RESUME
La dégradation sécuritaire observée ces dernières semaines au Mali a atteint un niveau particulièrement préoccupant. Les chiffres du mois de mars 2025 révèlent une aggravation significative des violences, avec 3 874 violations enregistrées contre 1 574 le mois précédent, traduisant une augmentation de près de 146,12%. En comparaison, mars 2024 avait enregistré environ 2 090 violations, montrant une tendance à la hausse sur les deux dernières années.
Cette recrudescence s'explique principalement par l'intensification des activités des groupes armés et l'accroissement des opérations militaires sur l'ensemble du territoire national. Les attaques se sont généralisées à divers types de cibles, affectant indistinctement zones urbaines, villages, axes de circulation et espaces privés. Les analyses du mois de mars 2025 identifient trois catégories d'auteurs : des éléments armés non identifiés, des groupes structurés et des acteurs locaux impliqués dans des conflits communautaires.
La région de Ségou-San illustre cette tendance avec une augmentation de 20% des violations et atteintes aux droits de l’homme, conséquence directe des attaques contre les forces régulières et les milices d'autodéfense, ainsi que de l'aggravation des tensions intercommunautaires. L'année précédente, cette région avait déjà connu une hausse des violences, mais moins marquée, avec environ 15% de hausse.
La situation la plus dramatique concerne les régions septentrionales de Tombouctou et de Taoudenni, où le nombre d'incidents a quintuplé pour atteindre 1 316 cas. Cette explosion des violences s'inscrit dans une stratégie délibérée des groupes armés visant à établir un contrôle économique territorial par divers moyens coercitifs, dont les extorsions, les prélèvements illicites de taxes et les enlèvements. En mars 2024, ces régions avaient enregistré environ 260 incidents, ce qui montre une augmentation spectaculaire en 2025.
Dans le centre du pays, la région de Mopti connaît une détérioration sans précédent avec une multiplication par cinq des incidents, totalisant ainsi 1 581 cas. Cette situation critique résulte de la conjugaison de deux facteurs : l'activisme accru des groupes armés et l'afflux important de réfugiés en provenance du Burkina Faso voisin. En comparaison, Mopti avait enregistré environ 320 incidents en mars 2024, ce qui montre une augmentation dramatique en 2025.
À l'inverse, les régions orientales de Gao, Ménaka et Kidal enregistrent une légère amélioration, avec une baisse de 14% des incidents attribuable au renforcement des dispositifs de sécurité dans la zone, notamment par le déploiement accru de patrouilles et l'utilisation de moyens aériens. L'année précédente, ces régions avaient connu une légère augmentation des incidents, ce qui rend la baisse de 2025 notable.