Dans ce rapport
- Ampleur de Violence Basée sur le Genre
- Information sur les profils des personnes survivantes
- Information sur les présumés auteurs
- Accès aux services de prise en charge holistique
- Recommandations
INTRODUCTION
La situation humanitaire au Mali demeure fragile et préoccupante en raison de la violence persistante, des effets du changement climatique, des inondations et du contexte sociopolitique, qui aggravent les défis socio-économiques et l'instabilité du pays.
L'environnement de protection des civils au Mali est instable, marqué par une intensification des opérations militaires et des attaques indiscriminées de groupes armés, notamment à Douentza-Hombori, MénakaAnsongo et Ménaka-Kidal. Ces violences, incluant des blocus, entravent l'aide humanitaire et de nombreux rapports d'incidents violents et de violences sexuelles, rendant l'accès aux populations vulnérables difficile. Des violations des droits humains dont les violences sexuelles, y compris les incidents de viols ont été signalées lors d'attaques et d'extorsions, contre des forains principalement. Dans un climat d'impunité, on constate une augmentation des risques de protection pour les femmes et les filles. En effet, selon le monitoring de protection, de janvier à septembre 2024 8767 violations rapportées ont touché les femmes et les filles contre 2757 à la même période en 2023 soit une hausse de 217%.
En septembre 2024, la matrice de suivi des déplacements (DTM) a identifié 378 363 personnes déplacées internes (PDI) au Mali, dont 58% sont des femmes et des enfants, à la suite de l'insécurité, des opérations militaires et des inondations. Ce chiffre s'ajoute aux 120,000 réfugiés présents au Mali en juin 2024 selon le HCR, marquant une augmentation de 54% par rapport à décembre 2023. Ces populations vulnérables sont exposées à des risques accrus de VBG, notamment en raison du manque de protection et de services de base. Les inondations au Mali depuis août 2024 ont affecté 259 795 personnes dans 19 régions, dont plus de 70% sont des femmes et des enfants, selon le rapport d'OCHA du 3 octobre. La région de Ségou est particulièrement touchée avec 73 080 sinistrés. Ces inondations aggravent la situation humanitaire et augmentent les risques pour les femmes et les filles, notamment en termes de VBG.
L'accès humanitaire au Mali reste difficile, surtout dans les zones sous contrôle des groupes d’opposition armés ou affectées par des blocus. L’accès aux populations déplacées et sinistrées est fortement entravé par la présence d'engins explosifs improvisés (EEI) et de restes explosifs de guerre, ce qui constitue un risque majeur de protection. Ces obstacles perturbent la chaîne d'approvisionnement, empêchant l'acheminement de l'aide humanitaire, en particulier des denrées alimentaires de première nécessité. Des évaluations récentes, telles que l’Évaluation Rapide de protection (ERP) menée en juillet 2024, dans la commune de Sio, indiquent que les actions de réponse sont largement insuffisantes face aux besoins croissants des populations affectées. La totalité des ménages déplacés internes font face à d’importants risques de protection, notamment en raison de la dégradation des conditions de vie, du manque d’accès aux services de base, et de la vulnérabilité accrue des femmes et des enfants. En somme, l'environnement de protection des femmes et des filles au Mali reste extrêmement fragile.
L'augmentation des risques de violences basées sur le genre, combinée aux activités des groupes d’opposition armés, aux opérations militaires et aux conséquences des catastrophes naturelles, exacerbe les vulnérabilités des groupes les plus marginalisés. Les efforts de protection doivent être intensifiés pour répondre aux besoins spécifiques des femmes et des filles, en particulier dans les régions où l'accès humanitaire est limité. Des solutions durables sont également nécessaires pour atténuer les impacts du changement climatique et des conflits sur les populations civiles.