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Haiti

Les agences humanitaires appellent à l'action face à l'aggravation de la faim en Haïti

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Port-au-Prince, 30 septembre 2024 - Haïti est aux prises avec l'une des pires crises de la faim au monde, avec près de la moitié de la population, soit plus de 5 millions de personnes, confrontées à une insécurité alimentaire aiguë ou pire.

En réponse à cette situation, un collectif d'agences humanitaires et de développement de premier plan, dont Action contre la faim, ActionAid, CARE, Mercy Corps, Concern Worldwide, World Vision et Save the Children, ainsi que la plateforme d'ONG CLIO, appellent de toute urgence la communauté internationale à augmenter les financements, à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave pour l'acheminement de l'aide et, enfin, à trouver des voies durables vers la paix. Sans action immédiate, la crise de la faim en Haïti continuera de s'aggraver, avec des conséquences dévastatrices pour des millions de personnes vulnérables.

Selon la dernière analyse de l'IPC, 5,4 millions d'Haïtiens souffrent d'une insécurité alimentaire aiguë, dont 2 millions - environ 18% de la population - souffrent d'une faim sévère. Dans ce groupe, 6 000 personnes sont confrontées à des niveaux catastrophiques d'insécurité alimentaire.

En raison de la violence et de la crise sécuritaire, les habitants d'Haïti n'ont pas accès à la nourriture et n'ont pas les moyens de s'en procurer.

Dans les années 1980, la production alimentaire d'Haïti était autosuffisante. En 2014, seulement 2 % de la population haïtienne était en situation d'insécurité alimentaire ; aujourd'hui, ce chiffre a grimpé à près de 50 % de la population, ce qui en fait l'une des dix crises les plus graves au monde. L'année dernière, la situation s'est encore détériorée, avec 1,2 million de personnes supplémentaires plongées dans l'insécurité alimentaire.

Angeline Annesteus, présidente de CLIO, explique : « Ce dont nous sommes témoins en Haïti n'est pas une pénurie alimentaire, c'est une crise de la faim. Si les marchés disposent encore de nourriture, la violence et l'inflation ont rendu les prix inabordables pour des millions de personnes. Les familles sont prises dans un cycle de désespoir, et une action urgente est nécessaire pour le briser ». Jusqu'à 90 % de la capitale, Port-au-Prince, est contrôlée par des bandes armées et les prix des paniers alimentaires ont grimpé en flèche. Les gens ont du mal à accéder à des aliments nutritifs et à se les procurer.

Les routes étant coupées par les gangs, de nombreuses organisations humanitaires ont du mal à acheminer l'aide. "Les approvisionnements en provenance du sud d'Haïti, une région clé pour la distribution de nourriture, sont bloqués depuis des mois. Le coût de la nourriture est monté en flèche car les camions sont obligés de payer des pots-de-vin élevés pour passer. Il est difficile pour les agriculteurs locaux d'acheter et de vendre des produits agricoles sur les principaux marchés, en raison de la fermeture des routes entre Port-au Prince et les provinces », partage un travailleur humanitaire.

La violence est à l'origine d'une crise du déplacement et contraint les gens à prendre des mesures désespérées pour survivre

Le cycle sans fin de la violence a également entraîné le déplacement interne de près de 580 000 personnes depuis l'escalade de la violence des gangs qui a commencé en mars 2024, soit plus du double du chiffre de 2022. « J'ai quitté ma maison à Pétion-Ville parce que les gangs contrôlaient les rues, se battaient, brûlaient les maisons et les commerces. Nous ne pouvions pas sortir. Nous ne pouvions pas aller aux marchés. Nous n'avions pas assez de nourriture. Nous avons été obligés de quitter le quartier où nous vivions », raconte Alexandra, qui s'est réfugiée dans la banlieue de Port-au-Prince.

Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables dans cette crise. Dans les camps de déplacés, des jeunes filles de 15 ans sont contraintes d'échanger des faveurs sexuelles contre de la nourriture. Marie, militante pour les droits des femmes, explique que les écoles ne fonctionnent pas dans plusieurs quartiers et que les enfants ne peuvent donc pas recevoir d'éducation pour le moment.

Les organisations humanitaires lancent un appel urgent à l'aide

Malgré les dangers posés par la violence liée aux gangs, en particulier à Port-au-Prince, les organisations humanitaires locales et internationales présentes sur le terrain parviennent à apporter à des milliers de personnes l'aide dont elles ont un besoin urgent. Guerda Previlion, une responsable locale de l'organisation de jeunesse IDEJEN, souligne l'importance de travailler en étroite collaboration avec les communautés : « Nous établissons des relations solides avec les habitants des camps pour nous assurer que notre travail est couronné de succès et que notre personnel peut travailler en toute sécurité - ils sont notre caisse de résonance et notre système d'alarme ».

Mais cela ne suffit pas. À ce jour, la réponse humanitaire en Haïti est gravement sousfinancée, avec moins de 36 % du financement nécessaire. Cette pénurie de ressources entrave la capacité des agences d'aide à réagir à grande échelle, laissant des millions d'Haïtiens dans un besoin urgent d'assistance. Mais il n'est pas trop tard pour inverser cette situation et faire en sorte que des ressources suffisantes parviennent à ceux qui en ont besoin.

Nous, les organisations soussignées, demandons instamment à la communauté internationale de répondre à la crise de la faim en Haïti en

1. Augmenter le soutien financier aux opérations humanitaires, y compris aux acteurs locaux et aux organisations dirigées par des femmes qui répondent aux crises alimentaires et de protection.

2. Soutenir les efforts des humanitaires pour garantir un accès rapide, sûr et sans entrave à toutes les zones dans le besoin à travers Haïti.

3. Renforcer l'engagement diplomatique avec les Haïtiens, y compris la société civile haïtienne, pour trouver des voies durables vers la paix.

FIN

Signataires:

Action Against Hunger Insecurity Insight World Vision Alianza por la Solidaridad/ActionAid CARE Concern Worldwide GOAL Save the Children SOS Children Villages Haïti CLIO - Cadre de Liaison Inter-Organisations DKH - Diakonie Katastrophenhilfe Mercy Corps