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Iraq

Médecins du monde en Irak

Notre raison d'être, ce sont les populations civiles.
Compte tenu de notre mandat, nous nous préoccupons avant tout du sort des populations civiles. C'est leur intérêt qui devrait présider aux choix politiques de la communauté internationale. Or les considérations sur la vie, la protection et la sécurité du peuple irakien font cruellement défaut dans les débats.

Pour rappel, Médecins du Monde présent dans la zone depuis 1988 d'abord dans le Kurdistan Irakien, devenu zone autonome en 1991, puis depuis 1997 en zone irakienne gouvernementale à Bagdad, Basrah et Mossul (programmes de chirurgie cardiaque pédiatrique : formation de personnel infirmier, fourniture d'équipements, mission chirurgicales ponctuelles).

La population irakienne, oubliée depuis des années, est exsangue.

Situation sanitaire désastreuse : la mortalité infantile (108/1000 naissances en 1999) est 15 fois plus élevée qu'en France, les médicaments et équipements médicaux insuffisants, pénurie de médecins et infirmières, entre 16 et 18 millions de personnes dépendantes de la distribution alimentaire (sur une population qui compte 23,5 millions d'habitants).

Les conséquences d'un conflit armé seront catastrophiques

La population est beaucoup plus vulnérable qu'elle ne l'était à la veille de la Guerre du Golfe en 1991. Son autonomie de subsistance, donc ses capacités de résistance à un conflit sont inexistantes (difficulté d'accès à l'eau potable et dépendance alimentaire). Les Nations Unies évaluent à 500 000 le nombre de victimes directes ou indirectes éventuelles.

  • Il y aura des dommages collatéraux inévitables
  • Crainte que la population soit prise pour cible ou utilisée aux fins de conflit.
  • Accès encore plus difficile des acteurs humanitaires aux populations.

Pour la prévention de la guerre et contre la guerre préventive

Ne jamais confondre les concepts de « guerre » et « d'action humanitaire »

Une guerre, préventive ou non, s'inscrit toujours dans un rapport de force et constitue un engrenage imprévisible. Les stratégies, intérêts, calendriers et options sont décidées par des Etats, pour lesquels la préoccupation des populations civiles n'est pas toujours la première des préoccupations. Donner à la guerre un caractère « humanitaire » revient à utiliser l'humanitaire comme un moyen de propagande de guerre. - Dans des crises soumises à des pressions médiatiques et politiques extrêmement fortes, les acteurs humanitaires non gouvernementaux risquent d'être instrumentalisés, comme cela a déjà été le cas dans les conflits de ces dernières années (Balkans, et ses « bombardements humanitaires », Afghanistan...), tant le concept « humanitaire » est exploité et galvaudé. L'éventuelle caution morale des ONG scellerait la légitimité d'une attaque en dépit de ses conséquences sur les populations civiles.

- La confusion des genres expose l'action humanitaire à la suspicion d'appartenir à un camp, donc à l'impossibilité d'atteindre certaines populations civiles sous prétexte qu'elles seraient dans « l'autre» camp.

Prévenir la guerre

Au delà du soin, notre statut non gouvernemental et notre proximité avec les populations nous amènent, en tant qu'observateur « privilégié » à témoigner, dénoncer des situations et être des interlocuteurs responsables auprès des corps étatiques ou multilatéraux. Notre travail n'est pas simplement de panser les plaies résultant de décisions politiques d'Etats. Il consiste aussi et surtout à les prévenir, pour en éviter les mécanismes de répétition.

Nous rappelons la nécessité d'une action de veille et de surveillance des crises afin qu'elles ne dégénèrent pas en conflit, où ce sont toujours les populations civiles qui ont le plus à subir et à perdre.

Pour le multilatéralisme onusien, malgré ses imperfections

  • La situation politique en Irak aujourd'hui est une responsabilité collective, résultat de tactiques et d'opportunisme politiques à courte vue.

  • Par principe, nous condamnons toute action unilatérale car elle est, de fait, contraire au Droit International.

  • L'ONU est la seule institution internationale qui rassemble les Etats sur une base universelle.Nous demandons à l'ONU, de jouer son rôle pour prévenir un conflit armé, contrôler et neutraliser les armes de destruction massives, lutter contre le terrorisme et promouvoir la justice internationale.

  • Nous demandons à chacun des Etats membres (notamment la France) et à l'ensemble de la communauté internationale d'accomplir leur devoir de respecter et de faire respecter de façon juste et équitable les engagements pris en faveur du Droit International Humanitaire et des Droits Humains.

Parce que notre priorité, ce sont les populations civiles, leur vie, leur sécurité, leur protection,

Parce que nous sommes pour la prévention de la guerre et non pour la guerre préventive,

Parce que nous sommes par principe contre toute action unilatérale,

Nous demandons aux Nations Unies :

  • une résolution politique à cette crise,
  • la levée immédiate de l'embargo pour la population,

Dans l'état actuel des choses, nous sommes CONTRE une intervention armée en Irak.