Des déplacés/es venant de plusieurs camps de Port-au-Prince se sont massés, le vendredi 22 février 2013, devant le ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) pour dénoncer l’escalade d’expulsions et toutes sortes de pressions réalisées à leur encontre dans les sites d’hébergement.
Une soixantaine de déplacés/es, accompagnés des représentants de FRAKKA (Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay) ont exprimé leur ras-le-bol devant le MAST. Ils/elles critiquent l’indifférence des autorités face aux actions criminelles de prétendus propriétaires des terrains sur lesquels ils/elles se sont réfugiés depuis le séisme. « Le gouvernement est complice, sinon il aurait pu réagir et interdire les expulsions », ont-ils/elles avancé.
Le samedi 16 février 2013, soit deux jours avant la tenue du 24e sommet de la CARICOM organisé en Haïti, des bandits armés ont mis le feu au Camp de déplacés ACRA 2, situé tout près de l’Hôtel Caribe Convention Center à Juvénat dans la municipalité de Pétion-Ville à quelques kilomètres de la capitale haïtienne. Les tentes ont été calcinées avec les effets des déplacées/es vivant dans ce camp qui comptait environ 936 familles déplacées.
Un mois de cela, le 15 janvier 2013, des policiers accompagnés de civils armés de machettes et de couteaux avaient investi le camp Gaston Margon de Mariani, zone sud d’Haïti. Ils avaient détruit plus de 150 tentes des résidents/es du site, sous les regards complices d’un juge de paix.
Les expulsions ne cessent d’augmenter pour cette année, qui marque le 3e anniversaire du séisme. Pourtant, les instances concernées par la relocalisation ne se sont toujours pas prononcées sur le cas des familles déplacées hébergées sur les terrains privés.
« Ces incendies et expulsions sont une forme de représailles contre les déplacés/es pour les forcer à quitter les camps. C’est une stratégie bien calculée », a déploré Sanon Reyneld, secrétaire exécutif de FRAKKA qui demande à la Justice de punir les auteurs de ces actes malhonnêtes.
Par ailleurs, M Reyneld a critiqué le programme 16/6 qui est, selon lui, un échec « pour le gouvernement et ses acolytes qui l’ont financé ». Il a poursuivi en ces termes « Nous pouvons le constater: la réalité des camps n a pas changé, il reste encore environ 400 000 personnes vivant dans la crasse dans les abris de fortune. Qu’en est-il de ceux qui sont soit disant bénéficiaires du programme 16/6 ? ils/elles sont allés/es grossir les bidonvilles », a fait remarquer le militant des droits humains.
Le représentant de FRAKKA, organisation membre du Collectif Du Droit au Logement, recommande, entre autres, au gouvernement Mathelly- Lamothe de stopper toutes les formes d’expulsions à l’encontre des déplacés/es, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’application de l’article 22 de la constitution de 1987 et de sanctionner les policiers impliqués dans les actes de répression ciblant la population vivant sous les tentes.
Sous un soleil ardent, les protestataires reprenaient en chœur leurs revendications devant les locaux du Ministère des Affaires Sociales, à l’avenue Charles Summer. « Nou vle bon kay, aba 20 mil goud, Minis Charles Jean Jacques pran responsablite w / Nous voulons un logement décent, non à la subvention de 20 mille gourdes, ministre Charles Jean-Jacques, assumez vos responsabilités.»