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Aide humanitaire en faveur des populations touchées par le conflit au Liban

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Lieu de l'opération: MOYEN-ORIENT

Montant de la décision: 30 000 000 euros

Numéro de référence de la décision: ECHO/-ME/BUD/2006/03000

Exposé des motifs

1 - Justification, besoins et population cible

1.1. - Justification:

Après l'enlèvement de deux soldats israéliens le 12 juillet 2006, les hostilités à la frontière israélo-libanaise ont dégénéré en un conflit à grande échelle, au lourd tribut humain, entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Le conflit, qui a duré un mois, a causé la mort de 1 183 Libanais et en a blessé 4 055 autres(1). Au Liban, le bombardement de Beyrouth, de la vallée de la Bekaa et du sud du pays a provoqué un exode massif: le Haut Commissariat de secours du gouvernement libanais estime à 915 752 le nombre total de personnes déplacées, soit un quart de la population du pays(2). Sur ces 915 752 personnes, 700 000 environ sont restées au Liban (565 000 ont trouvé refuge dans des familles d'accueil et quelque 130 000 ont été hébergées dans des bâtiments publics), tandis que près de 220 000 ont échappé à la violence en fuyant vers les pays voisins, notamment vers la Syrie(3).

Les attaques israéliennes contre le Liban ont fortement endommagé les habitations et les infrastructures civiles, notamment 630 km de routes, 78 ponts, 32 centres névralgiques (aéroports, ports, stations d'épuration, centrales électriques, etc.), 25 stations-service, 72 passages supérieurs et 15 000 maisons/appartements privés(4), provoquant l'interruption de services essentiels et plaçant les autorités libanaises face au sérieux défi de fournir un abri convenable, de la nourriture, de l'eau potable sûre et des soins de santé aux populations touchées.

Vu la situation, les autorités libanaises ont lancé un appel à l'aide humanitaire internationale. Les 24 et 26 juillet 2006, la Commission européenne a respectivement adopté deux décisions humanitaires d'urgence pour un montant total de 20 millions d'euros en faveur du Liban et des pays limitrophes, afin de répondre sans délai aux besoins humanitaires les plus pressants constatés juste après les premières attaques contre le territoire libanais. Ces décisions concernaient notamment les secteurs d'intervention suivants: abris et biens non alimentaires, santé, eau et assainissement, aide alimentaire, aide psychosociale, protection et coordination.

L'adoption à l'unanimité, le 12 août 2006, de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à une cessation complète des hostilités a été suivie d'un cessez-le-feu le 14 août 2006. La résolution (article 6) «demande à la communauté internationale de prendre des mesures immédiates pour prêter son concours financier et humanitaire au peuple libanais, notamment en facilitant le retour en toute sécurité des personnes déplacées et en rouvrant les aéroports et les ports sous l'autorité du Gouvernement libanais (...) et lui demande également de fournir dans l'avenir une aide à la reconstruction et au développement du Liban».

Malgré une situation sécuritaire encore instable, de nombreuses personnes déplacées ont regagné leur lieu d'origine dès la fin des hostilités. Des ponts de fortune ont été construits pour permettre aux véhicules de traverser les cours d'eau. Plus de 90 % des Libanais déplacés sont déjà rentrés chez eux(5). Beaucoup ont trouvé leurs habitations et tous leurs biens détruits, surtout dans la bande sud du pays et dans la vallée de la Bekaa où des villages entiers, notamment la plupart des infrastructures (routes, ponts, usines, hôpitaux), ont été rasés par les frappes aériennes israéliennes, ainsi que l'ont été des quartiers entiers du sud de Beyrouth. C'est ainsi qu'au lendemain du conflit, beaucoup de déplacés de retour chez eux et un petit nombre de personnes encore déplacées ont besoin d'une aide de toute urgence. D'après le HCR, depuis le 14 août, 151 351 Libanais au total seraient rentrés de Syrie où ils s'étaient réfugiés(6). Toujours selon le HCR, la Syrie compterait encore 2 500 réfugiés libanais(7).

Depuis la fin des hostilités le 14 août et la levée du blocus israélien le 7 septembre, la situation humanitaire a évolué de manière spectaculaire. La DG ECHO(8) a été la première à envoyer une mission internationale d'évaluation dans le sud du Liban et dans la vallée de la Bekaa, après le cessez-le-feu, pour apprécier la situation et déterminer les besoins actuels et futurs. Ses représentants ont organisé, le jeudi 17 août, à Tyr, une réunion de coordination à laquelle ont assisté les ONG présentes dans la région, la plupart des agences des Nations unies et le CICR.

