L’épuisement précoce des réserves alimentaires, l’inflation persistante et les pluies erratiques compromettent gravement la sécurité alimentaire des populations dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est de Madagascar.
Entre septembre et décembre 2024, environ 1,63 million de personnes, soit 15% de la population analysée lors de cette analyse IPC de l’Insécurité Alimentaire Aiguë (IAA), ont été confrontées à une insécurité alimentaire aiguë élevée (Phase 3 de l’IPC ou plus), nécessitant une intervention humanitaire urgente. Parmi elles, 1,58 million de personnes se trouvaient en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) et 48 000 en Urgence (Phase 4 de l’IPC). Ces populations, majoritairement rurales et agricoles, ont subi les conséquences des changements et de la variabilité climatiques observés l’année passée. Dans le Grand Sud, notamment les régions d’Androy et d’Atsimo Andrefana, des pluies erratiques ont perturbé les cultures, tandis que le Grand Sud-Est, incluant des districts comme Befotaka et Farafangana, a été affecté par des inondations.
Les précipitations irrégulières ayant compromis le démarrage de la grande saison agricole, la faible récolte de la contre-saison 2024 a également aggravé la situation. La hausse des prix alimentaires a contribué à accentuer la vulnérabilité des populations locales rurales des zones analysées. Ces facteurs ont poussé les ménages des zones touchées par l’insécurité alimentaire aiguë à adopter des stratégies d’adaptation drastiques, telles que la vente d’actifs productifs.
Dans les régions du Nord et de l’Est, bien que la plupart des districts soient classifiées en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), des poches de vulnérabilité ont subsisté. Par exemple, dans le district de Vohémar, 15 % de la population a été classée en Phase 3 de l’IPC, mettant en lumière des besoins spécifiques d’assistance.
Sur la première projetée de janvier à avril 2025(pic de soudure), l’insécurité alimentaire est estimée s’aggraver, avec 1,94 million de personnes (18 % de la population) en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée. Cependant, aucune personne n’est prévue en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) ou en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC). Bien que les aides humanitaires soient censés stabiliser ou améliorer la situation alimentaire des personnes, la situation d’insécurité alimentaire s’est détériorée par rapport à la période courante. Les impacts climatiques, notamment les faibles précipitations et les cyclones/ inondations dans certaines régions, combinés à la période de soudure, ont accentué la vulnérabilité des ménages. Dans la Région Androy, la proportion de ménages en Phase 3 de l’IPC (Crise) a augmenté, notamment à Ambovombe (40%) et à Beloha (35 %), aggravée par l’épuisement des stocks alimentaires des ménages. Les districts d’Atsimo Andrefana, tout comme Ampanihy et Betioky, continuent de faire face à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire. Dans le Grand Sud-Est, les districts comme Farafangana, Midongy Atsimo et Vangaindrano sont confrontés à une pression accrue, avec au moins 20 % de la population en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Dans le Nord et l’Est, les cyclones saisonniers aggravent la situation, notamment à Antalaha et Vohémar, où 20% de la population est susceptible de se trouver en Phase 3.
Au cours de la deuxième période projetée (mai à août 2025), qui coïncide avec la période des récoltes, une amélioration globale de la situation alimentaire est attendue, bien que des poches de vulnérabilité subsisteront. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë élevée devrait diminuer pour atteindre environ 1,12 million, soit 11 % de la population, toutes en sitVuation de Crise (Phase 3 de l’IPC). Aucun district ne devrait se trouver en Urgence (Phase 4 de l’IPC) ou en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).
Dans la Région d’Atsimo Andrefana, la majorité des districts passeront en Stress (Phase 2 de l’IPC), tandis que 15 % des populations de certains districts, tels que Betioky et Benenitra, resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC). Pour les régions d’Androy et d’Atsimo Andrefana, les deux districts, d’Ampanihy et de Tsihombe, demeureront en Phase 3 de l’IPC en raison de leur forte vulnérabilité persistante et du niveau limité des aides humanitaires dans ces zones.
Dans la région d’Anosy, les récoltes améliorées et la mise en œuvre opérationnelle des périmètres irrigués contribueront à réduire les stratégies d’adaptation négatives. Cependant, les districts d’Amboasary Atsimo et de Betroka continueront de présenter une proportion notable de populations en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Dans le nord, les opportunités économiques générées par la pêche et les cultures de rente devraient stabiliser les conditions alimentaires. La plupart des districts pourrait enregistrer une réduction des populations en Phase 3 de l’IPC, à l’exception d’Antalaha et de Vohémar, où environ 15% de la population restera en Crise. Ces deux districts sont susceptibles de demeurer en Stress (Phase 2 de l’IPC) durant cette période.
Dans le Grand Sud-Est, les récoltes de riz et de manioc pourraient entraîner une amélioration notable de la sécurité alimentaire. Toutefois, des défis sont susceptibles de persister, et une proportion de 15% de la population des districts de cette zone restera en Crise (Phase 3 de l’IPC), à l’exception de Vangaindrano, où seulement 10% de la population pourrait être concernée.