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Haiti

Pour une plus grande participation des femmes dans les sphères décisionnelles

Début juillet, un atelier sur le leadership politique de la femme du continent américain a été organisé par le Groupe de Femmes parlementaires, membre du Groupe des Femmes parlementaires du Forum interplanétaire des Amériques FIPA, à Santo-Domingo, en République Dominicaine. Occasion pour les élues haïtiennes de partager leurs expériences, prémices d’une volonté d’être davantage impliquées dans les prises de décision au plus haut niveau de l’Etat.

La 49e législature du Parlement haïtien, lequel est constitué du Sénat et de la Chambre des députés, compte cinq femmes députées -Marie Jossie Etienne, Ogline Pierre, Guerda Benjamin Bellevue, Marie Denise Bernadeau et Ruffine Labbé - et une sénatrice, Edmonde Supplice Beauzile.

Toutes ont participé du 30 juin au 1er juillet à l’atelier du Groupe des Femmes parlementaires du Forum interplanétaire des Amériques (FIPA) dont le thème était : « Leadership politique des femmes : Plan d’action pour les Amériques ». Cet atelier, qui a réuni plus de 70 législatrices de 15 pays du continent américain, a eu pour objectif d’aider à accroître le rôle des femmes dans le processus démocratique de leurs pays respectifs et de les faire intégrer les plus hautes instances afin qu’elles soient davantage impliquées dans l’élaboration des politiques publiques nationales.

Parmi les thèmes abordés, le leadership et l’émancipation politique ; la migration ; les défis sur l’égalité de genre et la participation politique dans le système démocratique, et enfin, la situation des politiciennes dans les Caraïbes. Ce cinquième thème, consacré à « l’expérience haïtienne aux récentes élections : le cas des politiciennes », a été développé par les six femmes parlementaires haïtiennes. Pour elles, la rencontre a été une tribune pour échanger avec d’autres parlementaires, mais aussi lever le voile sur quelques unes de leurs préoccupations.

Aussi, à ses consœurs, la députée Ruffine Labbé a-t-elle rappelé le droit de vote et l’éligibilité obtenus pour tous en 1950 et mentionné des défis auxquels font face les femmes engagées dans la politique. Pour elle, au nombre des obstacles majeurs rencontrés figurent les « discriminations structurelles liées à la société patriarcale » et « la limitation de l’accès à l’éducation formelle et à la formation ».

Occasion pour elle de saluer les bienfaits du programme coaching de la MINUSTAH qui, a-t-elle fait valoir, l’a davantage outillée en lui donnant « le courage de retourner sur le terrain après une expérience soldée par un échec en 2006 », alors qu’elle se présentait à la députation. Députée de la 49e législature, elle dit devoir sa victoire à ce programme. Toujours grâce à l’appui de la Mission, Mme Labbé avait pu se rendre en République démocratique du Congo où elle a eu l’opportunité d’échanger avec les femmes parlementaires de ce pays.

La députée Bernadeau avait, elle, planché sur l’expérience des femmes haïtiennes dans les élections de 2010-2011, mettant en relief le contraste entre le poids démographique des femmes (52%) dans la population haïtienne et leur manque de représentativité dans les sphères décisionnelles. En novembre 2010, 53 femmes se sont portées candidates aux élections législatives, dont 45 à la députation et 8 au Sénat. Pour elle, « la participation des femmes haïtiennes au niveau de la vie nationale, notamment dans les affaires politiques, est essentielle pour renforcer la démocratie et l’Etat de droit».

Chiffres à l’appui, la députée Jossie Etienne a fait part de la sous-représentativité des femmes au Parlement où l’on trouve 5 députées sur 99 (soit 5,05%) et une sénatrice sur 30 sénateurs (soit 3,33%). A cela s’ajoute le constat qu’Haïti compte toujours le plus faible taux de participation de femmes politiques dans la région avec 6 femmes sur les 129 parlementaires du pays. Elle a rappelé que le débat sur l’adoption d’un quota minimal de 30% a été lancé lors de la 48e législature, et c’est en mai 2011 que la 49e législature, installée en avril, a approuvé la proposition d’amendement de l’article 17-1 de la Constitution de 1987 pour inclure le quota minimal dont elle espère l’application dès la 50e législature. L’adoption de ce quota minimal contribuera ainsi au développement d’Haïti avec l’augmentation de la participation des femmes au Parlement, ce qui leur permettra de soutenir les dossiers concernent leurs droits.

