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La guerre en Libye provoque une crise humanitaire au Niger

Tandis qu'une délégation de l'Union africaine cherche à obtenir un cessez-le-feu en Libye, la situation humanitaire se détériore au Niger. À la frontière égypto-libyenne, Caritas maintient sa présence dans le camp de Salloum.

La délégation des médiateurs de l'Union africaine en Libye devait se rendre ce lundi 11 avril à Benghazi (Est), fief des insurgés, après avoir rencontré le colonel Kadhafi dimanche. Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé dimanche soir que le dirigeant libyen avait accepté la « feuille de route » proposée par la délégation africaine : cessation immédiate des hostilités, facilitation de l'acheminement de l'aide humanitaire, lancement d'un dialogue « entre les parties libyennes » en vue d'une période de transition.

Les insurgés veulent le départ de Kadhafi

Les insurgés restent sceptiques sur les offres de cessez-le-feu de M. Kadhafi. Ils posent d'ailleurs comme condition à la transition démocratique, le départ hors de Libye du colonel Kadhafi et de ses enfants. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini a exprimé aujourd'hui la même position.

Les insurgés demandent la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues et qui seraient aux mains des forces loyalistes. Ils ont posé comme préalable à un cessez-le-feu, le retrait de la rue des soldats gouvernementaux.

Crise humanitaire au Niger

Pendant ce temps, l'Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) cherche à résoudre avec une quinzaine d'ONG, la crise humanitaire qui se développe au Niger.

Les Nigériens qui fuient les combats en Libye arrivent en masse à Dirkou, dont le centre d'accueil est saturé. « Ces migrants arrivent de plus en plus démunis et un problème aigu d'hébergement commence à se poser au centre de l'Office international des migrations », constate OCHA.

Vingt camions provenant de Libye étaient en route le 6 avril pour Dirkou, dont six sont arrivés ce jour-là avec plusieurs centaines de migrants à leur bord. Par ailleurs, l'ambassade du Niger en Libye a demandé de l'aide pour l'évacuation de 7 000 migrants bloqués au sud-ouest de la Libye, dans les villages de Sabha et Al Gatrum.

Le bureau des Affaires humanitaires craint une explosion de maladies diarrhéiques à Dirkou, du fait de l'absence de latrines comme d'ailleurs de tout dispositif d'assainissement dans cette ville.

Huit robinets collectifs

Les autorités nigériennes aménagent un grand site d'accueil de 24 hectares. L'eau potable va y être accessible sur 8 robinets alimentés par une canalisation depuis la mairie de la ville. Des blocs de douches et latrines vont être installés et six puisards creusés pour recevoir les eaux usées.

Les décès par méningite se multiplient. 19 500 doses de vaccin anti-méningocoque (méningite, septicémie) sont attendues mais il n'est pas certain qu'elles puissent être administrées avant leur date de péremption, dans un mois.

L'évacuation des réfugiés des centres d'accueil nigériens est problématique. Les transporteurs refusent les déplacements collectifs, préférant facturer 30 € des trajets individuels entre Dirkou et Agadez.

Le service humanitaire aérien des Nations Unies (UNHAS) cherche à mettre en place des rotations à partir de Dirkou avec un gros porteur C-130 de l'armée nigérienne et un autre appareil, canadien, basé à Malte. Femmes enceintes à la frontière égyptienne À la frontière égypto-libyenne en revanche, les rapatriements s'accélèrent. 1 800 migrants devaient quitter le camp de Salloum entre dimanche 10 et lundi 11 avril. Le nombre des ressortissants non égyptiens de Salloum décroît régulièrement.

Environ 3 000 personnes restent pour le moment sur place, toujours pourvus en repas et en bouteilles d'eau par CRS, la Caritas américaine. De fortes pluies ont détérioré les conditions sanitaires dans le camp. Les travailleurs migrants, femmes et enfants qui dorment dans des immeubles ne sont pas mieux lotis : les toits fuient. Caritas Liban a pour sa part porté assistance, ce week-end, à 33 femmes enceintes. Les personnes atteintes de diabète sont prises en charge par l'Unicef. Caritas Liban veille au rapatriement prioritaire des plus vulnérables.

François Tcherkessoff (avec AFP, Caritas Internationalis, OCHA)