Ce matin, la situation est calme à Antananarivo en dépit d'une tension diffuse. C'est ce que rapportent des sources de la MISNA contactées dans plusieurs zones de la capitale, précisant que malgré le déploiement de quelques chars de la part de l'armée en plusieurs points de la capitale, la présence des soldats dans la rue n'est pas plus imposante que les autres jours. Les sources locales confirment cependant que les militaires, qui ont réaffirmé hier leur propre indépendance à l'égard des deux protagonistes de la crise invités d'urgence à se mettre d'accord, ont déplacé des véhicules de la principale base de l'armée (située dans la périphérie de la capitale) vers le centre d'Antananarivo. En revanche, pour le moment aucun élément ne permet de confirmer les rumeurs selon lesquelles les mouvements de l'appareil militaire auraient comme objectif d'attaquer le siège de la présidence. Dans un message diffusé hier soir, à l'issue d'une rencontre avec quelques membres du corps diplomatique dans le pays, le nouveau chef d'état-major (nommé par des hauts officiers des forces armées et non pas par le président, comme prévu par la Constitution) a réaffirmé que les militaires ont comme seul objectif de "rétablir la sécurité et la sérénité et de sauvegarder la cohésion au sein des forces armées", invitant les deux rivaux politiques (le président Marc Ravalomanana et l'ex-maire de la capitale Andry Rajoelina) à participer aux négociations pour mettre fin le plus vite possible à la crise. La position des militaires s'est renforcée hier après que la police, corps dépendant du gouvernement, ait décidé elle aussi de soutenir les revendications avancées par le nouveau chef d'état-major. Entre temps, aujourd'hui encore, des milliers de personnes sont descendues dans la rue. Les partisans de l'ex-maire se sont donnés rendez-vous, comme de coutume, sur la place du 13 Mai, o=F9 de nouvelles initiatives de protestation devraient être organisées. Parmi celles-ci sont notamment prévues les occupations symboliques de quelques ministères, comme celles d'hier aux Finances et au siège du premier ministre, o=F9 les deux chefs de l'exécutif se sont rencontrés face-à-face, celui nommé par le président et l'autre désigné par l'opposant Rajoelina (qui a formé une Haute autorité de transition). La presse locale fait savoir que les deux ministres ont eu un colloque réservé d'une dizaine de minutes, sans qu'aucune information n'ait été diffusée à ce sujet. Des rumeurs, non confirmées, font savoir que les manifestants pourraient se rendre aujourd'hui au siège de la présidence. Si cette initiative devait être effectivement mise en oeuvre, la situation risque de dégénérer car le palais présidentiel est protégé par les hommes assurant la garde personnelle du chef d'état (des gardes privées engagées par Ravalomanana pour protéger aussi ses propriétés et ses sociétés) qui n'avaient pas hésité à tirer sur les manifestants lors du "samedi noir", le 7 février, tuant des dizaines de personnes. [MZ]
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