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Haiti

Une nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti - Rapport du Secrétaire général (A/71/620)

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Résumé

Le 19 août 2016, le Secrétaire général a dévoilé une nouvelle stratégie que l’Organisation des Nations Unies entend mettre en œuvre pour lutter contre le choléra en Haïti. Dans la déclaration publique qui l’accompagnait, il exprimait ses profonds regrets face aux souffrances indicibles que le peuple haïtien avait endurées à la suite de l’épidémie de choléra et évoquait la responsabilité morale de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de ses victimes et celle qui lui incombait d’aider Haïti à surmonter l’épidémie et à se doter de systèmes d’adduction d’eau, d’assainissement et de santé solides. Il soulignait que l’élimination du choléra du pays exigerait un engagement total de la part du Gouvernement haïtien et de la communauté internationale et, surtout, la mobilisation des ressources nécessaires à l’accomplissement de notre devoir commun.

La nouvelle stratégie est axée sur deux volets : le premier vise à renforcer l’aide que l’Organisation apporte pour réduire et mettre un terme une fois pour toutes à la transmission du choléra, améliorer l’accès aux soins et aux traitements, et s’attaquer à des enjeux à plus long terme que sont les systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de santé en Haïti; le second consiste à mettre au point un dispositif d’aide matérielle et financière en faveur des Haïtiens les plus directement touchés par le choléra. Cette démarche doit bénéficier en priorité entre autres aux victimes de la maladie et à leurs familles. Le Secrétaire général a demandé instamment aux États Membres de manifester leur solidarité avec le peuple haïtien en augmentant leurs contributions aux mesures visant à éliminer le choléra et à porter secours aux personnes touchées.

La mise en œuvre de la nouvelle stratégie a été compliquée par l’ouragan Matthew, qui a frappé Haïti le 4 octobre 2016 et occasionné des ravages ainsi que des pertes humaines considérables, en plus d’être à l’origine de milliers de nouveaux cas suspects de choléra.

On trouvera dans le présent rapport des informations sur les deux volets de la nouvelle stratégie, une description des difficultés inhérentes à sa mise en œuvre, de même qu’un projet de calendrier.

Le Secrétaire général espère pouvoir compter sur le soutien des États Membres

I. Introduction

  1. La nouvelle stratégie de l’ONU vise à redoubler d’efforts pour éliminer le choléra d’Haïti et à aider et soutenir ceux qui ont été les plus directement touchés. L’épidémie de choléra a éclaté en octobre 2010, neuf mois seulement après les ravages occasionnés par un tremblement de terre dans le pays, lequel était mal préparé pour faire face à ce nouveau coup dur. Seulement un quart de la population a accès à des toilettes décentes et la moitié à de l’eau salubre, ce qui en fait le pays le plus mal doté en infrastructures d’eau et d’assainissement de tout l’hémisphère occidental. Le choléra a jusqu’ici touché près de 800 000 personnes et pourrait avoir causé plus de 9 000 décès1 . Les initiatives concertées engagées au niveau national et à l’échelle internationale depuis l’apparition de l’épidémie ont permis de réduire drastiquement le nombre de cas suspects de choléra et de décès. Si, depuis le pic de la maladie en 2011, son incidence a été réduite d’environ 90 %, elle continue de faire payer un lourd tribut à la population haïtienne en termes de vies humaines. De plus, Haïti rend encore compte du nombre le plus élevé de cas de choléra dans le monde. La dégradation de la capacité de réaction face au choléra et de traitement de cette maladie en raison de la réduction des financements, de la saison des pluies, ainsi que de l’ouragan Matthew qui a anéanti une grande partie du sud-est du pays, a entraîné une recrudescence des risques et des cas suspects de choléra signalés.

  2. Au cours des années qui ont suivi, toute une série d’initiatives ont été engagées pour mobiliser les ressources et les actions nécessaires à l’élimination du choléra dans le pays. Le Secrétaire général a effectué une mission d’évaluation de la situation en Haïti, ayant également pour vocation de témoigner de sa solidarité à la population. Ces mesures n’ont toutefois pas suffi à faire disparaître la maladie, ni à éviter de ternir la relation que l’Organisation entretient avec la population haïtienne.