« Les femmes au pouvoir législatif en Haïti » a fait l’objet de la présentation de la députée Ogline Pierre qui estime que la présence des femmes au niveau des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire est remarquable. Et en ce qui concerne le pouvoir législatif, elles ont joué un rôle important, à la 48e législature, au vote de certains projets de loi comme ceux relatifs à la domesticité, la paternité responsable ou encore le salaire minimum.

Pour la députée Benjamin, qui intervenait sur la participation des femmes dans le processus de reconstruction d’Haïti, les femmes ont été très touchées par le séisme de janvier 2010 et devraient prendre part aux trois phases de la reconstruction qu’elles a décrites comme étant le processus de réflexion, la définition de la stratégie et la phase d’action.

Selon les statistiques du groupe de femmes parlementaires ayant participé à l’atelier, en Haïti, 44% des foyers sont dirigés par des femmes et 60% par des femmes vivant dans l’extrême pauvreté. Il est aussi établi que 83% des femmes actives travaillent dans l’économie informelle. Pour ces élues, l’émancipation économique, l’accès à l’éducation, à la santé et à la justice sont nécessaires pour permettre aux femmes de renverser la tendance afin de mieux vivre.

Du coaching pour renforcer les capacités

Dans le cadre de renforcement du leadership féminin, le Bureau des Questions de Genre de la MINUSTAH, conformément à son mandat, contribue à la promotion de l’égalité des chances et l’accès des femmes à tous les niveaux de prise de décisions ainsi que leur participation à la bonne gouvernance. Et ceci passe entre autres par le programme de coaching.

4 des 6 parlementaires haïtiennes en ont bénéficié, notamment en matière de leadership politique. Un programme initié à leur intention par le Bureau des Questions de Genre et le Centre parlementaire canadien. Les bénéficiaires ont été choisies en raison de l’impact qu’elles pourraient avoir par rapport aux lois et programmes et parce qu’elles sont des modèles.

Décliné en 3 phases, ce programme a débuté en 2005 avec l’identification des femmes leaders et des futures candidates. Au final, 2 participantes à cette phase ont pu être élues sénatrices.

La deuxième phase a eu lieu en 2006-2008 avec un programme de renforcement des capacités pour 33 femmes. Il a été mis en place pour des ex-candidates à des fonctions électives, des futures candidates, des femmes élues et des cadres de l’administration publique. Et 4 des élues à l’actuelle Chambre basse y ont participé

Dans le cadre de la troisième phase (avril 2009), le Centre parlementaire canadien et le Bureau des Questions de Genre de la MINUSTAH ont lancé conjointement un programme de formation et coaching pour un nouveau leadership des femmes haïtiennes en politique. Celui-ci porte sur la formation de 25 coachs, dont 7 hommes et 18 femmes de toutes les régions et de toutes tendances politiques. 11 des participantes se sont portées candidates à la députation.

Par ailleurs, la MINUSTAH et le PNUD ont fourni un soutien financier et technique au processus lancé en 2009 en vue de réviser la Constitution haïtienne de 1987 et faire des propositions pour la réforme, notamment inclure le quota d’au moins 30% des femmes « à des postes décisionnels à tous les niveaux ». Cela permettra de « promouvoir l’inclusion des perspectives genres dans tous les aspects de la vie quotidienne ».

A cela, il faut ajouter l’appui financier et technique de la MINUSTAH et du PNUD à la participation de femmes candidates aux deux tours des élections législatives de 2010, à travers tous les départements du pays. Cela s’est traduit, par exemple en mars 2011, par l’organisation d’un atelier de formation en contentieux électoral à l’attention des femmes candidates aux élections législatives.

Pour le Bureau des Questions Genre, il importe aussi d’accroître la visibilité des candidates. Et au nombre des actions y relatives, la confection de posters et l’octroi des kits de paiement de frais de transport. Toutes actions visant à optimiser les chances des femmes dans leurs aspirations et démarches vers une meilleure représentativité.