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Mali

Mali : Note de protection (Juillet - Septembre 2024)

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Aperçu général de la situation sécuritaire et de protection

Le troisième trimestre de 2024, a été caractérisé par une baisse modérée de 23% des violations de droits humains enregistrées par le système de monitoring de protection (8 312) par rapport au trimestre précèdent (10 415), qui s’explique par l’intensification des opérations militaires et des patrouilles des FAMa ainsi que par l’inaccessibilité de plusieurs localités par les groupes armés à la suite de catastrophes naturelles liées aux inondations en particulier durant aout-septembre 2004.Néanmoins, le contexte sécuritaire et de protection pendant la période sous revue reste volatile et préoccupante, surtout au nord et centre du pays, confirmant les tendances des trimestres précédents, avec une hausse de 70% par rapport à la même période en 2023 (4 004). Tout comme au deuxième trimestre 2024, les catégories de violations les plus fréquentes, sont les atteintes à l’intégrité physique et/ou psychique (4 387), les atteintes au droit à la propriété (2 905) et le mouvement forcé de population 2 180). Gao est la région la plus touchée avec 3 434 violations de protection documentées, suivi par Mopti (2 776), Ségou (1 627) et Tombouctou (966). Cependant, tout comme au deuxième trimestre, Kidal a observé la plus grande hausse (174 %) des violations de protection par rapport au même trimestre en 2023 (672 vs.46 incidents), suivi de Gao avec une hausse de 166% (3 434 vs.315 incidents) et Ménaka avec une hausse de 152% (495 vs 68 cas).

Dans le cadre de l’enquête sur la perception (P21), on constate également une légère baisse des sentiments d’insécurités des communautés. En effet, 49% de ménages interrogés au cours du deuxième trimestre 2024 ont confirmé ne pas se sentir en sécurité dans leur communauté contre 48% au troisième trimestre 2024. Les principales raisons avancées par les personnes interrogées sont la présence d’acteurs armés non étatiques et la faible présence des autorités étatiques. 67% des ménages interrogés ont cité des restrictions de mouvement, principalement en raison des activités des groupes armés.

Les mêmes risques de protection et violations des droits humains que les mois précédents persistent. Il s’agit, entre autres, des conflits armés, des incursions et attaques des groupes armés contre les populations civiles dans les villages et sur les axes routiers, de la présence d’engins explosifs improvisés et restes explosifs de guerre, de l’imposition des restrictions de mouvement, du banditisme et de la criminalité résiduelle (braquage, extorsions, enlèvement, violences sexuelles. Les blocus sur des villages et des axes routiers tels que Douentza-Hombori (région de Mopti), Ménaka-Ansongo, et Ménaka-Kidal ont un impact direct sur l’acheminement de l’aide humanitaire en particulier des denrées alimentaires et d’autres produits de première nécessité, maintenant les communautés dans la précarité. Par endroit, l’insécurité a entrainé un grand ralentissement sur l’évolution de économie locale et l’accès aux services sociaux de base ou d’autres services essentiels. Les groupes armés continuent d’imposer des règles strictes (codes vestimentaires, interdiction des fêtes, prélèvement du Zakat) aux populations civiles limitant leurs libertés fondamentales. Les populations continuent à se déplacer pour ne pas subir ces violations et risques de protection.

Le nombre de personnes déplacées internes (PDI) a augmenté en raison de l’insécurité, et des inondations entre autres. En septembre 2024, la matrice de suivi des déplacements (DTM) a identifié 378 363 PDI contre 330 713 en mai 2024. Parmi les PDI, 58% sont des femmes et des enfants, soulignant la vulnérabilité accrue de ces groupes face aux risques de protection et aux violations de droits humains, notamment les violences basées sur le genre (VBG). À cette situation de conflit s’ajoute l’accueil d’un nombre croissant de réfugiés à cause de la situation sécuritaire volatile dans les pays voisins. Ces populations sont exposées, entre autres, à des risques de violences basées sur le genre, de mariage d’enfants et/ ou mariage forcé, des enlèvements, des entraves ou restrictions illégales à la liberté de circulation, des abus psychologiques/émotionnels et de la présence d’engins explosifs. Cette exposition est liée à l’absence de mécanismes de protection efficaces et du manque d’accès aux services de base. Par ailleurs, les localités d’accueil de refugiées subissent elles-mêmes les effets néfastes provoqués de la présence des groupes armés et les affrontements entre les Forces de Défense et de Sécurité et les groupes armés.