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Haiti

Renforcer l’enregistrement des naissances dans la Grand’Anse

En Haïti, l’enregistrement à l’état civil des enfants de moins de 5 ans est passé de 80 à 85 pour cent

En Haïti, l’enregistrement à l’état civil des enfants de moins de 5 ans est passé de 80 à 85 pour cent, mais le pays reste parmi ceux du continent américain ayant les plus bas taux d’enfants enregistrés à l’État civil. Avec l’appui financier du Canada et en partenariat avec les ministères clés et la société civile, l’UNICEF a lancé un vaste projet pour augmenter sensiblement le taux d’enregistrement à la naissance. D’ici 4 ans, 298 000 enfants doivent obtenir leur acte de naissance. Dans la Grande Anse, l’un des départements les moins performants, les parents s’évertuent à enregistrer leurs enfants à la naissance mais tous les moyens ne sont pas toujours réunis.

Parfois, Jean-Félix Dumas se sent bien seul. A 72 ans, il est le seul et unique officier de l’État civil d’Anse d’Hainault. « Imaginez ! Ma vue baisse, je suis âgé », dit-il dans un froncement de sourcils. « Heureusement que j’ai un clerc pour me seconder. Mais que se passe-t-il quand je tombe malade ? Et bien le bureau d’État civil est obligé de fermer. Ce n’est pas normal. Je suis le seul officier pour 37000 habitants ». Avant d’ajouter : « Bientôt, je vais prendre ma retraite ». En attendant, dans cette commune reculée à la pointe Est de l’île Hispaniola qui regroupe Haïti et la République Dominicaine, Jean-Félix doit lui-même acheter les registres pour l’enregistrement des naissances.

En ce mardi 27 août 2019, au siège propret et fleuri de l’administration locale, Jean-Félix et son clerc sont à pied d’œuvre. Une dizaine d’habitants attendent patiemment leur tour, assis dans le bureau de l’officier. En face des fonctionnaires, un couple et leurs jumeaux, Betchie et Betchina. Jean-Félix leur fait répéter plusieurs fois l’orthographe des prénoms de leurs filles. « Si on se trompe, il peut y avoir de graves conséquences », note Jean-Félix Dumas.

Pour Gedinise et Gergens, parents de Betchie et Betchina, se retrouver dans le bureau ne fut pas chose aisée. « C’est un parcours du combattant, admet le père, Gergens. Les démarches sont compliquées, c’est loin, et ça coûte cher », raconte le pêcheur, venu à moto avec sa femme et ses deux bébés. Un témoignage qui revient fréquemment chez les administrés. A Anse D’Hainault, une des trois communes les plus frappées par le cyclone Matthew en 2016, enregistrer son enfant n’est pas gratuit même si la loi le garantit. « Pour chaque enfant, ça nous revient à 350 gourdes. C’est extrêmement cher, dénonce le père des jumelles ». 350 gourdes soit 4 dollars US, une somme considérable pour beaucoup d’Haïtiens.

Pour le département de la Grand'Anse, dont dépend Anse d’Hainault, à peine 80,2 pour cent des enfants sont enregistrés, sans parler de la possession de l’acte de naissance. « Et pourtant, c’est très important de l’avoir avec nous », reconnaît Gedinise, la mère des jumelles. « On va nous le demander pour l’inscription des enfants à l’école, mais aussi pour faire le passeport, ou les vaccins ».

Une insuffisance que tentent de pallier l’UNICEF et ses partenaires. Avec l’appui du Canada, un projet a été lancé en 2018 avec comme objectif, enregistrer 298 000 enfants à la naissance. « On doit atteindre les 100% », insiste Claude Mane Das, spécialiste Protection à l’UNICEF en Haïti.

Pour cela, nous devons rendre plus accessible les services d’État civil. Nous allons déployer des points d’enregistrements dans 20 hôpitaux et ferons également des campagnes de rattrapage dans 120 écoles. Plus de 20 officiers d’État civil et une centaine de clercs seront spécialement formés pour desservir les zones les plus reculées.

Claude Mane Das