Résumé des besoins humanitaires
PERSONNES DANS LE BESOIN 7,5 M
PERSONNES DANS LE BESOIN AIGU 5,3 M
FEMMES 52%
ENFANTS 56%
PERSONNE AVEC UN HANDICAP 15%
La crise multidimensionnelle sévissant au Mali arrive à sa dixième année en 2022 dans un contexte marqué par une transition politique dont la trajectoire est peu lisible avec des débuts de sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les principaux moteurs de la crise demeurent les chocs préexistants que sont :1) les conflits/l'insécurité, 2) les catastrophes naturelles (sécheresses et les inondations) et 3) les urgences sanitaires et les épidémies dont la COVID-19. L'utilisation d'engins explosifs improvisés EEI, la destruction d'antennes de communication, de ponts et de routes, l'encerclement des villages et des marchés par les groupes armés et les opérations militaires anti-insurrectionnelles entravent l'accès des populations aux services et aux moyens de subsistance et empêchent la mobilité du personnel et des produits humanitaires. De plus, le sousdéveloppement et la pauvreté chronique, les inégalités sociales, l’absence de l’Etat et de ses services sociaux de base dans certaines zones affectées par la crise, contribuent à aggraver la vulnérabilité des populations, à détériorer la situation humanitaire, à fragiliser leurs capacités à faire face aux différents chocs et poussent des ménages à recourir à des stratégies de survie négatives dont les enfants et les femmes sont les plus exposés.
En termes d’expansion géo spatiale, la crise continue de sévir dans les régions du Nord (Taoudénit,
Tombouctou, Gao, Ménaka et Kidal) et le centre du pays (Mopti et Ségou), avec une propagation grandissante dans les régions ouest et sud du pays (Kayes, Koulikoro, Sikasso). Outre cette distribution territoriale, la zone du Liptako Gourma (ou des “trois frontières” entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger) devient de manière incontestable l’épicentre de cette crise multiforme, confirmant ainsi la transnationalisation de cette urgence humanitaire complexe. Dans cette expansion spatiale des chocs qui se superposent, les groupes de populations prioritaires dans l’analyse et la sévérité des besoins sont : les personnes déplacées internes (PDI), les retournées, les rapatriées, les réfugiés les migrants ainsi que les populations autochtones des zones affectées.
Comme conséquence des chocs et facteurs associés, ce sont 12,9 millions de personnes (contre 11,7 millions en 2021) qui sont affectées dont 52% de femmes et 56% d’enfants, parmi lesquelles, 7,5 millions (contre 5,9 millions en 2021) sont considérés en besoins d’assistance humanitaire dont 2,4 millions présentent des besoins aigue. Ainsi, 36% de la population totale, soit plus d’une personne sur 3 a besoin d’une assistance humanitaire.
Les déplacements internes ont augmentés de 100 000 en 2021, pour atteindre plus de 401 000, soit quatre fois plus qu'il y a deux ans. De plus 156 000 réfugiés maliens résident dans les pays voisins, et le Mali accueille et fournit protection et assistance à 48 000 réfugiés.
Du point de vue des besoins sectoriels, l’impact de la crise a des conséquences humanitaires qui menacent la vie et la survie des populations.
Au niveau de la sécurité alimentaire, 4,8 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, dont 1,16 million de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë, près du triple de l’année dernière à la même période. Lors de la période de soudure de juin-août 2022, 1,84 million de personnes seront en situation d'insécurité alimentaire aiguë, dans 12 cercles, nécessitant une aide alimentaire et nutritionnelle d'urgence.
Sur le plan nutritionnel, la prévalence de la Malnutrition Aiguë Globale (MAG) en 2021 est de 10% et celle de la Malnutrition Aiguë Sévère (MAS) de 1,8%. Sept des 11 régions ont des prévalences de MAG dépassant le seuil d’alerte (10%) ou d’urgence (15%). En tout, 3,3 millions de personnes (16% de la population totale) auront besoin d’une assistance nutritionnelle en termes de prise en charge et de prévention en 2022, soit 2,2 millions de plus que l’année dernière
Au niveau de la protection, la tendance est à l’aggravation de la crise avec une augmentation drastique des incidents de protection et des violations graves des droits humains. Au 30 septembre 2021, 5 124 cas avaient été comptabilisés contre 4 036 sur toute l’année 2020, soit une hausse de 27%. Les acteurs oeuvrant contre la violence basée sur le genre (VBG) ont signalé 5 486 incidents de VBG, soit une augmentation de 41% des cas signalés à la même période en 2020.
Par ailleurs, les autres secteurs humanitaires, présentent aussi des besoins majeurs. Au niveau de l’éducation, ce sont 1 664 écoles qui sont non fonctionnelles, soit 16% des écoles du Mali. Cela affecte 500 000 élèves et 10 000 enseignants. Au niveau de l’Eau, Hygiène et Assainissement (EHA), le taux de non accès aux services d’eau potable est de 23% au niveau national contre respectivement 65% et 58% pour les régions de Kidal et Ménaka. Au niveau de la santé, du fait de l‘insécurité et de la COVID-19, la prestation des services de santé a diminué de 22% par rapport à 2020, avec une diminution de 31% rien que pour les consultations curatives et une diminution de 24% de la couverture vaccinale. Concernant la fonctionnalité des centres de santé, 21 sont non fonctionnels, et 82 partiellement fonctionnels. Quant aux abris et biens non alimentaires, les besoins aigus liés entre autres à l’augmentation du nombre de PDI concernent : 1. les abris ayant pour but de se protéger contre les intempéries, les viols, les agressions et 2. l'accès aux biens non alimentaires.
En termes de méthodologie d’analyse de la sévérité des besoins, l’approche d’analyse conjointe intersectorielle des besoins (JIAF) a été utilisée.
Celle-ci comporte une échelle de sévérité de 1 à 5 dont les personnes dans le besoin d’assistance humanitaire sont inclus dans les phases 3 à 5. Toutefois, au niveau de la pondération au sein de chaque cluster, certains paramètres clés peuvent intervenir, touchant ainsi des personnes de niveau 2 en fonction des zones et vulnérabilités.
Quant à la portée de l’analyse, elle combine une double approche d’analyse (basée sur les vulnérabilités et le statut) avec une attention accordée aux sous-groupes ou des catégories spécifiques de populations en lien avec leurs activités, genre, handicap et autres besoins spécifiques, ainsi que les personnes immunodéprimées ou souffrant de maladies chroniques. La centralité de la protection et les thématiques transversales non négociables (handicap, redevabilité, PSEA, âge, VBG), sont au cœur de l’analyse.
En termes d’évolution probable de la situation en 2022, peu de lisibilité entoure les projections de la situation et des besoins du fait entre autres de deux paramètres.
En premier lieu, l'année 2022 est censée consacrer la fin de la transition politique et l’aboutissement des réformes politiques et institutionnelles promises.
Secundo, c’est une année, considérée comme électorale, conformément au chronogramme de la transition.
En somme, d’après la carte de l’index des risques, tous les chocs moteurs de la crise seront encore prégnants avec des préjudices humains élevés, dans une tendance haussière des besoins humanitaires.
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