L'ampleur des destructions varie considérablement d'un village à l'autre en fonction des convictions religieuses ou politiques de leurs habitants. Dans certaines zones, jusqu'à la moitié des immeubles ont été complètement détruits, la plupart des autres étant endommagés, mais réparables(9). Tant les habitations privées que les infrastructures sociales - écoles, hôpitaux, centres de soin, etc. - ont été touchées. Les systèmes d'adduction d'eau ont été gravement endommagés, privant d'eau la majorité des villages situés au sud du fleuve Litani. La direction libanaise des eaux procède actuellement à une évaluation plus détaillée des dégâts, examinant, notamment, toutes les sources d'approvisionnement en eau potable du Sud-Liban. Les routes, les stations-service et les commerces ont aussi beaucoup souffert. En raison de l'ampleur des destructions dans certains villages et du manque d'eau et d'électricité, une grande partie des déplacés de retour vivent provisoirement chez des membres de leur famille ou des amis, à proximité de leurs habitations détruites.

Le cessez-le-feu, bien que fragile, nécessite d'adapter la réponse humanitaire apportée à la présente crise pour répondre aux besoins immédiats des populations de retour et aux besoins non satisfaits des Libanais encore hébergés dans des centres collectifs. Alors qu'il faut de toute urgence couvrir les besoins humanitaires actuels, le Liban va, si la paix se maintient, entrer progressivement dans une phase de redressement qui ira de pair avec le début de la reconstruction. Il ressort de l'expérience acquise ces dernières années, lors du tsunami, du tremblement de terre qui a frappé le Pakistan et d'autres catastrophes humanitaires, qu'à l'issue de la première phase d'urgence et pendant un laps de temps limité, les besoins en aide humanitaire coïncident avec les besoins en aide au redressement/à la reconstruction. Pour permettre aux populations déplacées et réfugiées de se réinstaller dans les meilleures conditions possibles, leur retour dans leurs régions d'origine doit s'accompagner de mesures, coordonnées et bien pensées, ayant trait à l'approvisionnement en eau et à l'assainissement, aux soins de santé, aux équipements pour abris transitoires, à l'aide psychosociale, aux activités génératrices de revenus pour ceux qui n'ont pas pu reprendre leur activité (selon les estimations, jusqu'à 75 % de la population du pays serait actuellement sans emploi) et à la protection contre les engins non explosés et ce, jusqu'à la reconstruction. Cela signifie que les populations de retour auront besoin d'une aide humanitaire tout au long de l'hiver à venir.

En adoptant cette troisième décision en faveur du Liban depuis le début des hostilités, la DG ECHO entend fournir une aide humanitaire et une première aide au redressement aux populations de retour et aux Libanais encore hébergés dans des centres collectifs. Les opérations financées au titre de la présente décision porteront essentiellement sur la localisation et l'élimination des munitions non explosées et sur la sensibilisation de la population au danger qu'elles représentent, sur l'approvisionnement en eau et l'assainissement, sur l'hébergement ainsi que sur l'aide alimentaire et sanitaire d'urgence. S'étalant sur 18 mois, la mise en œuvre du projet se concentrera principalement sur les six prochains mois afin de garantir des effets rapides sur la situation humanitaire, en supposant que la phase de redressement et de reconstruction débutera en parallèle, conformément aux engagements pris le 31 août par les donateurs réunis en conférence à Stockholm. Outre l'aide humanitaire, la CE s'est engagée à verser une première contribution de 42 millions d'euros en faveur des efforts de redressement et de reconstruction du Liban. En réponse à la demande d'assistance formulée par le gouvernement libanais, la Commission fournira aux autorités une assistance technique en matière d'infrastructures et d'environnement, d'État de droit et de sécurité intérieure destinée à les seconder dans le processus de reconstruction et apportera une aide au secteur privé en vue de relancer l'économie. Cela étant, bien que déjà amorcé, le processus de reconstruction prendra un certain temps. Pour assurer une transition harmonieuse entre l'aide humanitaire et l'aide au redressement et à la reconstruction, une étroite coordination a été mise en place entre les différents services communautaires concernés. De plus, les opérations humanitaires financées au titre de la présente décision seront menées en étroite consultation avec les autorités libanaises et les États membres présents sur le terrain. Le maintien de l'aide humanitaire alors que le processus de redressement s'engage en parallèle permettra d'éviter toute interruption dans le financement et dans l'aide apportée à ceux qui en ont le plus besoin.

Notes:

(1) Révision du processus d'appel global des Nations unies, 31 août 2006.

(2) OCHA, Situation Report 14 - Lebanon Response - 6 août 2006.

(3) Haut Commissariat de secours, Daily Situation Report. Sitrep N°:15, 8 août 2006.

(4) Haut Commissariat de secours, Statistiques, Dommages, au 15 août 2006.

(5) Révision du processus d'appel global des Nations unies, 31 août 2006

(6) OCHA, Situation Report 31 - Lebanon Response - 23 août 2006

(7) OMS, Lebanon Crisis Health Situation Report N° 28 du 23 août 2006

(8) Direction générale de l'aide humanitaire - ECHO.

(9) OCHA, Lebanon Crisis Situation Report N° 28 du 20 août 2006