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Haiti

Quatre cinéastes haïtiens témoignent des conditions de vie des enfants, deux ans après le tremblement de terre

Par Mariana Palavra

PORT-AU-PRINCE, Haïti, 12 janvier 2012 - L'UNICEF a demandé à de jeunes cinéastes haïtiens de révéler comment ils voient leur pays et les conditions de vie des enfants, deux ans après le séisme de janvier 2010.

VIDÉO (en créole, sous titres en anglais) : regardez le film de Pierre Lucson Bellegarde, « La boussole », à-propos d'une femme qui a été gravement blessée lors du tremblement de terre de 2010.

« Ce projet de film est tout simplement d'être à l'écoute des Haïtiens et de comprendre quelle est la vie des enfants », explique Thomas Nybo, le coordinateur du projet. « Nous avons lancé un appel à la création de films courts, fictions ou documentaires, et nous avons choisi quatre cinéastes, dont trois sont de l'Institut du Ciné », la seule école de cinéma en Haïti et basée à Jacmel, une ville côtière au Sud du pays.

Les courts métrages décrivent certains des défis les plus grands auxquels sont confrontés les Haïtiens, comme la perte des parents dans le tremblement de terre ; la situation critique d'une jeune fille employée comme domestique, une « restavek » ; et les défis, plus particulièrement économiques, que doivent affronter les familles lorsqu'elles veulent envoyer leurs enfants à l'école.

Toute une série de perspectives

Les cinéastes participant au projet proviennent d'horizons et points de vue divers.

« L'un des cinéastes, Lucson Pierre Bellegarde, a dressé le portrait d'une vieille femme qui a été gravement blessée lors du séisme et qui a adopté deux enfants après le tremblement de terre, malgré le fait qu'elle continue de vivre dans un camp et que ses moyens financiers sont limités », explique Thomas Nybo.

VIDÉO (en créole, sous titres en anglais) : regardez le film de Michelle Marrion, « L'égarée », qui montre la vie d'une jeune domestique engagée comme pleureuse professionnelle.

Pierre Lucson s'est intéressé aux arts à l'âge de 7 ans, alors qu'il se rétablissait après une opération chirurgicale.

« Après mon opération, j'ai pris un stylo et un cahier. Ils sont devenus mes meilleurs amis, le cahier devenant le gardien de mes secrets », raconte-t-il. À l'Institut du ciné, Pierre Lucson s'est formé au cinéma, dans la production, l'écriture de scénario et la prise de son. Son travail traite souvent de la situation critique dse communautés marginalisées et des personnes handicapées.

Michelle Marrion a porté un regard franc sur une jeune restavek engagée comme pleureuse professionnelle aux funérailles d'une personne qu'elle n'a même jamais rencontrée.

Michelle Marion est née aux États-Unis de parents haïtiens. Elle a étudié le cinéma et la photographie à la Howard University. En 1999, elle a démarré ses premiers sujets photographiques en Haïti, et les projets ultérieurs semblaient toujours la ramener au pays de ses origines. Depuis 2009, elle partage son temps entre Haïti et les États-Unis. Actuellement elle travaille sur plusieurs projets multimédias internationaux, dont un documentaire long métrage sur Port-au-Prince.

VIDÉO (en créole, sous titres en anglais) : regardez le film de Ebby Angel Louis « En retar à l'école », à-propos d'un père qui essaye d'amener sa fille à l'école à l'heure dans une brouette.

Des familles après le séisme

Les autres cinéastes ont exploré le thème de la lutte des familles dans l'après-coup du tremblement de terre.

Ebby Angel Louis a réalisé un film enjoué sur un père analphabète et sa course effrénée pour amener dans sa brouette sa petite fille à l'heure à l'école.

Ebby Angel étudie actuellement à l'Institut du ciné. Il a grandi dans la campagne haïtienne, où sa famille l'a aidé à cultiver un intérêt pour la narration d'histoires.

« La campagne était mon refuge », explique-t-il. « À la nuit tombée, après le diner et sous la pleine lune, ma grand-mère nous racontait les histoires familiales, celles de tous nos cousins ».

VIDÉO (en créole, sous titres en anglais) : regardez le film de Macdala Prevot, « Un refuge dans le jardin de mes parents », l'histoire d'une qui lutte pour garder sa famille rassemblée après la mort de ses parents.

Enfin, Macdala Prevot raconte la lutte d'une jeune adolescente pour maintenir sa famille rassemblée après la mort de ses parents.

Macdala a étudié à l'Institut du ciné et a travaillé sur plusieurs films comme directeur artistique, technicienne, directeur de la photographie et productrice. Elle est aussi chanteuse, et en 2010, elle s'est renduer aux États-Unis pour participer à l'enregistrement de "We are the World", une chanson dont les bénéfices iront aux victimes du tremblement de terre.

Ensemble, leurs films offrent une vision fugitive de la vie et des luttes des enfants d'Haïti.

« En donnant la parole à la jeunesse, déclare la représentante de l'UNICEF en Haïti, Françoise Gruloos-Ackermans, « nous ne sommes pas seulement capables d'écouter ce qu'ils ont à nous dire, mais aussi de les encourager dans leur créativité et ainsi de mieux comprendre leur réalité quotidienne ».