Violence des gangs et déplacements de population dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince : focus sur la santé mentale et les comportements suicidaires des personnes déplacées internes
Rapport d’évaluation de l’OIM, avril 2024.
Cecilie ALESSANDRI et Lou BENMENNI-LEPRINCE
En Haïti, l’instabilité politique et notamment l'intensification des affrontements entre gangs rivaux dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince a engendré d’importants mouvements de population internes. L’Organisation Internationale des Migrations (OIM) recense en 2024 plus de 580 000 personnes déplacées internes (PDI). Les déplacements de populations contraignent les PDI à s’installer sur des sites provisoires et précaires, où les conditions de vie difficiles représentent d’importants facteurs de risque pour leur santé globale et particulièrement pour leur santé mentale. Sur les sites, il y à la cohabitation forcée avec les communautés hôtes, le manque d’hygiène qui favorise la propagation de maladies, la précarisation des populations déplacées qui engendre des problématiques de malnutrition, de pauvreté, de chômage, l’impossibilité de s’installer durablement et de se projeter dans l’avenir, et la menace constante d’attaque de gangs qui maintient un climat de peur et d’anxiété constant. Tous ces éléments réunis sont des facteurs de stress représentent un risque majeur pour la santé mentale des PDI, des communautés hôtes et des intervenants de première ligne.
En 2024, l’OIM a mené auprès des populations déplacées internes, une évaluation des comportements suicidaires et des mesures de prévention du suicide existantes dans la ZMPAP. Ce rapport, publié en juin 2024, propose de comprendre l’incidence des déplacements de populations internes en Haïti sur la dégradation de la santé mentale et du bien-être psychosocial des populations déplacées.
L’évaluation s’est appuyée sur les informations recueillies auprès des témoignages des personnes affectées directement et indirectement par la contexte migratoire à Port-au-Prince qui ont été complétées par les données de référence disponibles.
Les résultats obtenus proposent un aperçu de la situation actuelle à Port-au-Prince par le prisme de la santé mentale et plus spécifiquement des comportements suicidaires.
Les conclusions de l’évaluation suggèrent des modalités d’interventions coordonnées de prévention du suicide articulées autour de trois axes spécifiques :
➔Le renforcement des capacités et compétences techniques des services de l’état dans les domaines de la santé mentale et de la prévention du suicide
➔Le renforcement du bien-être psychosocial des personnes déplacées internes de Port-au-Prince
➔ L’amélioration de la prise en charge spécialisée en santé mentale et du risque suicidaire