La Croix-Rouge française, déjà sur place, s'apprête à acheminer des renforts en hommes et matériels en Haïti. 14 équipiers se tiennent prêts à partir.
Un avion gros porteur affrété par la Croix-Rouge française décollera de la base aérienne de Vatry, dans la Marne, vendredi à 20 heures, pour Port-au-Prince. A son bord, du matériel pour assurer l'aide de première urgence. 14 volontaires dont 9 équipiers de réponse aux urgences (ERU) spécialisés en eau, logistique et santé, se tiennent prêts à partir également.
Une équipe de 14 volontaires devrait rejoindre Haïti samedi 16 ou dimanche 17 : 9 équipiers de réponse aux urgences (ERU), dont un médecin et un infirmier, et six délégués. Ils n'attendent plus que le feu vert suspendu aux plans de vols. Il faut en effet être assuré de pouvoir se poser à Port-au-Prince ou, à défaut, à Saint Domingue, selon la situation sur place. De nombreuses répliques se produisent encore aujourd'hui sur le sol haïtien. Par ailleurs, un climat d'insécurité très fort règne dans la capitale.
Ces volontaires vont venir renforcer l'équipe de la Croix-Rouge française basée à Port-au-Prince, soit une soixantaine de délégués (dont deux expatriés), pour l'aide de première urgence. Priorité est donnée à l'eau et à l'aide médicale, dans un premier temps. Selon le témoignage d'un de nos délégués sur place, les hôpitaux ont fermé leurs portes. Pris d'assaut, ils n'ont plus la capacité d'accueillir d'autres blessés. Des dizaines et des dizaines de blessés jonchent les rues de Port-au-Prince, parmi les cadavres. La mise en place d'hôpitaux de campagne et d'équipes de médecins mobiles va donc être vitale.
40 tonnes de matériel
Un avion gros porteur affrété par la Croix-Rouge française décollera de la base aérienne de Vatry, vendredi à 20 heures. A son bord, 160 mètres cubes de matériel, soit entre 30 et 35 tonne : des véhicules, un élévateur, matériel pour le traitement de l'eau (destiné à 15 000 personnes), 200 shelter box (cantines contenant des tentes, des kits de cuisine, de la nourriture, etc.) pour 2 000 personnes sinistrées, ainsi que 10 cantines offertes par l'association Tulipe, composées de matériel médical d'urgence pour assurer des soins et traitements à 10 000 personnes (enfants et adultes).
La Croix-Rouge française, basée à Port-au-Prince, s'emploie par ailleurs à faire rapatrier du matériel stocké à Saint-Marc, ville située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale : des kits hygiène et abris y sont entreposés, ainsi que du matériel permettant de monter un système de traitement d'eau pour 40 000 personnes.
Le rapatriement de ce matériel reste suspendu à l'état des routes, apparemment impraticables. Il faut à la fois trouver des transporteurs et des solutions pour entreposer ensuite ce matériel.
Plusieurs réunions de coordination ont eu lieu depuis 24 heures en Guadeloupe et Martinique, où la communauté haïtienne est très importante. Un avion pourrait être mis à disposition de la Croix-Rouge française pour acheminer le matériel (bâches en plastique, jerrycans, couvertures, tentes, dispensaires de campagne, kits hygiène...) stocké actuellement sur nos plateformes d'intervention régionale pour la zone Amériques - Caraïbes (PIRAC). Des délégués Watsan (eau et assainissement) se tiennent également à disposition pour renforcer l'équipe Croix-Rouge française.
A noter que la Croix-Rouge française va également mettre en place dès ce jour une cellule de soutien psychologique à Saint-Denis (93), aux côtés d'autres associations, destinée à la communauté haïtienne.
Interview du Professeur Mattei
Nous avons une équipe sur place depuis 13 ans sur des projets au long cours... Celle-ci est intervenue immédiatement en urgence : les locaux de la mission de la Croix-Rouge sont les seuls a être restés debout dans le quartier. Toute la nuit, les équipes ont tenté de soigner en improvisation absolue. C'est le chaos en ce moment à Port-au-Prince...Les secours sur place ont été aussi très touchés.
Quelle est l'urgence principale en Haïti ?
Nous devons essayer de retrouver les survivants coincés sous les décombres et pouvoir prendre en charge les blessés toujours très nombreux après un tremblement de terre.
Il faut penser bien sûr aux survivants qui ont besoin d'eau, de nourriture, de se mettre à l'abri et de pouvoir accéder à des consultations médicales.
C'est pourquoi, nous avons prévu cette phase en envoyant un avion dès vendredi 15 janvier, transportant du matériel, dont un hôpital de campagne qui sera tenu conjointement avec la Croix-Rouge suédoise et la Croix-Rouge finlandaise.
Nous allons aussi acheminer une station de potabilisation d'eau et une équipe spécialisée qui devra organiser l'abri des victimes.
Quel est le nombre de victimes ?
C'est un grave tremblement de terre. Il y a 2 millions d'habitants à Port-au-Prince et une grande partie de la ville est en ruines... Nous n'avons pas de chiffres précis mais l'urgence de l'action et l'importance du nombre de victimes est évidente. Nous avons besoin de l'aide de tous !
Nous allons intervenir dans l'urgence et dans la durée : nous n'allons pas abandonner ces gens au milieu des décombres : dans la durée il va falloir reconstruire et réinstaller les victimes. L'action humanitaire ne s'arrête pas à la seule urgence.
Quand il n'y a plus rien, il y a tout à faire.
Quelle est l'aide dont la Croix-Rouge a besoin ?
Nous avons besoin de fonds pour pouvoir agir... Nous n'avons pas besoin de dons en nature ni de volontaires supplémentaires : toutes les équipes envoyées sur place sont formées pour ce genre de mission.
Les fonds dédiés sur Haïti seront dépensés pour les Haïtiens, à la fois dans l'urgence et dans la durée... Je pense que nous aurons besoin de plusieurs années mais les donateurs peuvent nous faire confiance, nous allons travailler efficacement, sans nuire à l'organisation du pays. Nous en avons l'expérience.