JOHANNESBOURG, 8 janvier 2010 (IRIN) -
Un cyclone tropical frappera « probablement » Madagascar le 14 janvier
prochain, mais la pénurie de financement actuelle signifie que cette immense
île de l'Océan Indien pourrait être encore plus vulnérable qu'à l'accoutumée.
Selon le bureau météorologique de Madagascar, « le cyclone tropical
Edzani gagne progressivement en intensité dans l'Océan Indien... à 3 100
kilomètres au large du littoral... [et] va probablement arriver en vue
des côtes le 14 janvier 2010 ».
Madagascar se trouve sur la trajectoire principale des tempêtes qui
traversent l'Océan Indien. Chaque année, elle est balayée par des cyclones.
Cinq cyclones se sont abattus sur l'île au cours des deux dernières années,
affectant plus de 463 000 personnes.
L'équipe pays des Nations Unies avait exprimé ses préoccupations
à l'approche de la saison des cyclones, en novembre 2009, lorsqu'elle avait
demandé six millions de dollars d'aide d'urgence pour pré-positionner des
vivres et d'autres denrées humanitaires dans les régions les plus vulnérables
du pays.
Mais « nous n'avons rien obtenu. Nous avons suscité l'intérêt, mais
nous n'avons pas reçu d'argent », a dit Pierre Bry, responsable des affaires
humanitaires auprès du Bureau des Nations Unies pour la coordination des
affaires humanitaires (OCHA) à Madagascar.
« C'est malheureusement compréhensible vu la situation politique
», a-t-il dit à IRIN.
Les troubles politiques qui ont commencé en janvier 2009 ont entraîné
le renversement du président Marc Ravalomanana et son remplacement par
son rival, Andry Rajoelina, soutenu par certains franges de l'armée. Ces
luttes intestines ont entraîné le désengagement des bailleurs de fonds
internationaux et la diminution des flux d'aide.
Au cours de l'année dernière, les organisations humanitaires ont
épuisé leurs stocks d'urgence pour faire face aux sécheresses dans le sud
du pays et aux cyclones qui ont frappé l'île début 2009. Selon un communiqué
de novembre 2009 de l'équipe pays des Nations Unies, « les réserves perdues
en lien avec la crise politique » n'ont pas été remplacées.
Selon M. Bry, la capitale, Antananarivo, est particulièrement vulnérable
aux inondations pendant la saison des cyclones. Si un cyclone d'une grande
intensité frappe l'île, « jusqu'à 20 000 personnes pourraient en être affectées
», a-t-il fait remarquer.
Dia Styvanley Soa, porte-parole du Bureau national de gestion des
risques et des catastrophes (BNGRC), s'est montrée plus optimiste. « Madagascar
sera prêt », a-t-elle dit à IRIN.
« Cette année, au lieu de pré-positionner des denrées alimentaires
dans les régions, nous achèterons directement ce dont nous aurons besoin
dans les régions affectées », a dit Mme Soa. On ignore si le gouvernement
dispose des fonds nécessaires pour l'achat de nourriture, d'abris et de
denrées humanitaires d'urgence et si ceux-ci seront disponibles localement.
D'après John Uniack Davis, directeur national de CARE (Cooperative
for Assistance and Relief Everywhere), une organisation humanitaire internationale,
« la probabilité que n'importe quel système dépressionnaire frappe Madagascar
est relativement faible, mais la probabilité cumulative que l'île soit
heurtée de plein fouet en janvier ou en février est relativement élevée
».
« Après la saison relativement modérée que nous avons eu l'an dernier,
les divers acteurs de l'urgence craignent que celle de cette année soit
pire. Lorsqu'Edzani sera plus proche et sa trajectoire mieux définie, nous
aurons une meilleure idée de la probabilité que la côte malgache soit heurtée
de plein fouet », a-t-il ajouté.
La saison des cyclones débute généralement en décembre et se poursuit
jusqu'en avril, affectant les régions les plus pauvres du pays. Environ
70 pour cent des Malgaches vivent avec moins d'un dollar par jour.
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