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Mali

Mali : La dissolution des partis politiques est un pas dans la mauvaise direction, avertissent des experts de l'ONU

GENÈVE - La signature d'un décret le 13 mai 2025 dissolvant tous les partis politiques et « organisations à caractère politique » et la promulgation d'une législation abrogeant les lois précédentes sur les partis politiques envoie un signal extrêmement négatif quant à l'engagement du Mali en faveur des droits humains, a averti aujourd'hui un groupe d'experts indépendants en matiere des humains*.

« Ces lois doivent être immédiatement abrogées », ont déclaré les experts. « L'adoption de ces lois est un pas dans la mauvaise direction pour le pays. Il n'est pas trop tard pour que le président Goïta arrête cette spirale descendante et change de cap.

Le 13 mai 2025, le président de transition, le général d’armée Assimi Goïta, a signe un décret dissolvant tous les partis politiques et les « organisations de nature politique » et a promulgué une loi abrogeant les lois antérieures régissant et protégeant les partis politiques.

« Il ne s'agit là que de la plus recente étape de l'érosion et de la répression systématique d'un espace civique et d'un État de droit déjà réduits dans le pays, dans un contexte de restrictions, d'attaques et de déclarations stigmatisantes croissantes à l'encontre des critiques et des voix dissidentes, y compris les organisations de la société civile, les défenseurs des droits humains et les professionnels des médias », ont déclaré les experts.

« Nous sommes choqués que ces législations aient été adoptées malgré l'appel que nous avons lancé il y a deux semaines et les assurances données par le gouvernement du Mali que l'abrogation des lois existantes ne remettait pas en question l'existence des partis politiques », ont-ils déclaré.

Les experts ont averti que le décret du 13 mai marque une volonté des autorités maliennes d'interdire et de criminaliser l'existence et les activités des partis politiques, ainsi que toute organisation qu'elles qualifient de « politique » et toute personne qui les soutient, leur témoigne de la sympathie ou leur est associée de près ou de loin. « Sa formulation vague et large ouvre la porte aux arrestations et détentions arbitraires, au harcèlement judiciaire et aux poursuites contre les personnes qui ne font qu'exercer leurs droits, y compris le droit à la liberté d'association », ont-ils déclaré.

Les experts ont souligné qu'en dépit de l'intention déclarée de « mettre fin à la prolifération des partis politiques », la nouvelle législation semble viser à instaurer un climat de peur, à intimider, à réduire au silence et à punir les critiques, les voix dissidentes ou toute personne impliquée dans des activités jugées indésirables par les autorités maliennes de transition. « Ces lois risquent d'avoir un effet dissuasif sur la société malienne dans son ensemble », ont-ils déclaré.

« Les autorités maliennes de transition devraient engager un dialogue pacifique et véritablement inclusif avec tous les acteurs impliqués dans les processus de réforme juridique au lieu de recourir à la répression des critiques et des voix dissidentes », ont déclaré les experts.

Ils ont exhorté la communauté internationale à redoubler d'efforts pour soutenir le respect, la protection et la promotion de tous les droits humains pour tous au Mali.

Les experts ont réitéré leur volonté d'appuyer le gouvernement du Mali dans ses efforts pour réviser sa législation sur les partis politiques et les activités politiques afin d'assurer la conformité avec les normes et standards internationaux en matière de droits humains.