Mali: le processus électoral à venir devrait ouvrir l'espace civique et relever les défis en matière de droits humains, selon un expert
GENÈVE - Un expert de l'ONU a salué aujourd'hui l'opportunité créée par les mesures annoncées par les autorités de transition du pays pour restaurer l'ordre constitutionnel, mais a exprimé de graves préoccupations quant aux défis persistants en matière de sécurité et de droits humains.
Eduardo González, l'Expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali, a salué la décision du Président de la Transition, le Général d'Armée Assimi Goïta, lors du Conseil des Ministres du 27 novembre 2024, demandant au Gouvernement de « créer les conditions nécessaires à l'organisation d'élections transparentes et apaisées, qui devront mettre fin à la Transition ».
«Les prochaines élections doivent être libres, équitables et pacifiques et répondre aux normes internationales », a déclaré M. González à l'issue d'une visite dans le pays. « J'encourage les autorités maliennes à accélérer leurs efforts pour rétablir l'ordre constitutionnel, notamment en publiant un calendrier électoral dès que possible. La communauté internationale devrait soutenir le Mali dans ces efforts, dans le plein respect de la souveraineté malienne », a-t-il déclaré.
M. González a déclaré que la création d'un environnement sûr et propice à l'exercice des droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association était essentielle pour favoriser la tenue d'élections inclusives et crédibles dont les résultats reflètent la volonté du peuple.
« Je suis donc profondément préoccupé par le rétrécissement de l'espace civique », a déclaré l'expert.
Lors d'une réunion avec les autorités gouvernementales, M. González s'est félicité de la libération de 11 acteurs politiques le 5 décembre 2024. Il a encouragé les autorités maliennes à libérer dans les plus brefs délais toutes les autres personnes qui restent en détention pour des raisons similaires.
L'expert a salué les récents procès relatifs à des cas d'esclavage fondé sur l'ascendance dans la ville de Kayes en octobre 2024 et a encouragé les autorités à s'assurer que la pratique de l'esclavage est correctement criminalisée par une loi spécifique qui fournit également une protection holistique et des réparations aux victimes.
« La justice transitionnelle est un processus essentiel pour lutter contre l'impunité et protéger les victimes », a déclaré Mme González. “La publication du rapport final de la Commission vérité, justice et réconciliation et l’opérationnalisation rapide de ses organes successeurs constitueraient une étape importante sur la voie de la réconciliation»
Il a proposé de poursuivre le dialogue avec ces institutions afin de renforcer leurs capacités.
M. González a visité les prisons pour hommes et pour femmes et filles de Bamako, où lui ont été présentées des initiatives visant à moderniser l'administration et à préparer les détenus à leur réinsertion dans la société.
L'expert a souligné les défis persistants auxquels le Mali est confronté, en particulier la dégradation de la situation sécuritaire et l'impunité des violations des droits humains et des atteintes à ces droits commises par tous les acteurs.
La veille de la visite de González, le 15 décembre 2024, au moins sept personnes ont été tuées dans ce qui a été décrit comme étant une attaque terroriste dans le village de Ségué, dans la région de Bandiagara au centre du Mali. Quelques jours plus tard, le 20 décembre 2024, au moins 26 personnes ont été tuées dans ce qui a également été décrit comme étant des attaques terroristes contre sept villages situés dans la même région. L'Expert indépendant a condamné ces crimes.
« Le Mali doit enquêter sur ces attaques récurrentes et poursuivre les auteurs afin que justice soit rendue aux victimes. Il est essentiel que le Mali s'assure également que toutes les opérations militaires et de lutte contre le terrorisme menées par les forces de défense et de sécurité maliennes ainsi que par leurs partenaires étrangers (communément appelés « Wagner » par de nombreuses sources) respectent le droit international des droits humains et le droit international humanitaire.
M. González présentera son rapport au Conseil des droits de l'homme en mars 2025.
*L’Expert : Eduardo Gonzalez, Expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali
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