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Le GARR déplore la situation de droits humains à la frontière haïtiano-dominicaine Spécial

Le 10 décembre 2017 marque le 69ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1948. Pour honorer cette adoption, la résolution 423 (V) du 4 décembre 1950 a consacré cette date, Journée internationale des droits de l’homme, célébrée depuis lors chaque année partout dans le monde. Cette commémoration en Haïti est avant tout l’occasion d’évaluer la situation des droits de l’homme dans le pays et d’analyser les obstacles majeurs au respect des droits fondamentaux de la personne.

69 ans après la proclamation de la DUDH, Haïti peine encore à garantir à ses nombreux fils et filles la jouissance de leurs droits fondamentaux. Partout dans le pays, les violations des droits de la personne sont criantes. Notre Etat semble faillir à sa triple mission de respecter, de protéger et de garantir les droits de ses ressortissantes et ressortissants. C’est d’ailleurs l’un des facteurs qui les poussent à vouloir quitter, à tout prix, le pays pour émigrer à l’étranger dans des conditions souvent périlleuses.

La situation des droits humains est grave dans tout le pays. Considérons deux communes frontalières du département de l’Ouest : Cornillon/Grand-Bois et Ganthier. La commune de Cornillon ne dispose d’aucune adduction d’eau potable. Il y a deux centres de santé publique mais ils sont maintenant dysfonctionnels. Quant à sa 5ème section Génipailler, elle ne dispose d’aucune école publique. Les infrastructures routières sont pratiquement inexistantes à l’intérieur de la commune. La route principale qui y conduit se trouve en de très piteux états. C’est toujours à grands risques qu’on s’aventure dans un voyage à Cornillon /Grand-Bois

Tout près de Port-au-Prince, dans la commune de Ganthier où se trouve le point frontalier Malpasse/Jimani, il y a deux sections : Mare Roseaux et Pays pourri qui sont oubliées par les autorités centrales. Elles ne disposent d’aucune infrastructure de base. Elles sont très éloignées du centre communal de Ganthier et aucune route carrossable n’y conduit. Même les motocyclettes ne peuvent y accéder. Ces sections ne sont accessibles qu’à pieds ou à dos de bêtes quand il ne pleut pas. Il n’y existe pas non plus de services de santé qui fonctionnent.

La situation n’est pas meilleure dans de nombreuses autres communes frontalières comme Anse-à-Pitres, Savanette, Thomassique, Baptiste, etc. Les violations de droits humains observées au niveau de ces zones frontalières affectent davantage certains groupes comme les femmes, les enfants, les personnes rapatriées, des usagères et usagers de la frontière aux conditions socioéconomiques difficiles. Ces catégories sont continuellement exposées aux abus de toutes sortes tant sur le territoire national que du côté de l’État voisin.

Dans ces conditions, les populations frontalières souffrent de manière systématique et chronique les violations de leurs droits fondamentaux. En plus des inégalités sociales de toutes sortes, l’inaccessibilité à des services sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’eau potable, le logement décent fait partie de leur quotidien.

Certaines sections des communes frontalières ne bénéficient d’aucune présence des autorités étatiques. Et même dans le centre des communes frontalières, la Police Nationale d’Haïti fonctionne avec un effectif très réduit et clame souvent son manque de moyens quand son intervention est requise. Cette situation pousse les membres de la population frontalière à recourir parfois à leurs propres pratiques pour trouver justice. Ce qui fait que la frontière devient le théâtre d’actes de représailles et de banditisme.

A l’occasion de la commémoration du 69ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le GARR renouvelle son engagement en faveur de la promotion et la défense des droits de la personne consignés dans la DUDH et dans d’autres instruments des droits humains. Il appelle le gouvernement haïtien en tant qu’obligataire des droits de l’homme à travailler pour s’acquitter de sa mission envers la population haïtienne en général, plus particulièrement envers les communautés des zones frontalières.

Il recommande aussi aux autorités haïtiennes d’établir des mécanismes adéquats de gestion des zones frontalières en vue d’y prévenir les divers types de conflits qui se transforment généralement en violence.

Il les exhorte enfin à faire un effort pour doter les zones frontalières d’infrastructures de base nécessaires et y implémenter des programmes socio-économiques. Ce qui permettra d’améliorer les conditions de vie de ces populations trop longtemps délaissées.