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Mali: Aperçu des besoins humanitaires 2019 (novembre 2018)

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BESOINS HUMANITAIRES ET CHIFFRES CLÉS

Dans un contexte de sous-développement et de pauvreté chronique, les conflits, l’insécurité et les désastres naturels (inondations et sécheresses) sont les principaux déterminants de la crise humanitaire qui affecte 7,2 millions de personnes au Mali, dont environ 50% de femmes, 19% des enfants de moins de 5 ans et 3,5% des personnes âgées de 60 ans et plus. Ces chocs récurrents et successifs empêchent 3,2 millions de personnes parmi les plus vulnérables d’assurer leur sécurité alimentaire, d’accéder aux soins de santé et de nutrition et d’être protégées contre les effets des conflits. Notons que plus de 220 000 enfants n’ont pas accès à l’école du fait du conflit et de l’insécurité.

La détérioration continue de la situation sécuritaire et les effets des désastres naturels ont entrainé des destructions d’infrastructures, de biens et de moyens de production ou de subsistance, la perte de documentation, des déplacements forcés, ainsi que de nombreuses violations des droits humains et une faible présence étatique engendrant un accès limité des populations aux services sociaux de base et accentuant la pression sur le peu de services disponibles aux communautés dans les zones d’accueil. En conséquence, les vulnérabilités sont exacerbées et la résilience des populations et des communautés affaiblies, ce qui affecte leur capacité de faire face aux chocs.

Sécurité Alimentaire

En novembre 2018, le Cadre Harmonisé estime le nombre de maliens en insécurité alimentaire et nutritionnelle à 2,5 millions de personnes, soit près de 13% de la population.
Cette diminution de 4.6 millions en fin 2018 à 2.5 millions en début 2019 est essentiellement dûe à une bonne saison agro-pastorale (globalement bonne saison des pluies sauf pour quelques régions).

Parmi elles, 185 000 ont des besoins immédiats pour leur survie et nécessitent une assistance alimentaire d’urgence (phase 3 et plus) et 2,3 millions ont besoin d’une protection de leurs moyens de subsistance (phase 2). En 2018, la pluviométrie (inondations et irrégularités) et l’insécurité ont affecté particulièrement les populations du centre et du nord du Mali.

Les dégâts causés par les inondations ont provoqué des baisses localisées de production - avec un impact négatif sur la disponibilité des denrées alimentaires - au nord du Mali (régions de Tombouctou, Gao et Kidal). Il en est de même pour le centre du Mali (région de Mopti) où les conditions pluviométriques insatisfaisantes combinées aux conflits intercommunautaires ont entraîné une réduction des surfaces cultivées. L’insécurité perturbe les circuits de production, l’approvisionnement ainsi que le fonctionnement des marchés et engendre d’importants déplacements de populations, ce qui se traduit par un accroissement des difficultés d’accès à la nourriture pour les populations vulnérables.

Il est estimé que plus de 3,5 millions de personnes se trouveront sous pression dès le début des périodes de soudure pastorales et agricoles, parmi lesquelles 416 000 personnes auront besoin d’une assistance d’urgence.

Santé/Nutrition/Eau, Hygiène et Assainissement (EHA)

Selon les résultats de l’enquête SMART de juillet 2018, 11,2% des enfants de 6-59 mois, soit 657 000 enfants, souffrent de malnutrition aiguë (dont 2.6% sous sa forme sévère). Les régions de Gao, Ménaka, Tombouctou, Ségou, Taoudénit et le district de Bamako sont en situation de crise nutritionnelle avec des prévalences de malnutrition aiguë globale supérieures à 10% (et/ou des taux de malnutrition aiguë sévère supérieurs à 2%, seuil d’urgence selon les critères définis par l’OMS).

Les faiblesses chroniques et structurelles des services sociaux de base, exacerbées par l’impact négatif de chocs récurrents et les dysfonctionnements des services techniques étatiques dans les zones les plus affectées par les conflits, continuent à limiter l’offre et l’accès aux soins et services de qualité, dont la prise en charge sanitaire et nutritionnelle des personnes vulnérables. Les risques d’apparition et/ou de hausse des maladies (y inclus la malnutrition) sont accrus en raison de la dégradation des conditions d’hygiène et d’assainissement, d’un régime alimentaire inadéquat, ainsi que du manque d’articles EHA (kits d’hygiène), d’eau potable, d’abris et/ou de latrines. En outre, les déplacements de populations accentuent la pression sur les ressources disponibles au niveau des zones/communautés d’accueil, détérioriant la qualité des services et des soins.

Une épidémie de rougeole a atteint 27% des districts sanitaires que compte le pays en 2018. Le déficit en ressources humaines qualifiées dans le domaine de la santé s’est accentué dans les régions du nord et du centre qui comptent seulement 3,14 professionnels de santé pour 10 000 habitants (vs 5,2 en 2017), ce qui est loin des normes de l’OMS de 23 pour 10 000. Du fait de la crise dans ces régions, 17% des structures sanitaires ne sont pas fonctionnelles. Par conséquent, plus de 40% des femmes accouchent sans être assistées par un personnel qualifié. Au niveau national, le taux brut de mortalité est de 0,31 décès/10 000 par jour et celui relatif aux enfants de moins de 5 ans est de 0.21 décès/10 000 par jour.

Protection/Education

La situation de protection s’est détériorée au Mali en 2018, notamment dans le centre. De janvier à juillet 2018, le projet de monitoring de protection du HCR a enregistré 600 allégations de violations des droits de l’homme commises contre 502 hommes, 17 garçons, 22 filles et 59 femmes dans les régions du nord et du centre Mali.

Du 1er janvier au 31 août 2018, 1 742 cas de Violence basée sur le genre (VBG) ont été rapportés, contre 833 pour la même période en 2017, soit une hausse de 109%, dont 52% de violences sexuelles (incluant 11% de viols), 13% d’agressions physiques, 6% de mariages forcés, 16% de violences physiques et 13% de dénis de ressources et d’opportunités. En ce qui concerne la lutte antimines humanitaire, en dépit des efforts des acteurs et la réduction du nombre de victimes de restes explosifs de guerre (REG), la menace explosive persiste pour les populations. Comme le montre l’augmentation des victimes civiles d’engins explosifs, y compris les engins explosifs improvisés (EEI), REG et les mines. En 2018 (jan-nov), les civils représentent 39% des victimes d'EEI, contre les 15% enregistrés en 2017. Au 30 septembre 2018, du fait des crises récurrentes qui affectent le nord et le centre du Mali, 217 322 malien(ne)s sont toujours déplacés. Pour la même période, 365 violations des droits de l’enfant (affectant 159 enfants, 30 filles et 129 garçons) commises par les parties au conflit ont été documentées par le mécanisme de surveillance et de communication (MRM). La détention des enfants pour association ou présomption d’association aux mouvements terroristes reste préoccupante, avec 24 enfants arrêtés par les forces de sécurité nationales et internationales. Pour l’éducation, du fait de l’insécurité multiforme, des écoles sont soit détruites ou endommagées, fermées, occupées ou rendues dysfonctionnelles suite à la fuite des enseignants. Le personnel (y compris les enseignants) a souvent été contraint d’abandonner leur poste ou zone de travail.
Ainsi, 2 millions d’enfants n’ont pas accès à l’école, dont 220 500 subissent les conséquences directes du conflit, qui a entrainé la fermeture de 735 écoles dans les régions centre et nord du Mali

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