En 2016, le Mali accueille près de 16 000 réfugiés dont 85% d’entre eux sont des réfugiés vivant dans les zones rurales (selon le HCR, mai 2016). Depuis janvier 2016 et en continuité avec 2015, ACTED appuie 33 réfugiés ruraux au sein d’un centre de transit aménagé dans le village de Faragouaran (région de Sikasso), avec le soutien de l’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR).
Le centre de Faragouaran : une transition vers l’intégration locale
Le centre de transit pour réfugiés de Faragouaran dans la région de Sikasso au sud-est du Mali, créé en 1998 avec le soutien du gouvernement Malien et du HCR, représente un véritable havre de paix pour les réfugiés qui ont dû fuir les violences régionales à la fin des années 90 et au début des années 2000 notamment en Sierra Léone, au Libéria et en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, le centre accueille 9 familles composées de 33 réfugiés ivoiriens, pour la plupart arrivés entre 2002 et 2005 suite aux violences post-électorales en Côte d’Ivoire. Depuis 2015, en coopération avec les autorités locales et le HCR, ACTED soutient la stratégie d’intégration locale sur le long terme de ces réfugiés à travers des programmes d’appui à l’éducation des enfants, la santé, l’autosuffisance, la cohésion sociale et d’accès à l’emploi par l’intermédiaire d’activités génératrices de revenu, particulièrement dans le domaine agricole.
La reconversion locale d’Awa dans l’agriculture
Il y a près de 14 ans, Awa a dû fuir avec sa famille son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, alors frappée par une crise politico-militaire majeure. Après une période de transit de 3 mois à la frontière ivoiro-malienne, Awa et sa famille ont rejoint en 2002 Faragouaran pour y trouver une protection et des conditions de vie sécurisées. Awa a vite constaté que la région de Sikasso fait figure à juste titre de véritable « grenier » au Mali, à la faveur de terres fertiles et de précipitations abondantes permettant des cultures céréalières diversifiées et un maraichage productif. Bien que n’ayant jamais exercé d’activités agricoles auparavant, Awa s’est lancée dans cette pratique très tôt à son arrivée au centre. En bénéficiant de l’assistance de la population locale initiée à l’agriculture, elle a ainsi pu exploiter une parcelle de terre à l’extérieur du camp. Quand on lui demande pourquoi elle a choisi l’agriculture en arrivant à Faragouaran, Awa répond sans détour qu’elle se « trouvait dans une zone agricole et que l’autosuffisance alimentaire de sa famille était et reste une priorité ».
Le développement continu d’une activité génératrice de revenu
Awa, mariée et mère de 4 enfants, tous scolarisés dans la région de Sikasso, a développé sa pratique agricole au fil des années à tel point qu’aujourd’hui, elle cultive un potager au sein du centre où elle produit des salades, des aubergines, des tomates, des oignons. Elle valorise également un champ où elle récolte du maïs, de l’arachide, du gombo, du niébé ainsi que de la patate douce. Avec les produits de son travail agricole, Awa explique qu’elle utilise ce qu’elle gagne, en vendant ses condiments à la foire du village, pour « l’alimentation de ses enfants et l’achat de la fournitures scolaires ». ACTED a soutenu Awa dans le développement de son activité agricole, comme 6 autres ménages qui ont choisi cette activité. Déjà en 2015, Awa avait bénéficié de 2 bœufs de labour, d’une charrue, d’une charrette, d’un âne, ainsi que d’herbicides et d’engrais pour la culture de sa terre. En mai 2016, Awa a également reçu des intrants agricoles pour anticiper la période de semis qui se profile avec la saison des pluies fin juin, et a pu assister à une formation de 2 jours à Faragouaran sur les techniques agriculturales dispensée par les services techniques de la direction agricole locale avec l’appui d’ACTED. Awa poursuit donc son autonomisation économique et sociale à l’image des réfugiés vivant dans le centre dans l’objectif d’une complète intégration locale au sein des villages avoisinants.
Un véritable exemple de cohésion avec la population locale
Lorsqu’on demande à Awa comment elle a développé son activité agricole, elle met tout de suite en valeur l’hospitalité et le soutien des villageois de Faragouaran avec lesquels elle a tissé tout au long de ces années des liens forts. L’existence du centre au milieu du village a créé une solidarité et un échange important entre les communautés, facteur d’une véritable cohésion sociale dans la zone. Pour célébrer et renforcer cette cohésion sociale intercommunautaire, ACTED en présence des autorités locales a ainsi organisé en mai 2016 un événement récréatif, qui a vu la mise en scène d’un spectacle de danses et chants locaux et la préparation par les réfugiés et les villageois d’un repas commun.