La multiplication des crises en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale depuis une dizaine d’années a suscité un flux de migrants régionaux qui ont notamment trouvé refuge dans la capitale malienne.
Plus de 2 200 réfugiés, vivant souvent dans des conditions précaires avec un accès difficile aux services de base et des moyens économiques limités, ont ainsi été recensés en 2015 à Bamako et dans la région de Sikasso, au sud du pays, par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Dans ce cadre, ACTED, en partenariat avec l’UNHCR et la Commission Nationale Chargée des Réfugiés au Mali (CNCR), a mis en œuvre en 2015 un programme d’appui multisectoriel pour l’autonomisation des réfugiés urbains de Bamako afin d’apporter une réponse adaptée et digne à des besoins essentiels pour ces populations déracinées.
De Bangui à Bamako : l’histoire de Fatima
En 2013, au moment où la République centrafricaine s’embrase dans des violences intercommunautaires, Fatima, mère de 6 enfants, décide de quitter son pays seule, et après des semaines d’un parcours transfrontalier harassant, elle arrive finalement à Bamako où elle sollicite l’appui du HCR pour trouver un abri et des conditions de vie humainement acceptables.
Avec l’arrivée dans la foulée de ses 6 enfants à Bamako, Fatima, encore aujourd’hui sans nouvelles de son mari resté en République centrafricaine, obtient une prime d’installation par l’intermédiaire du HCR qui lui permet de s’installer et de s’acquitter d’un loyer et des dépenses alimentaires pour sa famille.
Comme pour Fatima, durant l’année 2015, ACTED a continué de doter d’une prime d’installation 120 familles nouvellement arrivées à Bamako sélectionnées en fonction de leur niveau de vulnérabilité.
Un accès facilité aux soins de santé primaires et à l’éducation
En 2015, Fatima s’est inscrite pour la première fois à la mutuelle de santé locale, avec l’appui d’ACTED, qui a intégralement pris en charge les frais d’adhésion et les cotisations de sa famille pour accéder aux soins de santé primaires.
En plus de l’assurance de savoir que ses enfants peuvent être soignés gratuitement, Fatima a aussi pu être opérée avec succès d’un ganglion au niveau de la gorge qu’elle avait contracté lors de son voyage vers le Mali.
Au total, 1 172 réfugiés ont pu bénéficier au cours de l’année des services de soins couverts par la mutuelle et ont été sensibilisés au fonctionnement de la mutuelle et au système de paiement dégressif établit en fonction de l’ancienneté des adhérents.
Les jeunes enfants de Fatima apprennent le Bambara à toute vitesse avec leurs camarades d’école et n’hésitent pas à démontrer avec espièglerie leurs progrès auprès de leur mère. Quatre des enfants de Fatima sont scolarisés au niveau primaire et secondaire. Ils ont bénéficié via ACTED d’un financement de leurs frais de scolarités et d’uniformes scolaires, et ont reçu un kit de fournitures scolaires chacun. Les actions d’ACTED et de l’UNHCR en faveur d’un meilleur accès à l’éducation ont ainsi soutenu et suivi plus de 400 enfants de réfugiés à travers leurs cycles scolaires respectifs en 2015.
Vers l’autosuffisance et des moyens d’existence renforcés
« J’ai toujours aimé la conduite » – Abdoulaye, l’un des ainés de la famille (19 ans), résume ainsi son enthousiasme pour l’apprentissage professionnel qu’il suit actuellement au sein d’une auto-école malienne, à l’image de 14 autres jeunes soutenus pendant 4 mois par ACTED dans différents centres de formation (coiffure, couture…) ; Abdoulaye espère ainsi pouvoir capitaliser sur ses nouvelles compétences et s’insérer de manière autonome et durable au sein du tissu économique malien.
Quant à Fatima, elle a récemment lancé son commerce de condiments et de poissons à Bamako ainsi que dans la région de Sikasso, en parallèle de 66 autres réfugiés qui ont eux aussi été accompagnés par ACTED dans le développement d’activités économiques porteuses. ACTED a apporté ainsi une contribution matérielle pour un premier approvisionnement sur le marché local et a conseillé les bénéficiaires dans la mise en place de leur projet à travers, par exemple, des formations sur la gestion entrepreneuriale. Pour Fatima, cette activité commerciale, source de revenus, est synonyme d’une plus grande sécurité et d’autonomisation économique dans la gestion de ses dépenses, mais représente aussi un pas de plus vers une intégration sociale renforcée.
Fatima qualifie ACTED de « deuxième maison », tout en échangeant avec l’agent d’ACTED en charge de faire le suivi de ses activités ; elle explique qu’elle a régulièrement assisté aux sessions interactives de sensibilisation mensuelles organisées par ACTED sur des thèmes choisis en concertation avec les réfugiés de toute les communautés, et qui ont été l’occasion de s’informer et d’échanger sur des problématiques de santé (paludisme, cancer, Ebola), d’éducation, de violences sexuelles et sexistes ou encore sur le fonctionnement des procédures administratives au Mali.
Comme pour Fatima, en 2016, le devenir des réfugiés urbains à Bamako s’inscrira dans des dispositifs d’assistance pour les plus vulnérables, avec le soutien de l’UNHCR et d’ACTED, et continuera vers une dynamique de réappropriation des moyens d’existence dans le contexte local d’accueil.