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Haiti

Les États ne doivent renvoyer personne en Haïti - William O'Neill, expert des Nations unies

La situation des droits de l’homme en Haïti est catastrophique à tous égards. En 30 ans de travail dans, et sur le pays, je n'ai jamais vu un tel niveau de violence persistante et de peur au sein de la population.

Il n'existe actuellement aucune possibilité de retour sûr, digne et durable pour les Haïtiens qui se trouvent à l'étranger. Au contraire, leur pays est bien plus dangereux aujourd’hui que celui qu'ils ont fui.

Les enlèvements, les meurtres, les violences sexuelles et autres violations et abus des droits de l’homme, ont atteint des niveaux dramatiques.

La violence a contraint au moins 1,3 million d'Haïtiens à fuir leur foyer ; la moitié d'entre eux sont des enfants. Le nombre de personnes déplacées a augmenté de 25 % depuis décembre dernier.

Plus de la moitié de la population souffre d'insécurité alimentaire aiguë et à peine la moitié des établissements de santé du pays sont ouverts. Seuls 13% d'entre eux sont pleinement opérationnels.

Selon le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, les enfants sont régulièrement recrutés pour rejoindre des gangs. Les violences sexuelles ont considérablement augmenté, le viol collectif étant utilisé comme moyen d'exploitation, d'humiliation et d'influence. Les services destinés aux survivants sont limités et l'impunité pour les crimes sexuels prévaut.

La violence des gangs s'est propagée au-delà de la capitale Port-au-Prince, jusqu'au nord du pays. Les principaux centres urbains et les axes routiers du Plateau central, une voie de communication essentielle pour atteindre le nord d'Haïti, sont également dominés par les gangs. La vallée de l'Artibonite, le grenier à blé du pays, est désormais largement sous le contrôle des gangs.

En bref, aucun endroit n'est sûr en Haïti à l'heure actuelle.

En vertu du droit international des droits de l'homme, le principe de non-refoulement implique l'obligation pour les États de ne pas renvoyer une personne de leur territoire, ou sous leur juridiction, vers un lieu où il existe des motifs sérieux de croire qu'elle risque d'être soumise à des persécutions, à la torture, à des mauvais traitements, à une disparition forcée, ou à tout autre préjudice irréparable.

Je réitère les appels lancés par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à tous les États pour qu’ils ne renvoient personne de force en Haïti, y compris les personnes dont la demande d'asile a été rejetée, ou pour lesquelles il a été établi qu'elles n'avaient pas besoin d'une protection internationale. J’appelle également les Etats à envisager des dispositions légales en matière de séjour, assorties de garanties appropriées.