RÉSUMÉ : Entre le 12 et le 18 mai, 211 posts sur les médias sociaux concernant le secteur de l'aide ont généré 1 919 commentaires à travers le Niger, le Mali et le Burkina Faso - une augmentation de 325% du nombre de commentaires par rapport à la période de suivi précédente (05-11 mai), stimulée par des niveaux élevés d'engagement au Mali à la suite de l'appel de l'ONU pour protéger les partis politiques.
SPOTLIGHT SUR : L’ONU critique l’abrogation de la Charte des partis au Mali, déclenchant une vive réaction en ligne
Entre le 15 et le 17 mai, dix messages publics diffusés sur les réseaux sociaux — cinq sur Facebook et cinq sur X — ont suscité un vif débat en ligne, en réaction à l’appel des Nations Unies adressé aux autorités de transition maliennes pour revenir sur l’abrogation de la Charte des partis politiques. Cette décision, annoncée le 13 mai, a été critiquée par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, inquiet qu’elle puisse compromettre le pluralisme politique et les libertés fondamentales.
Une page Facebook a concentré la majorité des échanges, générant 1 590 des 1 669 commentaires recensés. Parmi eux, 95,3 % exprimaient une opinion négative envers l’ONU, 4,3 % étaient neutres (principalement des questions ou remarques rhétoriques) et seulement 0,4 % soutenaient l’ONU ou partageaient ses préoccupations.
Ce qui s'est passé
La déclaration onusienne visait à réaffirmer les principes démocratiques, mais les réactions en ligne ont surtout porté sur la souveraineté nationale, la légitimité internationale et la méfiance à l’égard des institutions multilatérales. Si certains internautes ont posé des questions sur la trajectoire politique du pays ou sur le rôle des Nations Unies, la majorité a exprimé un rejet clair de ce qu’ils perçoivent comme une ingérence étrangère. Le ton des échanges était souvent conflictuel ou moqueur. L’ONU y était décrite comme partiale, inefficace ou au service d’intérêts extérieurs. Des comparaisons fréquentes ont été faites avec d’autres crises géopolitiques — notamment à Gaza et en Ukraine — que plusieurs commentateurs estiment plus urgentes et négligées par l’ONU.
- Un post sur X, réagissant aux critiques onusiennes, interrogeait l’efficacité de l’ONU face au terrorisme, et reprochait à l’ONU son silence sur les accusations de soutien français aux groupes terroristes. Bien que peu visible (environ 800 vues et 7 commentaires), ce message reflétait des ressentis largement partagés dans les autres échanges.
- Un commentaire qualifiait l’ONU de « vaste escroquerie impérialiste » et de « plaisanterie », affirmant qu’elle avait perdu toute crédibilité et n’avait aucune légitimité pour faire la leçon à l’Afrique. Un autre faisait référence à Nkrumah et Kadhafi comme symboles de l’indépendance panafricaine, évoquant une continuité dans la volonté de réduire l’influence étrangère sur le continent. Plusieurs messages ont repris cette rhétorique, dénonçant l’hypocrisie et l’inutilité perçues de l’ONU.
- Le compte à l’origine de ce message est anonyme, arborant des symboles associés à l’armée malienne et à l’Alliance des États du Sahel (AES). S’il n’est pas influent, il représente un courant d’utilisateurs contribuant à façonner le récit dominant : l’ONU n’a pas sa place dans la trajectoire politique actuelle du Mali. Le langage et le ton employés concordent avec la majorité des 1 591 commentaires négatifs, centrés sur la souveraineté, l’autodétermination et le rejet de toute intervention extérieure.
Ce que cela nous apprend
- L’intervention de l’ONU est perçue comme une ingérence étrangère: Nombreux sont les commentaires affirmant que les décisions politiques du Mali doivent relever uniquement des Maliens, rejetant toute influence extérieure, y compris celle de l’ONU.
- Les autorités de transition bénéficient d’un large soutien: Beaucoup voient dans l’abrogation de la Charte des partis non pas un recul démocratique, mais une réforme nécessaire. Les partis politiques sont fréquemment accusés de corruption ou de complicité dans l’instabilité passée.
- Le débat a été marqué par de fortes expressions de souveraineté: La phrase « Le Mali appartient aux Maliens » est revenue de manière récurrente. Pour beaucoup, la position de l’ONU apparaît comme une remise en cause de l’indépendance du pays plutôt qu’une défense des normes démocratiques.
- Des interrogations ont émergé sur les priorités de l’ONU: Certains internautes ont remis en question l’inaction présumée de l’ONU face aux plaintes du Mali contre la France, ou son rôle dans des conflits comme ceux de Gaza ou de l’Ukraine.
- Les commentaires neutres révèlent une compréhension limitée du rôle de l’ONU: Parmi les 71 commentaires neutres, beaucoup posaient des questions élémentaires telles que : « Qu’est-ce que l’ONU ? », « Est-ce un parti politique ? », ou encore « L’ONU a-t-elle créé le Mali ? »
- La confiance dans les institutions multilatérales est faible: La réaction très négative à la déclaration de l’ONU montre que sa réputation seule ne suffit pas à garantir l’adhésion. La manière dont les messages sont formulés, transmis et perçus influence fortement leur réception.