  3. L’Organisation des Nations Unies soutient le peuple haïtien depuis des décennies tant dans sa quête de démocratie que pour ce qui est de faire valoir ses droits fondamentaux, de renforcer les institutions de la nation et de reconstruire le pays dans le sillage du tremblement de terre. À l’échelle internationale, elle s’efforce de déployer des opérations de paix responsables exposant la population, les sociétés et les écosystèmes à un minimum de risques. Cela est indispensable à la légitimé et à la crédibilité de l’Organisation et de ses opérations de paix dans le monde. L’épidémie de choléra est venue entacher la réputation de l’Organisation.

  4. Telles sont les raisons qui – non seulement pour le bien du peuple haïtien mais aussi de l’Organisation, et particulièrement pour préserver l’intégrité de ses opérations de paix – ont conduit le Secrétaire général à se convaincre de la nécessité d’en faire davantage. Il souhaite présenter une solution à son successeur et non lui laisser un problème en suspens. Fort de ces motifs, le 19 août 2016, il a fait part d’une nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti. La nouvelle stratégie constitue un acte de bonne foi et un effort sincère visant à démontrer concrètement à quel point les souffrances endurées par les Haïtiens à la suite de l’épidémie de choléra suscitent de profonds regrets. Le Secrétaire général entend évoquer cette question plus en détail lorsqu’il s’adressera à l’Assemblée générale le 1er décembre 2016.

  5. La nouvelle stratégie de l’ONU est axée sur deux volets. Le premier vise à intensifier considérablement les initiatives et à mieux les doter en ressources afin de faire face au choléra en Haïti et en réduire l’incidence. Il s’agit de s’attaquer aux enjeux à long terme que sont les systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de santé, en plus d’assurer un bien meilleur accès aux soins et aux traitements. Outre l’élimination du choléra sur le long terme, ces mesures sont primordiales aux fins de la concrétisation d’un grand nombre d’objectifs de développement durable en Haïti, en particulier. l’objectif de développement durable n o 6 intitulé « Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable ».

  6. Le second consiste à mettre au point un dispositif d’aide matérielle et financière en faveur des Haïtiens les plus directement touchés par l e choléra, privilégiant les victimes, ainsi que leur famille et leurs communautés. Les personnes et les communautés touchées participeront à l’élaboration de ce dispositif. Désormais difficile à réaliser à cause des effets de l’ouragan Matthew, cet exercice sera inévitablement imparfait et émaillé de difficultés morales et pratiques. L’ensemble de mesures adoptées est peu susceptible de satisfaire pleinement tous ceux qui ont appelé une telle initiative de leurs vœux, voire d’aboutir du jour au lendemain. Néanmoins, de l’avis du Secrétaire général, il est préférable de prendre cette initiative plutôt que le contraire. À travers ce dispositif, l’Organisation fait part de ses regrets de manière concrète et sincère face à ce nouveau coup dur subi par la population, laquelle a déjà souffert plus qu’elle ne devrait jamais avoir à endurer.

  7. Afin d’éliminer le choléra en Haïti et d’être à la hauteur des responsabilités qui incombent à l’ONU vis-à-vis de ceux qui ont été le plus directement touchés, il conviendra de disposer de l’appui inconditionnel de la communauté internationale, et, avant tout, des ressources nécessaires pour obtenir des résultats sur les deux fronts. La recherche d’une solution durable au problème du choléra en Haïti est une entreprise collective des États Membres, des entités de l’ONU et des partenaires extérieurs au système des Nations Unies, au même titre que les opérations de paix.
    Ni le Secrétariat de l’ONU ni même les organismes des Nations Unies ne peuvent assumer à eux seuls cette charge. Telle est la philosophie qui sous-tend la nouvelle optique détaillée dans le présent rapport.

  8. Le peuple haïtien mérite cette expression tangible de notre respect et de notre solidarité ainsi que de notre regret et le soutien réel qui en découle. Par ailleurs, l’Organisation doit saisir l’occasion qui lui est offerte pour faire face à cette tragédie qui a également terni sa réputation et sa mission globale.

  9. Au niveau stratégique, le Secrétaire général a chargé le docteur David Nabarro de diriger la nouvelle stratégie de l’ONU et a confié la supervision du second volet à M. Ross Mountain.