UNE VUE D'ENSEMBLE DE LA CRISE
Echelle et magnitude du cyclone
Le cyclone tropical intense Enawo, cyclone de catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson, a touché terre dans la région de SAVA (Sambava-Andapa-Vohémar-Antalaha) au nord-est de Madagascar le 7 mars 2017, puis s’est déplacé en tant que dépression tropicale vers le sud en suivant la forme d’un arc traversant le centre et le sud du pays, avant de quitter le pays dans la matinée du 10 mars.
Population et zones affectées
Le 17 mars, le Bureau National de Gestion des Risques et Catastrophes (BNGRC) a signalé que plusieurs régions du pays sont touchées et qu’environ 433,9851 personnes sont affectées, dont un cumul de 247.219 personnes déplacées et 5.293 qui demeurent déplacées. Le nombre de décès est passé à 81, dont 18 personnes portées disparues, et le nombre de personnes blessées est de 253. Ces chiffres sont basés sur des informations reçues à ce jour et peut continuer à changer à mesure que l’on atteigne d'autres zones auparavant inaccessibles.
De graves dégâts liés au vent ont été signalés dans le district d'Antalaha (région de Sava), où le cyclone a touché terre. Des inondations généralisées, mais en grande partie temporaires, ont été enregistrées dans toute la moitié nord-est de Madagascar, et les eaux se sont retirées rapidement dans certaines régions. D'autres, y compris les zones visées par l'Appel éclair, ont subi d'importants dégâts causés par les inondations et l’engorgement persisitant. Le retour des conditions climatiques favorables le 10 mars a permis d’effectuer quelques premières évaluations initiales dans les zones les plus touchées.
Une équipe de l’UNDAC déployée pour soutenir le BNGRC et les partenaires humanitaires en matière de gestion de l'information, d'évaluation et de coordination est arrivée à Madagascar le 8 mars; la FICR a envoyé une équipe FACT pour soutenir la Croix-Rouge Malagasy; et le Cluster logistique gobal a déployé une équipe pour soutenir la réponse des partenaires humanitaires. D'autres organisations humanitaires renforcent et/ou établissent également leur présence sur place pour appuyer la réponse. En outre, un survol des districts touchés par le cyclone dans les régions de SAVA et d’Analanjirofo a été entrepris par le Coordonnateur Résident des Nations Unies et les membres de l'équipe humanitaire du pays (HCT) les 9 et 10 mars.
Le vendredi 10 mars, le Président de la République de Madagascar, accompagné du Premier Ministre Chef du Gouvernement et plusieurs Membres du Gouvernement, a visité plusieurs des districts et des régions les plus touchées, soulignant l'engagement des autorités nationales dans la conduite et la coordination de la réponse.
Le Gouvernement a declaré une situation de sinistre nationale le 14 mars et a lancé un appel a l’aide internationale. En appui à l'équipe locale d'évaluation sur le terrain, l'équipe technique nationale d’évaluation a procédé à une évaluation aérienne préliminaire et une évaluation rapide dans les zones du nord-est (régions de SAVA et d’ Analanjirofo), de l’est (région Atsinanana) et dans les zones montagneuses (régions d’Alaotra Mangoro et d’Analamanga) les 10 et 11 mars. Cette évaluation a été menée par le BNGRC et les représentants de CARE International, de la FAO, d’OCHA, de la Croix-Rouge Malagasy, de MEDAIR, de l’UNFPA, de l’UNICEF, du PAM et de l’OMS.
Cette évaluation initiale a révelé un impact sévère des vents cycloniques dans le district d’Antalaha et impact grave des inondations dans le district de Maroantsetra, tous les deux dans le nord-est : les habitations, l'agriculture et les infrastructures sociales (établissements sanitaires, écoles et points d'eau) étant les plus touchés.
