La ville de Gao, qui s'étire le long du fleuve Niger, attire de plus en plus de petits éleveurs et pasteurs, parfois même venus de la région du Kidal plus au nord, ou même des pays voisins comme le Niger.
A seulement 40 km à l'extérieur de Gao, à Echag, un village de campement, la terre est sèche, trop sèche pour retenir les arbres. Il ne reste plus que quelques arbres de jade dont les chèvres et les chameaux affamés se disputent les dernières feuilles. Ici, la désolation est visible. De nombreuses familles ont renoncé à tout espoir de rester sur cette terre, la terre de leurs ancêtres. Dans cette région pourtant, quelques familles nomades continuent à lutter contre vents et marées pour rester vivre ici.
L'eau est rare. « Si rien ne se passe dans les quatre prochaines semaines, nos bêtes vont mourir de faim. Nous devons déjà lutter pour trouver de la nourriture pour nos femmes et nos enfants, » explique Mohamed, l'un des chefs de Djibok, un grand campement autour de plusieurs puits. Les puits attirent des milliers de personnes avec des chameaux, des moutons, des chèvres et des ânes tous à la recherche d'eau.
Les bêtes ici ont désespérément besoin d'herbe et d'eau. Elles arrivent de toute la région, parfois après avoir parcouru plus de 200 km. Nous étions surpris de voir des jeunes garçons creuser de nouveaux puits, car dans quelques semaines les puits existants risquent de s'assécher. De nombreux éleveurs pensent que le site ne parviendra plus à répondre à leurs besoins après la fin du mois d'avril. Ils projettent d'aller voir plus bas, à la recherche de pâturages plus verts, qui eux-mêmes se raréfient en raison de la concentration du bétail.
Il ne reste plus beaucoup de temps
« C'est la troisième année consécutive qu'il ne pleut pas suffisamment », explique Wanalher Ag Alwaly, expert en sécurité alimentaire pour Tassaght, un partenaire local d'Oxfam. « La rigueur du climat et cette situation actuelle alarmante sont principalement dues à la contrainte climatique passée, qui atteint son point culminant cette année. »
« La transhumance, (les bêtes sont emmenées dans des pâturages en altitude pour l'été et redescendent dans les vallées en hiver) a commencé au mois de janvier, soit six mois plus tôt que de coutume; » souligne Suleiman a Tuaregm, membre d'une autre ONG locale à Gao. « L'affluence du bétail augmente de jour en jour et nous nous attendons à une recrudescence des troubles (avec l'arrivée de nouveaux) éleveurs et pasteurs. »
Le prix des récoltes augmente régulièrement. Autrefois, la vente d'une chèvre aurait rapporté suffisamment d'argent pour acheter un sac de 50kg de millet. Aujourd'hui, pour le même sac il faut 2 chèvres. Mais certaines chèvres sont si maigres que personnes ne veut les acheter. Et Gao ne vit que les tout premiers moments de cette crise. De l'avis des spécialistes de Tassaght, « si rien n'est fait dans les semaines à venir, il sera trop tard ».
Ce sont les vacances de Pâques pour les écoliers. De plus en plus d'enfants manquent l'école. « Comment voulez-vous apprendre et recevoir une éducation avec l'estomac vide », explique un parent d'élève, surgissant d'une tente.
Les autorités locales ne cachent plus le problème de l'insécurité alimentaire au Nord du Mali. D'après le gouvernement, 7.000 tonnes de nourriture seront mises à la disposition des régions les plus touchées du pays. Mais jusqu'à présent rien n'est arrivé. Un grand nombre de réunions a été organisé avec les ONG locales, les ONG internationales et l'ONU pour souligner la nécessité d'agir rapidement. Nous sommes en train de perdre la course contre la montre et aucune solution réellement solide ne semble germer pour répondre aux besoins des populations.