Aperçu de la réponse
Le Mali continue de faire face à une augmentation de la sévérité des besoins humanitaires en raison de persistance de la violence liée au conflit et des effets négatifs du changement climatique et des défis socio-économiques.
Au cours du premier semestre 2024, la situation humanitaire au Mali est donc restée particulièrement préoccupante avec la poursuite des déplacements de populations, l’augmentation des contraintes d’accès et la détérioration de l’environnement de protection. Au cours de la période considérée, les opérations militaires contre les groupes armés non-étatiques (GANE) se sont intensifiées dans le centre et le nord du Mali ainsi que dans les pays voisins. Dans le même temps, les GANE ont poursuivi leurs attaques délibérées contre les populations civiles et ont imposé un nombre croissant de blocus sur des villages et des axes routiers clés tels que Douentza-Hombori (région de Mopti), Menaka-Ansongo et Menaka-Kidal, entravant considérablement l’acheminement de l'aide humanitaire à travers le pays.
Dans ce contexte, d'importants déplacements de populations ont continué d'être enregistrés.
Les régions centrales et du nord du Mali ont reçu un nombre accru de réfugiés du Burkina Faso et du Niger dans une moindre mesure.
En juin 2024, UNHCR estimait que le Mali accueillait plus de 120 000 réfugiés (dont 92 449 déjà enregistrés), soit une hausse de 54% par rapport aux chiffres de décembre 2023. Par ailleurs, au moins 330 713 personnes déplacées ont été identifiées par la matrice de suivi des déplacements (DTM) en mai 2024 dont 86% de femmes et des enfants. Les femmes et les enfants représentent plus de 50% de ces populations déplacées de force avec des besoins chroniques à travers l’ensemble des secteurs. En mars 2024, les résultats du Cadre Harmonisé ont notamment démontré que l'insécurité alimentaire et nutritionnelle avait atteint des niveaux alarmants avec près de 1,3 million de personnes (6% de la population) menacées par la faim pendant la période de soudure. Il convient de souligner que le Mali était le seul pays de la sous-région faisant face à des niveaux d’insécurité alimentaire catastrophiques, avec 2 575 personnes en IPC 5 enregistrées dans la région de Ménaka. L’environnement de protection s’est également détérioré avec une recrudescence des violences basées sur le genre, des violences sexuelles liées au conflit, de l’augmentation des risques de recrutement mais également de l’utilisation des enfants par les forces et groupes armés, ainsi que d’autres violations graves contre les enfants dans les zones de conflit. De janvier à avril 2024, 12 716 violations des droits humains ont été rapportées par le système de monitoring de protection. Ces chiffres correspondent à une augmentation de 78% comparé à 2023 ou 2 827 violations avaient été documentées en 4 mois. Par ailleurs, avant la rupture scolaire causée par les conflits, le changement climatique et les déplacements exposent non seulement les enfants aux risques d’abus, de violence et d’exploitation, mais entrave également leur potentiel de développement futur. Selon le dernier rapport du groupe sectoriel éducation du mois de mai, plus de 90% des écoles non fonctionnelles au Mali, soit 1 788 écoles, ont fermé leurs portes du fait de l’insécurité et des crises humanitaires. 540 000 élèves et 11 000 enseignants sont affectés. La situation est particulièrement préoccupante dans les régions de Kidal et Ménaka avec 72% et 48% des écoles non fonctionnelles, affectant respectivement près de 70 000 élèves et 1 300 enseignants.
Au cours de la période considérée, la multitude d'acteurs armés non étatiques sur le terrain, ainsi que les opérations militaires en cours, ont exacerbé la complexité du contexte opérationnel des partenaires humanitaires. L'insécurité élevée et les risques criminels ont entravé l'accès des acteurs humanitaires, qui ont été exposés au risque d'être impactés par les hostilités, d'être victimes d'engins explosifs, de braquages de véhicules, de mesures/contrôles illégaux, d'enlèvement ou de détention temporaire, d'intimidation et de détournement de l'aide. Par ailleurs, le nombre croissant de zones d'opérations militaires et les contraintes physiques supplémentaires telles que la détérioration de la sécurité des routes, des rivières, des pistes d'atterrissage et des infrastructures entraînent des retards, des coûts plus élevés et des perturbations de la réponse humanitaire.
En dépit d’un niveau de sous-financement préoccupant et de contraintes d'accès et logistiques croissantes, les partenaires humanitaires sont restés engagés dans l’ensemble du pays et venus en aide à 746 000 personnes sur 7 100 000 de personnes en besoin d’assistance d’urgence. Sur les 701 600 000 de dollars requis dans le cadre du Plan de réponse humanitaire (HNRP) 2024, seuls 18% ont été mobilisés, ce qui a contraint les partenaires à faire des choix difficiles, y compris réduire la quantité d’assistance afin de pouvoir atteindre les personnes affectées dans les zones les plus reculées. Durant le premier semestre de l’année 2024, les partenaires de la sécurité alimentaire et nutrition sont venus en aide à 746 000 personnes quand 20 700 personnes ont bénéficié de services de protection et 147 200 personnes ont reçu un soutien éducatif. En outre, les partenaires de l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement ont aidé 212 500 personnes et les partenaires de la santé 153 800 personnes. De plus, des abris et les articles non alimentaires ont été mis à la disposition de 62 000 personnes et la réponse réfugiés a touché 43 100 personnes.
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