I. Aperçu général de la situation sécuritaire et de protection
L’environnement de protection et de sécurité au nord, centre et sud du pays reste très volatile et préoccupante pendant la période sous revue, avec 10,415 violations de droits humains documentées et enregistrées par le système de monitoring de protection contre 8, 698 au cours du trimestre précèdent. Cette situation constitue une augmentation de 265% par rapport à la même période en 2023 (2,856). Tout comme au premier trimestre 2024, les catégories de violations les plus fréquentes, sont les atteintes à l’intégrité physique et/ou psychique (4,387), les atteintes au droit à la propriété (2,905) et le mouvement forcé de population (2,180). Gao est la région la plus touchée avec 3,434 incidents de protection documentés, suivi par Mopti (2,776), Ségou (1,627) et Tombouctou (966). Néanmoins, comme dans le trimestre précédent, Kidal a observé la plus grande hausse (1,361 %) des incidents de protection par rapport au même trimestre en 2023 (672 vs.46 incidents), suivi de Gao avec une hausse de 990% (3,434 vs.315 incidents) et Ménaka avec une hausse de 628% (495 vs 68 cas)
Dans le cadre du système de monitoring de protection (P21), 49% des ménages interrogés au cours du deuxième trimestre 2024, ont confirmé ne pas se sentir en sécurité dans leur communauté contre 50% au premier trimestre 2024. Les raisons principales sont l’absence des autorités étatiques et la présence d’acteurs armés non étatiques., tandis que 81% ont cité des restrictions de mouvement, principalement en raison des activités des groupes armés.
Le contexte sécuritaire pendant le mois d’avril a été marqué par des incursions des groupes armés non étatiques (présumés radicaux) dans les villages et hameaux des régions du nord, centre et sud du pays, qui continuent d’impacter l’environnement de protection.
Les affrontements entre les groupes armés rivaux ou entre les groupes armés et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont entrainé des mouvements de population vers les pays limitrophes ou vers le sud du Mali.
Cependant, en ce qui concerne les déplacements de populations à l’intérieur du pays, la matrice de suivi des déplacements (DTM) de mai 2024, publiée par l’OIM et le ministère de la Santé et du Développement social, rapporte que 330,713 personnes sont déplacées à l’intérieur du Mali, soit 87 623 ménages. Ces données illustrent une diminution de 24 026 personnes déplacées (7%) par rapport à décembre 2023. Les baisses les plus significatives sont observées dans les régions de Tombouctou, Mopti, Koulikoro, Koutiala et Taoudenni. Cette légère réduction du nombre total de déplacés est attribuée à l’utilisation de la biométrie et à l’amélioration progressive de la situation sécuritaire dans certaines localités du centre et du nord du Mali. Malgré cette diminution la situation sécuritaire dans certaines zones situées au centre du pays reste toujours une grande préoccupante pour les populations vivant dans ces localités.
Les besoins de protection augmentent de jour en jour pour les populations qui ont décidé de ne pas rester dans leurs villages de résidence. L’accès humanitaire demeure difficile, en particulier pour les véhicules de transport des marchandises dans certaines localités. Il ressort des différentes évaluations réalisées par des acteurs humanitaires, (par exemple l’ERP dans la commune de Sio réalisée du 23 au 25 juillet 2024), que les actions de réponses sont faibles par rapport aux besoins croissants de ces populations affectées. La totalité des ménages déplacés internes font face à d’énormes risques de protection. L’accès limité à ces localités perturbe la chaine d’approvisionnement et prive les populations civiles des denrées alimentaires de première nécessité. La présence d’engins explosifs improvisés et restes explosifs de guerre, complexifie l’accès aux différentes localités et demeure également un risque majeur de protection pour la population civile.
Le mois de mai 2024, a été marqué par des opérations militaires dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou,
Gao, Ménaka et Kidal, accentuant l’insécurité et augmentant les violations des droits humains. Dans les différentes localités, la présence des personnes armés non identifiées (PANI) et des groupes armés non étatiques (GANE) constitue une menace majeure pour la sécurité des populations locales. Certains de ces groupes ont été impliqués dans des attaques contre des civils, des enlèvements et d’autres violations des droits humains. Tout comme au mois d’avril 2024, le mois de mai a continué d’enregistrer des déplacements massifs de populations des villages vers les grandes villes, notamment vers Gao ville, Goundam, Macina ville, Niono et Ségou. Dans les zones d’accueil, les personnes déplacées sont souvent confrontées à des difficultés telles que l’accès à la nourriture, à l’eau potable, aux services de l’éducation pour les enfants, aux soins de santé, ainsi qu’à un risque accru d’exploitation et d’abus.
La situation de protection au Mali a demeuré critique et complexe en juin, marquée par des défis persistants liés aux conflits armés et aux violences intercommunautaires. Les régions affectées, telles que le nord et le centre du pays, continuent de faire face à une insécurité généralisée, exacerbée par des attaques des groupes armés non étatiques (présumés radicaux), des affrontements entre groupes armés et des violations récurrentes des droits humains. Malgré les efforts déployés par les autorités nationales, la protection des civils reste une préoccupation majeure dans le pays. Les populations locales, déjà éprouvées par des années de déplacements forcés et de privations, sont confrontées à des risques accrus de violences, d’exploitation et de déplacement supplémentaire.