Fin décembre 2006, le Nord Ouest de l'île de Sumatra a été frappé par des pluies diluviennes qui ont entraîné de graves inondations et dévasté plus de 200 villages. Deux membres de l'équipe d'ACF sur le terrain reviennent sur l'opération d'urgence et les programmes de réhabilitation mis en place grâce au soutien d'ECHO (Service d'aide humanitaire de la Commission Européenne).
PHASE D'URGENCE
Répondre aux besoins immédiats des milliers de déplacés
Suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur les provinces d'Aceh et du Nord Sumatra, plus de 360 000 personnes ont été obligées de quitter leur maison : certaines ont trouvé refuge dans les collines pendant que d'autres organisaient des campements spontanés. A cet instant, les besoins humanitaires concernaient essentiellement l'accès à l'eau et à la nourriture ainsi que les conditions d'hygiène des sinistrés. En effet, la boue avait endommagé les maisons, les puits et les infrastructures. La qualité de l'eau a été sérieusement réduite, l'eau était trouble et certaines eaux dégageaient même de mauvaises odeurs. De plus, une grande partie des familles qui vivent de l'agriculture ont vu leurs stocks de semences et de nourriture complètement dévastés par les inondations.
Après des évaluations préliminaires sur les zones sinistrées, Action contre la Faim a donc acheminé du matériel d'urgence stocké à Djakarta et spécialement destiné à répondre à ce type très courant de catastrophe en Indonésie. Dans deux districts isolés du Nord Sumatra, nos équipes ont pu distribuer des kits de première nécessité comprenant des ustensiles de cuisine, des couvertures, des abris... Le stock d'urgence comprenait également du matériel permettant d'assurer un accès à l'eau potable et à des conditions d'hygiène décentes pour les populations sinistrées.
PHASE DE REHABILITATION
Retour à l'autonomie des populations
Après avoir répondu à l'urgence des premiers jours, Action contre la Faim souhaitait permettre un retour rapide à l'autonomie des personnes sinistrées. Deux programmes ont donc été lancés : un programme d'eau et d'assainissement pour améliorer les conditions de vie et faciliter le retour des familles dans leurs maisons et un programme de sécurité alimentaire pour qu'elles puissent de nouveau subvenir à leurs besoins nutritionnels à long terme.
Grâce aux financements d'ECHO, nos équipes ont pu démarrer les programmes dès le mois de février. Concrètement, cela s'est traduit par le nettoyage et la réparation des puits et des habitations ; les familles pouvant ainsi regagner leurs foyers et vivre dans des conditions d'hygiène décentes. Jasper HULSHOF qui était responsable des activités « Eau et Assainissement » avait comme principale mission de construire les infrastructures aux endroits appropriés pour les personnes sinistrées et de s'assurer que les réalisations se feraient dans les temps. « Concrètement après plusieurs évaluations j'ai dû trouver les puits qui étaient détériorés, plus de 70. Notre critère de réhabilitation ou de construction était double : ces points d'eau devenaient «communautaires », donc accessibles à tous et la communauté devait s'impliquer concrètement dans ces travaux. Une fois que l'endroit a été localisé, je me suis assuré du bon approvisionnement en matériel et des standards de qualité dans la conception. J'avais aussi la tâche d'écrire les rapports de progression et d'assurer la coordination avec les autres acteurs sur place (ONG, autorités locales...) ».
Au final, le programme d'eau et assainissement mis en place sur 2 mois a permis d'assurer un accès à l'eau potable à 718 familles grâce notamment à la construction et la réhabilitation de 69 puits.
En parallèle, Action contre la Faim a dû pallier à la perte des ressources agricoles des agriculteurs : champs dévastés, récoltes détruites, stocks de semence perdus. Nicolas GUILLAUD en charge du programme de sécurité alimentaire nous explique: « Dès février nous avons mis en place un programme de relance agricole. Tout d'abord nous avons identifié 700 bénéficiaires, des paysans dont la terre a été affectée par les inondations et dont les « futures » récoltes avaient été détruites ; puis nous leur avons distribué des outils pour nettoyer le terrain. Une fois leur parcelle réhabilitée (245 hectares au total) et en contrepartie de leur travail, nous leur avons donné des coupons pour qu'ils puissent acheter des semences et relancer leur culture de maïs ou de riz, principales cultures dans cette zone. Dès le début des programmes, nous avons travaillé en collaboration avec les bénéficiaires en signant un Memorandum of Understanding avec eux ».
Pendant cette période de reconstruction, les personnes victimes des inondations ont été fortement impliquées dans le processus de réhabilitation autant pour la reconstruction d'infrastructures que pour le nettoyage des champs. En effet, Action contre la Faim travaille toujours en vue de développer chez les populations leur capacité à reconstruire et à relancer leurs activités de manière autonome.
Aujourd'hui plus de 1 400 familles, grâce aux efforts conjoints d'Action contre la Faim et d'ECHO, ont regagné leur autonomie alimentaire et ont accès à une eau de bonne qualité. Elles peuvent continuer à développer leurs activités en tout autonomie et vivre de nouveau dans des conditions décentes.