L'année 2007-2008 marque la célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Attestant les droits indivisibles de chaque individu, elle est « l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ». Haïti fait partie des premiers pays signataires de la Déclaration en 1948. Cependant, à nos jours, tous les citoyens de ce pays ne bénéficient pas pleinement de la jouissance de leurs droits. 60 ans après, l'heure est à la réflexion, mais surtout à l'action.
Dans un quartier de la commune de Delmas, à Port-au-Prince, une scène presque anodine, ce Jeudi 6 décembre, aux environs de 7:00 du matin : une petite fille âgée de 9 ans, Nanone, tout sourire, fait de grands signes de la main à sa voisine Néissa, du même âge. Cette dernière, vêtue de son uniforme, se rendait dans une institution scolaire. Nanone regarde s'éloigner la voiture qui conduisait sa petite amie à l'école, puis retourne à son occupation du jour : la lessive.
Tout comme Nanone, des milliers d'enfants haïtiens ne jouissent pas du droit à l'éducation. Nombreux sont, en effet, ceux qui sont en domesticité ou, tout simplement, dans la rue, survivant au gré de la charité des passants.
Par ailleurs, si des progrès ont été réalisés au niveau de certaines libertés individuelles, comme la liberté d'expression ou d'association, des milliers d'Haïtiens, contrairement aux prescrits de la Constitution de 1987, voient leurs droits ignorés. Les groupes vulnérables de la société, tels que les handicapées et les femmes, sont parmi les plus touchés.
En effet, la majorité des 800.000 personnes, soit 10% de la population, vivant avec un handicap, est marginalisée et stigmatisée. Peu d'entre eux bénéficient d'un emploi et d'un salaire décent. Dans la fonction publique, par exemple, le ratio est de 4 personnes handicapées pour 10.000 employés. Le pourcentage d'enfants handicapés fréquentant un établissement scolaire est de 3%.
Les femmes, pour leur part, font face à de sérieuses résistances pour le respect de leurs droits. Elles sont l'objet de violences physique, sexuelle, psychologique et verbale. Par exemple, dans le département du centre, 68% des cas soumis à la justice concernent le viol ou autres formes de violence sur les femmes.
En outre, elles ne sont pas non plus exemptes de violence économique et psychologique. Dans la majorité des familles haïtiennes, la femme assure seule l'entretien de ses enfants (60% des familles sont monoparentales). Elles sont le plus souvent victimes d'abandon et, parfois, d'escroquerie de la part de leur partenaire et père de leurs enfants.