWS NET continuera donc de suivre les prix des denrées alimentaires de base et l'évolution des pouvoirs d'achat, principalement chez les éleveurs.
- La forte dégradation des pâturages.
- L'absence ou la faiblesse du potentiel des ménages (petit bétail, apport écologique, secteur informel etc.) de gestion locale des déficits alimentaires.
- L'irrégularité et la précarité des systèmes d'approvisionnement organisés, depuis les centres urbains, par les émigrés des terroirs.
- La faiblesse des transferts céréaliers avec le Mali et le Sénégal.
- La faiblesse des aides distribuées jusqu'à la date du 1er janvier 2003.
- L'importance des signes évidents de malnutrition et de sous alimentation. En s'appuyant sur les enquêtes et les rapports de FLM, CARITAS, DOULOS, UNICEF, PAM et le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales, FEWS NET tentera de suivre leur évolution tant dans les zones déjà identifiées que dans celles où l'insécurité alimentaire est dite modérée.
L'extension des zones à risque et l'augmentation du nombre des personnes menacées de famine.
L'importance et l'intensité de l'exode rural et de ses conséquences sur les niveaux de l'insécurité alimentaire en milieu urbain.
FEWS NET a l'intention de rester partisan d'une action immédiate et significative à travers ces alertes d'insécurité alimentaire.
ACKNOWLEDGEMENTS
Cette alerte a été réactualisé par le FEWS NET/Mauritanie, avec le soutien du FEWS NET/Washington.