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Madagascar

Madagascar : Évaluation des dommages et des pertes causés par les cyclones Batsirai et Emnatisur le secteur agricole dans le Grand Sud-Est de Madagascar (Juin 2022)

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Résultats clés

  • Le passage des deux cyclones au mois de février 2022 a eu un impact significatif sur toutes les spéculations de la zone et sur l’économie agricole globale en raison des inondations, qui ont touché les parcelles de riz, manioc et de maraîchage, et des vents violents qui ont causé des dégâts aux cultures pluviales et aux cultures pérennes.

  • Les pertes de production pour les cultures vivrières sont estimées à 61 millions de dollars américains (USD), avec plus de 60 pour cent des surfaces touchées par le passage des deux cyclones.
    Les cultures de riz et de manioc représentent 90 pour cent de ces pertes estimées. Même si certains ménages ont relancé la production de riz, le retard sur le calendrier saisonnier entraînera une baisse des rendements, une augmentation de la durée de la période de soudure (janvier-mars) et un démarrage précoce de la suivante qui débutera en août. Les ménages possédant de petites surfaces et peu de capital à mobiliser (volaille principalement) dépendront directement du marché et des revenus issus du travail agricole pour accéder à l’alimentation.

  • Les pertes de production pour l’agriculture de rente sont estimées à 78 millions d’USD. Les bananes (Fitovinavy et Vatovavy), le café et le girofle représentent plus de 85 pour cent des pertes du secteur. La diminution de la production aura des conséquences sur l’offre de travail journalier dont dépend une partie des ménages pauvres et très pauvres pour accéder aux revenus. Les effets dans le temps sur les bananiers, girofliers et litchis sont à réévaluer afin d’apprécier au mieux les conséquences des cyclones sur l’économie agricole dans les prochaines années.

  • Dans le secteur de l’élevage, les pertes de production sont estimées à 1,5 million d’USD, dont un tiers dans le secteur avicole.

  • Les indicateurs de sécurité alimentaire collectés lors de l’enquête mettent en évidence une situation alarmante, en particulier dans les districts de Nosy Varika, Vohipeno et Manakara Atsimo.
    La majorité des ménages ont recours à des stratégies d’adaptation qui auront des conséquences sur leur sécurité alimentaire à moyen terme.

  • Les marchés semblent en capacité de répondre à une augmentation de la demande (notamment grâce au riz importé), avec un risque d’inflation maitrisé sur les marchés de district et les marchés intercommunaux au contraire des marchés éloignés et des zones enclavées (Programme alimentaire mondial PAM, 2022). Malgré la disponibilité en riz importé, les ménages les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire y auront difficilement accès en raison de leurs moyens financiers limités.

  • Plus de 75 400 ménages sont considérés comme ayant besoin d’assistance pour la relance agricole et la protection de leurs moyens d’existence dans 104 communes des districts ciblés par l’enquête.

Recommandations opérationnelles

  • Réduire la durée de la période de soudure et limiter le phénomène de décapitalisation et le recours à des stratégies d’adaptation érosives en fournissant des semences de riz de contre-saison et des spéculations à cycle court (cultures maraîchères et patate douce notamment), parallèlement à un appui inconditionnel jusqu’à la prochaine récolte pour faciliter l’accès à l’alimentation.

  • Combler la diminution de la demande en main d’œuvre agricole liée aux destructions des cultures de rente et assurer l’accès aux revenus en mettant en place une aide conditionnée au travail (nettoyage des parcelles, réhabilitation des pistes rurales, etc.).

  • Soutenir la relance de l’économie liée à la production des cultures de rente, des cultures pluriannuelles ainsi qu’à la pêche à travers l’appui à la reconstitution du capital productif (arbres, ruches, pirogues et filets).

  • Suivre les niveaux de production des cultures de rente.

  • Appuyer le renforcement de la résilience du secteur agricole à travers le développement de pratiques sensibles au climat, une meilleure préparation des mécanismes d’identification des besoins et de pré-positionnement de la réponse.