II. Analyse globale de la situation de protection
La situation de protection des populations civiles dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao, Ménaka et Kidal reste préoccupante et nécessite une attention particulière de la part de tous les acteurs de la protection et singulièrement des autorités administratives. En effet, les incidents de protection continuent de se multiplier et ont pour causes principales l’absence des forces de l’ordre et de l’administration dans plusieurs localités des régions du nord et du centre ; la libre circulation des armes de guerre et aussi le chômage des jeunes.
La période sous revue a été surtout marquée à Gao par l’attentat à la voiture piégée contre le camp du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) abritant les combattants réunis dans le cadre de la mise en œuvre des patrouilles mixtes. Ledit incident a fait un nombre important de victimes (morts et blessés). Outre cet incident à Gao, de vives tensions ont été également enregistrés durant cette période entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et le Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) dans les régions de Kidal et de Ménaka. Aussi, l’ouverture d’une base militaire de la force Barkhane à Abeibara (Kidal) aurait créé une peur au sein des communautés et aurait provoqué le déplacement de 100 ménages dont 89 enfants vers Kidal, la frontière Algérienne et les alentours d’Abeibara.
Dans la région de Mopti, il y’a eu des affrontements entre bambara et peulh dans le Cercle de Tenenkou ayant occasionné des morts et des blessés mais aussi le déplacement massif de ménages bambara et peulh vers les localités jugées plus sécurisées dans la région (Tenenkou, Diafarabé) et dans d’autres régions (Macina, région de Ségou). La région de Mopti pendant la même période, s’est fait également remarquer par les nombreux cas d’assassinats ciblés d’élus communaux (exemple des maires de Boni et de Mondoro dans le cercle de Douentza) et aussi de personnes influentes (un influent commerçant bambara, un imam Tamashek très respecté et un chasseur donzo).
A Tombouctou, la période a été marquée principalement par la marche organisée le 25 février par la jeunesse pour montrer leur hostilité à la présence des bars dans la ville. Cette marche s’est soldée par le saccage de 6 bars et 3 maisons incendiées. D’autres manifestations de protestation ont été enregistrées vers la fin du mois de février contre l’installation des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou, Gao et Ménaka.
Aussi, tous ces évènements ont fortement contribué à la détérioration de l’environnement de protection des populations civiles dans ces régions couvertes par le monitoring. Il est donc nécessaire que l’Etat et ses partenaires redoublent d’effort pour une meilleure sécurisation des populations civiles et surtout pour recoudre les tissus sociaux si fragilités dans ces régions du nord et du centre.