Alors que les organisations d'aide internationales s'organisent à Port-au-Prince, d'autres régions sinistrées par le séisme attendent toujours les premiers secours. Les équipes de l'ONG humanitaire française ACTED sont mobilisées depuis le 12 janvier dans la localité de Jacmel (quatrième ville du pays située dans le sud d'Haïti), qui compte 145 morts et 380 morts, un bilan encore provisoire.
Jacmel et ses habitants sont aujourd'hui coupés du reste du monde et de l'aide humanitaire qui continue à affluer dans la capitale haïtienne. Il faut plus de 7 heures sur une route praticable par des 4x4 pour rejoindre Jacmel depuis Port-au-Prince, contre 2h30 habituellement.
Les équipes d'ACTED, également à l'œuvre à dans la capitale, travaillent sans relâche depuis mercredi matin pour venir en aide aux habitants de Jacmel, en coordination avec les quelques acteurs présents sur place.
L'urgence de la situation
Gérald Serve, coordinateur technique de l'ONG ACTED, témoigne de l'urgence de la situation : « Depuis le séisme, aucun secours extérieur n'est arrivé sur Jacmel. Seules les ressources locales ont été utilisées avec les stocks pré-positionnés des organisations sur place. Mais aujourd'hui cela ne suffit plus. En tout ce sont près de 20 000 personnes qui ont besoin d'aide, de soins, d'eau, de nourriture, de biens de première nécessité, et qui attendent l'aide humanitaire qui reste concentrée dans la capitale haïtienne ».
L'hôpital de Jacmel, complètement détruit, a été transféré dans une église mais beaucoup de blessés souffrent de fractures ouvertes et n'ont pu être transportées jusqu'au centre de soins. « Les services médicaux présents sur place parent au plus pressé, mais on manque de médecins, de chirurgiens et de médicaments », explique Gérald Serve.
Les opérations de secours s'organisent à Jacmel
Des distributions de sachets d'eau et de rations alimentaires, organisées depuis deux camps qui regroupent 7000 personnes, ont commencé dès le soir de la catastrophe. Les conditions d'hygiène dans ces zones d'accueil demeurent précaires ; l'accès à l'eau est très difficile et les installations sanitaires inadaptées.
ACTED vient de construire 8 latrines d'urgences, pour répondre aux besoins de 1600 personnes. 8 autres devraient être terminées sous peu, avec un objectif de 42 latrines en tout (pour 8000 personnes).
D'autres besoins se font aujourd'hui pressants, alors que « les personnes réfugiées dans le camp de Pichinat à Jacmel n'ont accès qu'à un seul point d'eau, qui créé une immense mare d'eau où les gens défèquent, se lavent sans aucune intimité, avec des risques conséquents de voir des maladies hydriques se développer ». La priorité pour les équipes d'ACTED à Jacmel est donc désormais d'assurer l'accès des habitants à des points d'eau potable, d'assainir les zones d'accueil et de regroupement, et de construire des coins douche séparés homme/femme dans les lieux de regroupement.