Éditorial
À chaque fois que je pose le pied à Portau-Prince, je suis habité par deux sentiments contradictoires : une émotion profonde, d’abord, devant la souffrance qui s’acharne. Et en même temps, une admiration extraordinaire pour le peuple haïtien qui fait preuve d’une force et d’une capacité de résilience incroyables ! Je les vois rire, entreprendre, vivre à nouveau. On ne peut imaginer que la route est terminée pour eux. Je veux nourrir de l’espoir pour ce pays et nous, humanitaires, sommes là pour entretenir cet espoir.
Depuis le séisme du 12 janvier 2010, je me suis rendu à plusieurs reprises dans ce pays, au titre de la Croix-Rouge française ou de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en ma qualité de membre du Groupe de Haut Niveau, dont le rôle est de suivre l’avancée des travaux humanitaires. La Croix-Rouge française a contribué, avec l’ensemble du Mouvement, à sauver des vies dans un premier temps, et à permettre à des milliers de personnes de survivre dans des conditions les plus humaines possibles, compte tenu des difficultés que connaît Haïti. Les compétences techniques et humaines de nos équipes sont reconnues, et je tiens à leur redire ma grande fierté.
La situation est-elle satisfaisante pour autant ?
Evidemment non ! Tant qu’il y aura des personnes vivant dans des camps - et il en restera durant des années encore, hélas ! – ou dans les décombres d’un quartier détruit, nous ne pourrons considérer notre mission comme accomplie. Vivre dans de telles conditions n’est pas un avenir. Il est de notre devoir de rester auprès de ces populations extrêmement vulnérables, de leur porter l’assistance nécessaire, mais également de les accompagner étape par étape vers un retour à l’autonomie. Car tel est notre objectif : leur laisser peu à peu reprendre leur destin en main, retrouver leur liberté de choix, de décision, en un mot leur dignité.