Par Miriam Azar
Télécharger le rapport Les enfants syriens : Une génération perdue? [PDF]
Un membre du personnel de l’UNICEF rend visite à deux camps du Liban afin de distribuer du matériel de base aux enfants syriens réfugiés.
BEIRUT, Liban, le 25 mars 2013 – Des enfants courent pieds nus dans les cailloux coupants, les bris de verre et la saleté, alors que nous déchargeons des cartons de dons de chaussures neuves dans un vent glacial.
atiguée de sautiller, Asma, sept ans, s’assoit par terre et regarde. Son pied droit, brûlé par de l’eau bouillante, est enveloppé dans un bandage.
Alors que les montagnes aux sommets enneigés offrent un paysage pittoresque à cet établissement proche de Baalbeck, à l’est du Liban, l’état de ces enfants syriens et de leurs logements de fortune témoignent de la triste réalité.
Alors que les conditions se détériorent dans les camps de fortune au Liban, l’UNICEF et ses partenaires fournissent aux enfants des chaussures et des vêtements pour qu’ils aient chaud. [vidéo en anglais] Regarder dans RealPlayer
Démunis
Le Liban accueille aujourd’hui le plus grand nombre de Syriens de tous les pays voisins affectés. Dans la région de Bekaa, près de la frontière libano-syrienne, de nombreuses familles réfugiées vivent dans des établissements informels construits à partir de matières de rebut.
Ils n’ont pas accès aux bases de la dignité : il n’y a pas de toilettes, pas d’endroits pour se doucher, laver ou cuisiner, et pas de sources d’eau potable salubre.
Ces familles peuvent acheter de l’eau potable, mais leurs ressources limitées diminuent, tandis que la concurrence en matière de travail augmente. Lorsque je demande à une mère quelle eau ils utilisent pour se laver, elle me désigne du doigt un ruisseau boueux et pollué.
A cause d’un hiver exceptionnellement froid cette année, il y a eu un besoin accru de vêtements chauds pour les enfants, de couvertures et de combustible pour le chauffage
Et de chaussures.
Les chaussures sont indispensables
Dans cet établissement, de nombreux enfants, comme Asma, ont des coupures infectées et des bleus sur les pieds. Asma est arrivée avec ses deux frères, ses grands-parents et ses cousins. « Tout ce que nous possédions a été brûlé et détruit. Nous sommes arrivés de Syrie pieds nus », explique sa cousine Nahla, 17 ans, qui s’occupe de ses jeunes cousins.
En l’absence de fournitures médicales, de latrines ou de toilettes et d’eau salubre, les chaussures sont indispensables pour protéger ces enfants – non seulement des rhumes et des infections respiratoires mais aussi des risques sanitaires liés au fait de courir pieds nus dans les déchets.
D’après le spécialiste de l’approvisionnement de l’UNICEF au Liban Olivier Mulet, « Les donateurs, y compris dans le secteur privé, ont été d’une grande aide pour permettre à l’UNICEF et ses partenaires de fournir des produits pour la survie comme des chaussures, des vêtements d’hiver, des couvertures et du combustible pour chauffer jusqu’à 125 692 enfants vulnérables touchés par la crise ».
« Nous sommes trempés »
Dans un autre camp de fortune surpeuplé, dans une plaine boueuse de la vallée de la Bekaa, l’UNICEF et une ONG partenaire locale, Sawa, arrivent pour distribuer des habits d’hiver pour les garçons et les filles.
Parmi les enfants qui attendent la distribution, une fillette de 10 ans avec un sourire radieux retient mon attention. Elle est assise près du camion, ses jeunes frères et sœurs blottis à ses côtés. Hanaa et sa famille sont arrivés au Liban en bus sans rien, si ce n’est des vêtements et des noix. « J’étais très nerveuse. J’avais peur des bombardements sur la route », explique-t-elle.
« Parfois nous rencontrons des difficultés », nous explique-t-elle. « Lorsqu’il pleut, tout devient boueux, et nous sommes trempés ». Nous avons besoins d’une clinique, comme ça si quelqu’un tombe malade, il pourra y être soigné. Et nous avons besoin d’une école. C’est ça le plus important, une école ».
Le financement est vital
Les enfants de cet établissement ne vont pas dans les écoles publiques, leurs parents ne peuvent payer les frais de transport et autres coûts. Parmi les pères, beaucoup sont des travailleurs migrants qui n’ont pu retourner en République arabe syrienne et qui ont mis leur famille en sécurité.
Ils n’ont pu, ou ne désirent pas, s’enregistrer en tant que réfugiés, et ne sont donc pas comptabilisés parmi les 351 683 réfugiés officiels de République arabe syrienne enregistrés ou en attente d’enregistrement dans le pays.
Dans cette situation d’urgence véritablement sous-financée, les dons en nature et les financements mis à disposition pour les vêtements chauds, les chaussures et d’autres articles ont revêtu une importance cruciale.
« J’étais tellement contente aujourd’hui quand j’ai ouvert la boîte et que j’y ai trouvé les vêtements et les bottes. J’étais vraiment très contente. » affirme Hanaa avec un large sourire.
Alors que nous nous disons au revoir, le petit frère d’Hanaa, âgé de 11 ans, arrive en courant pour me donner la moitié du morceau de chocolat qui lui a été distribué. Je me souviens des mots d’un collègue libanais : « les situations d’urgences sont le théâtre du pire et du meilleur de l’humanité ».
Aujourd’hui, j’ai vu le meilleur de l’humanité dans ces enfants. Ils représentent une génération qui ne peut pas et ne doit pas être perdue.