Dans son rapport, Oxfam affirme que, deux ans après le séisme, la reconstruction du pays se fait « à pas de tortue », laissant toujours plus d’un demi-million d’Haïtiens sans abri. Oxfam exhorte le gouvernement haïtien ainsi que les donateurs à accélérer le travail de reconstruction du pays.
Dans son rapport intitulé "Haïti : une reconstruction au ralenti – deux ans après le tremblement de terre", Oxfam dresse un bilan qui reste inquiétant malgré les efforts. Néanmoins, l’organisation tient à souligner trois avancées principales :
L’aide humanitaire d’urgence a prouvé son efficacité, permettant de sauver des milliers de vies et de fournir des services de base à plus d’un million de personnes.
Des progrès encourageants ont été réalisés en termes de reconstruction.
En effet, près de la moitié des débris laissés par le séisme ont été ramassés, soit au total 5 millions de m³. Ce qui constitue un rythme nettement plus rapide que celui qui avait prévalu lors de précédentes crises humanitaires où le délayage était pourtant moins complexe que celui du centre urbain de Port-au-Prince.
Dans un pays où l’on estimait à 5 % la surface des routes asphaltées avant le séisme, quelques 430 km de routes ont été construits ou réparés depuis le tremblement de terre, offrant ainsi les infrastructures nécessaires à la revitalisation économique.
Un demi-million d’Haïtien en quête de toit, travail et de soins
Néanmoins, Oxfam insiste sur le chantier immense toujours en cours en Haïti en matière de reconstruction sur le long terme, notamment en ce qui concerne le logement, l’emploi et les services de base comme l’éducation, l’accès à l’eau et aux soins de santé.
Plus d’un demi-million de gens vivent encore sous des tentes et des bâches ; la plupart des Haïtiens n’ont pas accès à l’eau courante, aux toilettes ou à des soins de santé ; le choléra a emporté des milliers d’Haïtiens et demeure une sérieuse menace pour la santé publique ; plus de 70 % de la population active se retrouve sans emploi (nombre de ces problèmes existaient déjà bien avant le séisme).
« Avec la désignation d’un nouveau gouvernement et la promesse de milliards de dollars en aide, les Haïtiens se demandent pourquoi il n’y a pas encore eu davantage de progrès dans la reconstruction du pays », affirme la directrice nationale d’Oxfam en Haïti, Cecilia Millan. « Le deuxième anniversaire de ce séisme dévastateur doit être un appel à l’action. Malgré l’apparente lenteur de la reconstruction, cette situation constitue une occasion unique pour les élites politique et économique haïtiennes de s’attaquer à la pauvreté chronique et aux inégalités qui accablent le pays depuis son indépendance. Haïti doit aller de l’avant. »
Après analyse du rapport "Haïti : une reconstruction au ralenti – deux ans après le tremblement de terre", Oxfam lance un appel :
- au gouvernement haïtien pour qu’il adopte un plan global de reconstruction afin de remettre le pays sur pied et de reloger les 520 000 personnes vivant encore sous des tentes ou des bâches.
- aux des bailleurs de fonds pour que ceux-ci déboursent les montants qu’ils ont promis de verser en vue des efforts de reconstruction. à la communauté internationale afin qu’elle renforce les capacités du gouvernement haïtien et que celui-ci puisse coordonner plus efficacement la reconstruction.
Besoin d’un leadership fort
La Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) a effectué des progrès en matière de coordination des efforts, mais peu de choses se sont concrétisées pour soutenir les capacités du gouvernement à mener des actions concrètes et à long terme. Le mandat de la CIRH ayant désormais expiré, les donateurs doivent appuyer la création d’un organe national de coordination de la reconstruction.
Bien qu’Oxfam reconnaisse que les élections en début d’année dernière, suivies d’une impasse politique entre le nouveau président et le parlement, aient freiné les progrès de la reconstruction, elle demande à la nouvelle administration d’assumer un leadership fort. Elle se doit d’élaborer une politique complète de relocalisation des personnes déplacées par le séisme, avec un calendrier clair, en plus d’impliquer davantage la société civile haïtienne dans la planification et la gestion de la reconstruction, afin de répondre au mieux aux besoins de la population.
43 % des promesses de dons honorées
Des milliards de dollars en aide ont été promis pour la reconstruction d’Haïti, mais les promesses ne se sont pas toujours traduites en réalités sur le terrain. Selon les Nations Unies, en septembre 2011, les donateurs n’avaient déboursé que 43 % des 4,6 milliards $ qu’ils avaient promis en vue de la reconstruction en 2010 et 2011.
Avec près de 70 % du budget du gouvernement haïtien provenant de l’aide au développement, le soutien des donateurs est essentiel si l’on veut que le nouveau gouvernement puisse tenir ses engagements et s’attaquer aux problèmes les plus criants.
« Les donateurs doivent tenir leur promesse envers Haïti et maintenir le cap, déclare Cecilia Millan. Devant la lenteur des progrès, nous ne devons pas laisser l’impatience miner un soutien nécessaire à ceux qui n’ont toujours pas accès aux services de base et pour qui l’avenir est incertain. Nous devons rassembler nos efforts et poursuivre notre engagement envers le peuple haïtien. »
Le travail d’Oxfam sur le terrain :
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Depuis deux ans, Oxfam est venue en aide à plus d’un million de personnes grâce à des efforts d’urgence et à un travail de prévention face au choléra.
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En 2011, suite à la désignation du nouveau gouvernement haïtien, Oxfam s’est peu à peu détournée des besoins d’urgence pour se focaliser davantage sur la collaboration avec ses partenaires haïtiens dans des initiatives visant à donner un élan à la reconstruction du pays, à améliorer les systèmes sanitaires et d’accès à l’eau, à créer des emplois dans le secteur de Port-au-Prince et dans les régions rurales.
Contacts
Mirjam Van Belle, , responsable du service humanitaire - Tel. 02/501.67.44 — gsm : 0497/43.57.13 — mail : mva(at)oxfamsol.be
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