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Mali

Termes de référence de la recherche : Explorer la perception et la mesure des besoins - MLI2404 Mali, 16/01/2025, V1

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2. Justification

2.1. Contexte et informations générales

Le Mali est confronté à une crise humanitaire sévère depuis 2012. Le pays continue de faire face à une situation sécuritaire instable, avec des conflits et des violences qui affectent principalement les régions du nord et du centre.

Selon l’Aperçu des besoins humanitaires (HNO) 2024, il est estimé que 31% de la population, soit 7,1 millions de personnes au Mali, auront besoin d'assistance humanitaire, dont 23% de femmes et 54% d’enfants. Une sévérité accrue des besoins en matière de sécurité alimentaire a été relevée, avec 1,3 million de personnes estimées en situation d'insécurité alimentaire aiguë en 2024. En outre, les effets du changement climatique, notamment la sécheresse et les inondations, exacerbent la crise sécuritaire au Mali, affectant directement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de la population. Cette combinaison de facteurs rend les populations particulièrement vulnérables, en accentuant les défis socio-économiques déjà existants tels que la pauvreté, le manque d'accès aux services de base et les inégalités. Face à cette succession de chocs, les conséquences sur les modes de vie individuels et collectifs sont multiples, contraignant plusieurs centaines de milliers de personnes à se déplacer de manière forcée à travers le pays. En mai 2024, le nombre de personnes déplacées internes était estimé à 330 713. Parallèlement, l'instabilité sécuritaire dans les pays voisins du Mali a conduit à l'accueil de 66 700 personnes sur le territoire malien en 2024, comprenant des réfugiés, des rapatriés, des apatrides et des demandeurs d’asile. Dans ce contexte de crise multidimensionnelle en évolution rapide, l'obtention d'informations actualisées sur les besoins des populations touchées revêt une importance capitale pour éclairer le cycle de programmation humanitaire et orienter les décisions des acteurs humanitaires.

La MSNA 2024, ayant pour but de fournir des données actualisées et détaillées afin de faciliter une réponse humanitaire appropriée et efficace, montre de grandes divergences entre les besoins sectoriels mesurés des ménages (à travers l’indice des besoins multisectoriels, MSNI) et les besoins perçus des ménages (rapportés à travers l’échelle HESPER) pour chaque secteur. Dans un contexte ou la priorisation de l’aide est primordiale, il est pertinent d’explorer les divergences entre les besoins perçus et les besoins mesurés, et questionner la place que chacun pourrait prendre dans la planification humanitaire.

En ce sens, L'Indice de Sévérité des Besoins Multisectoriels (MSNI) attribue à chaque ménage un score de sévérité des besoins sectoriels, allant de besoins minimes (1) à extrêmes plus (4+). Un ménage est considéré comme étant dans le besoin avec un score de 3, 4 ou 4+. Le MSNI combine ces scores sectoriels pour fournir une catégorisation intersectorielle basée sur la même échelle.

Par ailleurs, l'Échelle HESPER, développée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le King's College de Londres, est une échelle de mesure des besoins auto-perçus dans un contexte d'urgence humanitaire. Elle consiste en 23 questions permettant aux ménages de signaler s'ils ont un problème grave ou non. Dix-sept de ces questions peuvent être catégorisées sous différents clusters sectoriels, permettant de définir un besoin sectoriel si le ménage déclare au moins un problème grave.

Dans cette optique, les questions de recherche de REACH se concentreront sur les divergences entre les besoins mesurés par la MSNI et les besoins auto-perçus. Le choix de comparer les besoins auto perçus à la mesure des besoins selon la MSNI repose sur l’interopérabilité de la MSNI. En effet, l’Indice des Besoins Intersectoriels constitue un cadre d’analyse indépendant, conçu pour fournir une vue d’ensemble des besoins humanitaires à l’échelle de la crise, et basé sur les mesures globales de chaque secteur. Ainsi, les bonnes pratiques et cadres analytiques développés par chaque cluster au niveau global sont utilisées dans la MSNI afin que les mesures quantitatives des besoins qui en découlent soient d’une part alignées avec celles de chaque secteur, et d’autre part représentent au mieux les différents aspects qui définissent conjointement un besoin sectoriel selon les experts.

La MSNA fait ressortir que les secteurs dans lesquels les besoins mesurés sont les plus prévalents divergent beaucoup des secteurs dans lesquels les ménages ont rapporté avoir des problèmes graves. Cette évaluation ciblera des secteurs dans lesquels ces divergences sont particulièrement marquées selon la MSNA 2024 pour approfondir la raison de ces divergences. Par exemple, la sécurité alimentaire (SECAL) est ressortie comme le secteur ou la divergence entre les besoins perçus et mesurés était la plus marquée : 47% des ménages l’ont mentionné comme un problème grave alors que 7% des ménages avaient un besoin mesuré en SECAL. Les moyens d’existence ressortaient aussi comme un problème grave pour environ la moitié des ménages (51%), alors que cette dimension n’est capturée que de manière transverse dans les cadres de mesure de besoins et dans la structure de réponse humanitaire. A l’inverse, certains secteurs comme la protection n’étaient pas rapportés par une grande proportion de ménage comme un problème grave (15%), alors que la crise Malienne se définit avant tout comme une crise sécuritaire. Afin de mieux comprendre ces divergences, l’évaluation s’appuiera sur les ressources existantes, y compris les cadres de mesure des besoins et les documents stratégiques de la réponse humanitaire, tout en prenant en compte les perceptions locales des populations affectées. Cela permettra de mieux cerner comment les besoins sont identifiés dans les stratégies humanitaires actuelles, tout en explorant comment ces besoins sont perçus par les communautés locales, et d'identifier des ajustements potentiels dans la réponse.

Conformément à la mission de REACH de fournir des données précises, des informations opportunes et des analyses approfondies dans des contextes de crise, de catastrophe et de déplacement, cette évaluation contribuera également à une approche de l'aide humanitaire centrée sur l'être humain en réduisant l'écart entre les perceptions de l'assistance par les bénéficiaires et les intentions programmatiques des organisations humanitaires. Ce faisant, les acteurs humanitaires seront mieux placés pour fournir une assistance de qualité, à la fois équitable/inclusive et pertinente, dans le respect des besoins auto rapportés des ménages.