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Les transferts d’argent ; vers une efficacité accrue de l’aide humanitaire

Les transferts d’argent : une réponse adaptée à chaque famille

La réponse humanitaire s’organise souvent autour d’une aide matérielle fournie aux populations vulnérables. En effet, la principale réponse à l’urgence s’effectue par des distributions aux ménages vulnérables. Aliments de base, kits de réparation d’abris, eau potable, kits d’ustensiles ménagers, kits d’hygiène, sont les principaux soutiens que reçoivent les familles affectées, ainsi qu’un accès aux services essentiels et adaptés à leurs besoins.

En revanche, l’aide humanitaire prend de plus en plus la forme de transferts d’argent. Au lieu de recevoir des biens ou des denrées, les populations vulnérables reçoivent de l’argent qu’ils pourront utiliser selon leurs besoins ou préférences. Dans certains cas, les bénéficiaires reçoivent du cash. Dans d’autres, les liquidités sont mises à disposition via des cartes de retrait. Les personnes bénéficiant de ce programme reçoivent une carte bancaire sur laquelle un certain montant est injecté. Il ne leur reste plus qu’à se rendre à la banque, retirer leur argent, et le répartir selon leurs priorités.

Mais quels sont les avantages de ce type d’aide humanitaire ?

Le transfert d’argent est une approche innovante de l’intervention auprès des populations vulnérables. De par sa flexibilité, et la marge de liberté qu’elle offre aux populations affectées, elle leur permet de prioriser elles-mêmes leurs dépenses selon leurs besoins, et de les autonomiser dans leur vie quotidienne et contribue à leur dignité. Munis de cette carte de retrait, elles choisissent dans quels domaines elles souhaitent dépenser ou « investir » cet argent : produits alimentaires, hygiène, gaz, éducation pour les enfants, etc… Ce pouvoir de décision leur permet de bénéficier d’une aide adaptée au mieux à leurs besoins. Cette forme d’aide humanitaire permet aux ménages de réguler leur consommation, de respecter leur panier de dépenses minimum et d’éventuellement faire des économies pour le futur. Responsabilisés, ils retrouvent des conditions de vie dignes, et renforcent leurs moyens d’existence.

Enfin, les transferts d’argent sont moins coûteux limitant les intermédiaires, et sont davantage transparents, rapides, et flexibles. Injecté directement dans le pays, cet argent bénéficie au bassin économique local et à l’économie du pays.

Le transfert d’argent protège les familles contre l’utilisation de stratégies d’adaptation comme les restrictions alimentaires ou le travail des enfants. Auparavant, ils étaient amenés à sauter des repas, ou utiliser le salaire des enfants pour s’alimenter, aujourd’hui, les liquidités permettent de subvenir à leurs besoins alimentaires et d’acheter de quoi se nourrir.

Le transfert d’argent pour subvenir aux besoins des réfugiés syriens au Liban

ACTED met en œuvre ce nouveau type d’aide humanitaire dans différents pays, notamment au Liban. C’est dans le cadre d’une coordination entre différents acteurs humanitaires rassemblés sous le Lebanon Cash Consortium (LCC) que les transferts d’argent ont participé à l’amélioration des conditions de vie au Liban. Composé de Care International, Save the Children, Solidarités International, Vision du monde, International Rescue Committee et ACTED, ce consortium a été créé pour améliorer la situation des réfugiés vulnérables et leur fournir une aide en espèces polyvalente.

Depuis 2011, on dénombre 1 million de réfugiés syriens au Liban enregistrés auprès du HCR, soit un quart de la population dans le pays. 71% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’agence onusienne. Dans les camps de réfugiés libanais, 18 496 familles bénéficient du transfert d’argent, recevant une somme de 163,30 € par mois. Sur deux ans, ce programme de 62 millions d’euros alloués par ECHO (service de l’Union européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile), devrait bénéficier à 135 000 réfugiés syriens présents au Liban. Ce pays permet cette forme d’intervention de par son système bancaire développé qui en fait un terreau favorable. Tous les pays ne peuvent donc pas être pris en charge de la même manière.

Aujourd’hui, le transfert d’argent représente 6 % des interventions humanitaires dans le monde, et tend à se développer. ACTED souhaite investir dans ce type d’intervention afin d’améliorer les réponses d’urgence et d’apporter une aide adaptée à chaque famille en fonction de ses besoins.

20% de nos activités sont des transferts d’argent

André, directeur des programmes d’ACTED, témoigne de cette approche qui se renforce dans le cadre des programmes d’ACTED : « nous voulons recourir à l’injection de liquidité comme mécanisme prioritaire dans les situations d'urgence. Dans la mesure du possible: au lieu d’apporter une réponse matérielle, si le marché fonctionne, nous envisageons d’abord les transferts d’argent. Cette approche est appréciée par le système humanitaire, par son efficacité démontrée.»*.

*ACTED est membre du Cash-Learning Partnership depuis 2016.