CONTEXTE
Le cercle de Bankass est aujourd’hui au centre des violences intercommunautaires qui déstabilisent la région de Mopti. Depuis le début de l’année 2019, le cercle de Bankass a enregistré des dizaines de cas d’attaques impliquant différents Groupes Armés Organisés (GAO) actifs dans la zone, et affectant directement les populations civiles. La création de GAO autoproclamés d’autodéfense, souvent montées sur base identitaire, a largement endommagé les relations intercommunautaires entre populations dans le cercle de Bankass.
Le bilan de l’attaque du village d’Ogossagou-Peulh par des individus armés est le plus lourd depuis le début du conflit affectant les cercles du Pays Dogon :
-
Au moins 160 morts, dont 154 ensevelis dans trois tombes communes [Source : gendarmerie,
OCHA] ; -
65 blessés enregistrés au CSRéf, dont 28 hommes, 37 femmes, 22 enfants. Parmi ces personnes nécessitant une prise en charge médicale d’urgence, 42 blessés graves (dont 21 enfants) ont été évacués à l’Hôpital Sominé Dolo à Sévaré [Source : CSRéf de Bankass].
-
410 maisons brûlées, 80 greniers brûlés et des dizaines d’animaux abattus [Source :
Gendarmerie].
Le village de Welingara, voisin d’Ogossagou-Peulh, a également été menacé le même soir. Néanmoins, les populations ont pu fuir vers le village de Guiwagou avant l’arrivée des assaillants. Ces derniers ont assassiné les personnes restées sur place, dont une femme âgée. Depuis l’attaque, les survivants se déplacent vers Guiwagou, ainsi que vers Diamnaty pour rejoindre les principaux centres urbains (Bankasfs, Sévaré). Des dizaines de survivants sont encore actuellement à Ogossagou-Peulh. Le village voisin d’Ogossagou-Dogon, séparé du premier par une route, n’a pas été affecté par les violences du 23 mars 2019.
Suite à cette attaque, le Conseil Danois pour les Réfugiés (DRC) a déployé une équipe constituée de 3 Officiers Psychosociaux, 1 Officier Protection de l’Enfance, 1 Moniteur de Protection, 1 Superviseur de Protection, 1 Responsable de Projet Protection et un Point Focal Sécurité sur les sites de OgossagouPeulh, Guiwagou, Diamnaty, et au sein du CSRéf de Bankass pour évaluer les besoins prioritaires de protection des populations survivantes à l’attaque. Du fait de la nature des violences, et des informations préliminaires transmises par la première mission d’évaluation conjointe du 25 mars 2019 et par le CICR le 26 mars 2019, une attention particulière a été portée à l’évaluation des besoins de prise en charge psychosociale d’urgence pour les survivants de l’attaque.
Les résultats de cette évaluation rapide de protection sont détaillés dans le rapport ci-dessous.
Globalement, les habitants d’Ogossagou-Peulh et de Welingara ainsi que les déplacés de ces deux villages sont aujourd’hui extrêmement vulnérables sur tous les plans. La destruction des habitations, des greniers, et la perte de leur bétail les expose à des risques de protection majeurs. Le choc traumatique des attaques est palpable, et nécessite une réponse psychosociale immédiate pour réduire le niveau de stress des survivants, les accompagner dans leur récupération, et dans le processus de reconstruction tant matériel qu’individuel.