Le niveau de dégâts sur les habitations diffère considérablement dans les régions affectées en fonction du type de construcion, le milieu urbain ou rural et l'impact du vent ou des inondations. Sans une aide pour l’abri, la vulnérabilité des personnes touchées restera élevée et entravera la capacité de se rétablir, car un abri adéquat est essentiel pour assurer la sécurité, la santé, la dignité et le bien-être des personnes.
Les pertes sur les cultures vivrières et sur les cultures de rente sont estimées à 65% dans la région de SAVA (Antalaha et Sambava), à 85% à Maroantsetra et à 58% dans les districts de Brickaville, de Farafangana et de Vangaindrano. Les zones cultivées y sont assez largement limitées par rapport à son niveau normal, et le stade végétatif des cultures est nettement moins développé que la normale lors du passage du cyclone. A noter que les cultures vivrières des zones d'impact du cyclone (dont les régions de SAVA, d’Analamanga, d’Analanjirofo, d’Atsinanana, d’Alaotra Mangoro et d’Atsimo Atsinanana) ont connu un stress hydrique depuis le début de la campagne agricole en octobre 2016. Compte tenu de l'ampleur des dégâts causés par ce cyclone, les ménages agricoles vulnérables, dont la survie est fortement menacée, sont les premières victimes et ont besoin d’assistance immédiate en termes de soutien pour la restauration et la récupération de leurs moyens de subsistance. En outre, en raison des inondations et des dégâts sur les habitations, des stocks alimentaires ont été détruits et les ménages affectés ont un accès difficile à la nourriture. Le cyclone Enawo a coïncidé avec la période de soudure dans les zones touchées, de sorte que la perte de stocks alimentaires et la hausse du prix des denrées alimentaires ont davantage compliqué l’accessibilité et la disponibilité de nourriture après le passage du cyclone. En outre, la disponibilité de nourriture pourrait constituer un défi dans certaines régions éloignées qui ne sont pas encore accessibles en raison de dégâts sur les routes. À l’heure actuelle, il est estimé que deux à trois semaines de stocks alimentaires restent aux ménages dans les districts touchés.
De plus, des vents forts et les eaux de crue ont sévèrement affecté les infrastructures sociales. Plus de 1.300 puits ont été inondés, polluant l'eau, tandis que plus de 250 infrastructures d'eau (puits, pompes manuelles, systèmes d'eau) ont été endommagés. Dans la ville d’Antalaha, ville de 80.000 habitants, le système principal de distribution d'eau a été endommagé, laissant la ville sans eau. L'accès à l'eau potable, bien que trop souvent considéré comme acquis et négligé par les interventions humanitaires, est la première garantie de survie à tous les âges, mais surtout pour les enfants. L’eau contaminée provoque la diarrhée et d’autres maladies d'origine hydrique et est donc la principale source de mortalité infantile, conduisant également à la malnutrition et aux épidémies (virus de la polio, du choléra). Le manque d'hygiène (95% des régions touchées sont considérés comme pratiquant la défécation à l’air libre) cause d’autres maladies car les sources d'eau, les légumes et les fruits sont contaminés par des matières fécales et aggravent les maladies. L’approvisionnement en eau, la fourniture de produits de nettoyage de l’eau (y compris ceux avec des composants solides de floculation), des filtres, des kits d'hygiène, et dans certains endroits, des pompes/réservoirs, devraient être parmi les priorités humanitaires.
Par ailleurs, plus de 1.800 salles de classe ont été complètement détruites et 1.500 partiellement détruites. Par conséquent, plus de 100.000 enfants sont privés d’infrastructures scolaires ; la base de données étant une compilation de toutes les informations provenant des points focaux sur le terrain. 57% de toutes les salles de classe ont été détruites dans la région de SAVA et 80% de tous les enfants touchés viennent également de la région de SAVA. Ceci ne concerne pas seulement les infrastructures car tous les matériels et fournitures scolaires ont été également détruits, et il revient généralement aux parents de les remplacer. Cela conduira soit à un appauvrissement supplémentaire des parents soit à une augmentation de l'abandon scolaire.
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