Alors que la situation sécuritaire reste problématique, le Mali se remet lentement de la crise déclenchée par l’occupation du nord du pays par des groupes armés islamistes en 2012. L’offensive militaire menée par la France en janvier 2013, la création en avril 2013 de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la tenue pacifique des élections présidentielles et législatives dans la deuxième partie de l’année ont apporté une lueur d’espoir aux 353 000 personnes déplacées vivant encore dans des conditions extrêmement difficiles, permettant à beaucoup d’entre elles de se projeter dans l’avenir.
En avril 2014, un peu plus de 137 000 personnes étaient encore déplacées à l’intérieur du Mali, la moitié environ dans des centres urbains au sud du Mali. Face aux conditions de vie difficiles dans le sud, beaucoup entreprennent de regagner prématurément le nord. A leur retour, de nombreux obstacles se dressent devant ces PDI en quête de solutions durables : destruction de leurs maisons, insécurité alimentaire chronique, manque criant de services de base dans les domaines de la santé et de l’éducation notamment, difficulté à récupérer leurs biens et à reprendre durablement des activités génératrices de revenus. De nombreuses menaces compromettent encore la paix et la stabilité, en particulier en milieu rural où on ne compte plus les attaques de type guérilla, les actes de banditisme et les munitions non explosées et où on assiste à une aggravation des tensions ethniques, autant de facteurs qui compromettent les retours durables et causent de nouveaux mouvements de population et des déplacements secondaires, dont l’ampleur reste inconnue.
Face à la lenteur de la transition entre l’aide au développement et l’intervention d’urgence en 2012-2013, de nombreuses personnes se sont retrouvées laissées pour compte dans l’ensemble du pays. Le Mali doit désormais s’orienter de toute urgence vers la recherche de solutions durables tout en continuant à répondre aux besoins humanitaires actuels. Hélas, les investissements des bailleurs de fonds, qui s’inscrivent dans un sous-financement généralisé de l’action humanitaire, sont concentrés sur les infrastructures du nord du pays. L’accent mis sur ce secteur risque de détourner l’attention des besoins de relèvement rapide des populations touchées et pourrait conduire à négliger les soins psychosociaux, l’accès à la justice et le processus de réconciliation nationale, exposant les déplacés à un état de vulnérabilité prolongée.
Depuis que le Mali a ratifié la Convention de Kampala - la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance des personnes déplacées en Afrique - en décembre 2012, aucune mesure n’a été prise pour en favoriser la mise en oeuvre et aucune autorité publique n’a été désignée pour coordonner la protection et l’assistance aux PDI, ce qui constitue un obstacle supplémentaire à la mise en place de solutions durables pour les déplacés.